Sommaire
ILes caractéristiques d'une pièce de théâtreALes spécificités du théâtre : une œuvre en représentation1Une double énonciation2Le dialogue3Le monologue4Les didascalies5Autre temps, autre lieu6Du texte à la scèneBLa structure d'une pièce1Un récit organisé2La scène d'exposition3Le nœud et les péripéties4Le dénouementIIL'histoire et les genres du théâtreAL'histoire littéraire du théâtre1Le théâtre antique2Le théâtre classique3La révolution romantique4Le théâtre du XXe siècleBLes grands genres propres au théâtre1La comédie et la farce2La tragédie et le drameIIIDes registres variésALe registre tragiqueBLe registre comiqueCLe registre pathétiqueLes caractéristiques d'une pièce de théâtre
Les spécificités du théâtre : une œuvre en représentation
Une double énonciation
Le dialogue
Dialogue
Le dialogue est l'échange verbal entre au moins deux personnages. À travers celui-ci, le spectateur doit comprendre le déroulement de la pièce.
Le Mariage de Figaro de Beaumarchais débute sur un dialogue entre Figaro et sa fiancée Suzanne. Celle-ci apprend à Figaro (et en même temps au spectateur) que le Comte Almaviva la désire et n'autorisera leur mariage que s'il obtient un moment intime avec elle.
Le dialogue alterne donc les répliques.
Réplique
Une réplique est une suite de phrases dites par un personnage.
La première phrase dite par Figaro dans Le Mariage de Figaro de Beaumarchais est une réplique.
Certaines répliques se distinguent des autres :
- La tirade est une suite longue. Le discours est monopolisé un temps par un personnage. Les autres personnages présents sur scène sont à l'écoute. Elle est l'occasion pour son locuteur de développer une idée, un sentiment.
- Le récit théâtral est une tirade prononcée par un messager qui expose aux autres des événements de la pièce.
- La répartie est une réplique très courte.
- La stichomythie est une série de répliques très courtes.
Le monologue
Le monologue est une réplique pour laquelle le personnage est seul sur scène. Ce procédé symbolique et artificiel permet au personnage d'exprimer ses pensées, ses sentiments.
Le monologue devient alors l'équivalent de certains développements du narrateur dans d'autres formes de récit. Il est donc aussi adressé indirectement au spectateur.
Il existe des formes de monologue qui se distinguent des autres :
- Le soliloque, lorsque le personnage divague seul.
- Les stances, qui se donnent à entendre comme des poèmes que le personnage déclame.
- L'aparté, qui intervient dans un dialogue : le personnage expose ses pensées à voix haute. Exceptionnellement, le personnage n'est pas seul sur scène, mais le jeu du comédien le sépare symboliquement des autres personnages.
- L'adresse au public, grâce à laquelle le personnage se tourne explicitement vers le public.
Les didascalies
Les didascalies sont tous les éléments du texte de théâtre qui ne sont pas proférés par les personnages. On compte notamment :
- Les indications de la gestuelle des comédiens
- Des précisions spatio-temporelles
- Des indications sur les éléments du décor, les costumes, l'éclairage
- Des indications sonores, etc.
Ces éléments sont généralement écrits en italique ou entre parenthèses dans le texte et sont pris en compte par le metteur en scène lors de la représentation.
Autre temps, autre lieu
L'existence de deux énonciations implique également l'existence de deux cadres spatio-temporels :
- Celui du spectateur : son époque, son lieu de vie, le théâtre dans lequel il se trouve, le temps que dure la représentation, etc.
- Celui des personnages : leur époque, le lieu où se déroule chacune des scènes, le moment du déroulement de celles-ci. Il s'agit du temps et de l'espace dramatique.
Ainsi, la représentation peut proposer une notion de temps et de l'espace plutôt symbolique.
Dans Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand, il se déroule une ellipse de quatorze ans entre l'acte IV et l'acte V. Par ailleurs, l'acte IV a lieu sur le champ de bataille tandis que l'acte V a lieu dans un couvent.
Du texte à la scène
Le texte de théâtre est écrit pour être joué devant un public.
[Le théâtre] ne peut pas exister sans la relation acteur/spectateur, sans la communion de perception directe "vivante".
Jerzy Grotowski
Vers un théâtre pauvre, trad. Claude B. Levenson, Paris, éd. L'Âge d'homme (1933), 1971
1971
Cette citation souligne que le théâtre ne devient théâtre que lorsqu'il y a en présence un comédien et un spectateur.
Le théâtre est surtout une performance vivante, réalisée devant le spectateur. Le texte en est une partition, que le metteur en scène interprète et fait jouer à ses comédiens et techniciens.
Le théâtre met donc en mouvement différents intervenants :
- Le dramaturge, qui compose le texte de théâtre.
- Le metteur en scène (qui a remplacé le directeur de troupe), qui répartit les rôles, propose des solutions de représentation (décor visuel et parfois sonore, machinerie, placement, gestuelle et intonations des comédiens, choix des costumes, des accessoires, etc.).
- Le comédien, qui joue le rôle d'un personnage présent dans le texte.
- Les techniciens, qui réalisent tout ce qui n'est pas dit ou joué par les personnages (costumier, éclairagiste, machiniste, accessoiriste, musiciens, etc.).
- Le spectateur, qui assiste à la représentation et donne un sens à l'action qui se joue.
L'histoire du théâtre a proposé différentes pratiques de la représentation. De nos jours, l'usage le plus répandu veut que la pièce soit représentée dans une salle de spectacles. Celle-ci présente différents lieux :
- La scène, sur laquelle les comédiens jouent la pièce. Il est d'usage d'entrer sur celle-ci soit par le côté jardin (à gauche quand on est dans le public) soit par le côté cour (à droite). Ces dénominations proviennent de la salle du Palais Royal à Paris, où se jouaient les pièces destinées au roi et à la cour dès la fin du XVIIe siècle.
- Les coulisses, traditionnellement derrière la scène (parfois en dessous), où les comédiens hors-jeu attendent, se préparent, tandis que les techniciens s'affairent.
- La salle, où le public assiste à la représentation.
Certaines salles, outre les coulisses, comportent des cintres. Il s'agit de mécanismes disposés au-dessus de la scène, qui permettent d'abaisser et de relever le rideau et certains éléments de décor. Ils sont actionnés par la machinerie, un jeu de poulies, de câbles et d'engrenages, aujourd'hui très souvent mécanisés de manière automatique. Auparavant, les machinistes les actionnaient à l'aide de manivelles.
Enfin, il est à noter que beaucoup de pièces de théâtre sont jouées avant d'être publiées. Le texte est définitivement fixé par le dramaturge après plusieurs représentations.
La structure d'une pièce
Un récit organisé
Le texte de théâtre est un texte habituellement long. Afin de faciliter la compréhension du lecteur et du spectateur, celui-ci est souvent découpé en plusieurs parties et parfois en différentes sous-parties. Traditionnellement, les pièces sont divisées en actes et scènes. Ces divisions n'existaient pas lors de la création des spectacles.
L'acte, purement pratique lors de sa création, dure traditionnellement le temps de l'utilisation d'une bougie. En effet, les scènes de théâtre étaient autrefois éclairées par de nombreux jeux de bougies qu'il fallait changer environ tous les trois quarts d'heure. Le changement des bougies nécessitait l'évacuation de la scène et parfois de la salle. Beaucoup de salles ont gardé cette pratique de l'entracte, même si aujourd'hui on joue avec des lumières artificielles.
La scène est une unité d'action. Elle change à l'entrée ou à la sortie de scène d'un ou plusieurs personnages. Certains dramaturges ne proposent pas ce découpage. Ils intitulent les différentes parties de la pièce des tableaux.
Tableau
Un tableau est un ensemble d'actions dans un même lieu et une même époque.
Mère Courage et ses enfants de Bertolt Brecht est une pièce divisée en tableaux.
La scène d'exposition
Une pièce de théâtre, comme tous les récits, débute par la mise en place de l'action. On appelle alors cette première scène (avec parfois les scènes qui lui succèdent) la scène d'exposition.
Scène d'exposition
La scène d'exposition est la scène qui présente au spectateur le lieu, l'époque et l'intrigue de la pièce. Cela ne lui est pas explicitement précisé, mais le spectateur le devine grâce aux costumes, aux décors, et surtout à l'interaction des personnages.
Dans Dom Juan, pièce de Molière de 1665, Sganarelle fait un portrait de Dom Juan, son maître, à Gusman. Ainsi, il présente le personnage principal.
SGANARELLE.
Je n'ai pas grand peine à le comprendre, moi ; et si tu connoissois le pèlerin, tu trouverois la chose assez facile pour lui. Je ne dis pas qu'il ait changé de sentiment pour Done Elvire.
Molière
Dom Juan ou le Festin de Pierre, Paris, texte établi par Charles Louandre dans Oeuvres complètes, tome II, éd. Charpentier (1910)
Création : 1665
Cette citation montre l'intérêt de la scène d'exposition de la pièce : le portrait que fait Sganarelle de son maître se verra vérifié dans la suite de la pièce.
Le nœud et les péripéties
Nœud
Le nœud est un terme qui se réfère à l'arrivée des péripéties dans la pièce.
Dans Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand, le nœud de la pièce est annoncé acte II scène 6 lorsque Cyrano, sur le point d'avouer à Roxane l'amour qu'il lui porte, apprend que cette dernière est amoureuse d'un jeune homme prénommé Christian.
Péripéties
Les péripéties constituent le corps de la pièce : il s'agit d'un enchaînement d'événements qui troublent le déroulement de la pièce.
Lorsque les péripéties se multiplient, on les désigne par le terme de rebondissements.
Dans Phèdre, pièce de Racine de 1667, le nœud est l'amour incestueux de Phèdre pour Hippolyte. La péripétie principale est le retour de Thésée, époux de Phèdre. Le rebondissement est la mort d'Hippolyte.
Le dénouement
Traditionnellement, la pièce s'achève sur un retour à une situation stable. Les péripéties sont interrompues par la solution apportée par un ou plusieurs personnages : c'est le dénouement.
Dans L'École des femmes de Molière, Enrique reconnaît sa fille Agnès et empêche ainsi définitivement le mariage de celle-ci avec Arnolphe. Agnès épousera Horace, son amant.
L'histoire et les genres du théâtre
L'histoire littéraire du théâtre
Le théâtre antique
Les premières formes de théâtre sont essentiellement des tragédies. Cette forme de théâtre est la représentation symbolique d'un sacrifice.
Dans la Grèce antique, les célébrations religieuses étaient l'occasion pour les dramaturges de s'affronter en proposant différentes représentations d'un mythe ou d'un sujet donné. La compétition consistait souvent à présenter quatre pièces (trois tragédies et un drame satyrique).
Eschyle propose L'Orestie en 458 avant Jésus-Christ.
Les tragédies étaient l'occasion de débattre sur des sujets politiques.
Antigone de Sophocle pose la question de la primauté des lois des hommes sur les lois divines.
Les célébrations en l'honneur de Dionysos étaient aussi l'occasion de représentations, souvent liées à la débauche. Ce sont les premières représentations comiques. Mais les auteurs de ces comédies avaient aussi pour volonté de lancer un débat.
Dans Lysistrata d'Aristophane, les femmes font du chantage aux hommes pour obtenir la fin de la guerre. Elles pratiquent l'abstinence et affirment qu'elles n'accepteront de partager le lit des hommes que si le conflit cesse. Derrière un propos comique se cache une prise de conscience des dégâts humains qu'impliquent les conflits, et une réflexion sur la position des femmes dans la société.
C'est également à cette époque que remontent les premières théories sur le théâtre.
[Le théâtre est] l'imitation d'une action sérieuse et complète, elle a une juste grandeur, son langage est agréable [...]. Les événements y sont joués par des personnages et non racontés dans un récit ; enfin, elle provoque la pitié et la crainte, par-là, elle effectue une véritable purgation de ces deux sortes de sentiments.
Aristote
Poétique, (Perì poiêtikês), trad. Odette Bellevenue et Séverine Auffret, Paris, éd. Mille et une nuits (2006)
384 av. J.-C. - 322 av. J.-C.
Cette citation désigne la première définition du théâtre apparue dans l'histoire de la littérature occidentale.
À Rome, les dramaturges reprennent les sujets grecs puis proposent des pièces plus actuelles. Le théâtre, tout comme en Grèce, est source de débats.
Dans Médée, Sénèque raconte le destin tragique d'une mère qui assassine ses enfants pour se venger de son époux infidèle.
Cependant, le théâtre latin peut aussi se faire comique et ne chercher qu'à divertir le spectateur.
La Marmite de Plaute raconte l'histoire d'un avare qui a peur de se faire voler sa marmite remplie d'or, enterrée dans sa maison. Cette pièce inspirera Molière pour son écriture de L'Avare.
Le théâtre classique
Après un Moyen Âge confus, le théâtre reprend une dimension littéraire à la fin du XVIe siècle. Plusieurs dramaturges composent des textes dramatiques dont les récits sont complexes. Ils traitent de sujets qui parlent à leurs contemporains.
Dans L'Illusion comique, jouée en 1634, Pierre Corneille représente une illusion, celle de la représentation théâtrale. Une troupe de comédiens joue une pièce devant le père de l'un d'entre eux, sans que le père ne comprenne qu'il ne s'agit pas de la réalité. En effet, l'un des comédiens s'est fait passer pour un magicien aux pouvoirs capables de montrer ce qu'il advient en d'autres temps et d'autres lieux. Cette pièce met donc en scène la notion complexe de théâtre dans le théâtre.
À l'époque classique, des règles à respecter au théâtre sont introduites. Le théâtre baroque laisse alors la place au théâtre classique, régi par les règles énoncées par l'abbé d'Aubignac :
- Règles des trois unités (temps, lieu, action)
- Règles de bienséance (il ne faut pas choquer la morale)
- Règles de vraisemblance (l'histoire doit être crédible pour le public)
La tragédie puis la comédie classique s'efforcent à respecter ces règles jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. Ces règles classiques ont été voulues par le cardinal Richelieu, qui fonde l'Académie française.
La révolution romantique
Au XIXe siècle, de jeunes auteurs remettent en question les usages classiques. Ce sont les romantiques. Sous l'influence d'abord de Victor Hugo, puis d'Alfred de Musset, toutes les règles sont détournées.
Dans Lorenzaccio d'Alfred de Musset, toutes les scènes n'ont pas lieu au même endroit. On passe des rues de Florence à la cour du Duc en quelques secondes. De même, Lorenzo tue le Duc sur scène, violant ainsi la règle de la bienséance.
La fin du siècle connaît également la multiplication des troupes privées. Le théâtre se répand un peu partout en France et en particulier dans la capitale. On ouvre de grands théâtres privés sur les boulevards parisiens. Ceux-ci proposent des pièces comiques aux mœurs légères : c'est le théâtre de boulevard.
Dans La Dame de chez Maxim de Georges Feydeau, le docteur Petypon est contraint de faire passer une jeune danseuse du Moulin Rouge, la Môme Crevette, pour sa femme. Petypon se voit obligé de l'emmener dans le grand monde, où la Môme Crevette dénote par son parler et par ses gestes.
Le théâtre du XXe siècle
À la fin du XIXe siècle, le drame romantique s'essouffle. Un dernier coup d'éclat est réalisé par Edmond Rostand en 1898 qui présente son Cyrano de Bergerac.
De même, la comédie de boulevard se fait redondante. Le public s'ennuie.
Toutefois, les dramaturges s'interrogent déjà sur la définition du théâtre, sur tous ses usages. C'est le théâtre d'avant-garde. Toutes les pistes sont explorées :
- La définition du personnage et ses rôles
- La cohérence narrative : le théâtre raconte-t-il ?
- Le rapport au réel : imiter ou s'en détacher ?
- Le rapport au spectateur : doit-on continuer à entretenir l'illusion théâtrale ?
La Seconde Guerre mondiale crée ensuite une nouvelle rupture. Face au monde qui a changé, le théâtre se renouvelle encore. Certains dramaturges s'engagent politiquement dans leurs œuvres, tandis que d'autres s'éloignent encore un peu plus de notre réalité.
Dans ce contexte apparaît notamment le théâtre de l'absurde.
Théâtre de l'absurde
Le théâtre de l'absurde est un courant qui émerge au milieu du XXe siècle. Il se caractérise par le refus de la plupart des règles théâtrales et une réflexion sur le monde contemporain aboutissant à une perte totale des repères.
Rhinocéros d'Eugène Ionesco, créée en 1959, met en scène une communauté effrayée par une maladie imaginaire, la rhinocérite, qui transforme les êtres humains en rhinocéros. C'est une pièce du théâtre de l'absurde.
Les grands genres propres au théâtre
La comédie et la farce
Comédie
La comédie est un genre théâtral qui vise à amuser le spectateur, notamment en se moquant des mœurs de son temps. Elle existe depuis l'Antiquité.
Les Femmes savantes est une comédie de Molière. Elle tourne en dérision les femmes des salons du XVIIe siècle.
Farce
La farce est une courte pièce comique, dont les thématiques sont matérialistes et souvent grossières. Le registre comique se manifeste dans l'emploi de mots en langage populaire (comme les patois utilisés par les paysans), des jeux de mots en rapport avec la scatologie ou la sexualité, des rebondissements, des bagarres, etc.
La Farce de Maître Pathelin, composée au Moyen Âge vers 1460, met en scène les aventures d'un avocat qui tente de voler du tissu. La farce est marquée par un lexique en langue provinciale, visant à amuser le spectateur.
La farce est à l'origine de la comédie telle qu'on la connaît : sa naissance remonte au temps des Romains. Elle s'est ensuite développée pendant le Moyen Âge pour finalement donner naissance à la commedia dell'arte.
La tragédie et le drame
Tragédie
La tragédie est un genre théâtral typique du XVIIe siècle, qui met en scène la confrontation de personnages de noble condition avec les forces divines. Elle vise à émouvoir le spectateur, et à lui faire éprouver de la terreur et de la pitié.
Phèdre, pièce de Racine de 1677, est une tragédie. L'héroïne est tiraillée entre l'amour qu'elle porte à son beau-fils Hippolyte et l'amour qu'elle doit à Thésée. La pièce finit avec le suicide de Phèdre.
Drame bourgeois
Le drame bourgeois est un genre théâtral typique du XVIIIe siècle. Les personnages sont de condition bourgeoise, les rebondissements y sont nombreux et rocambolesques.
La Mère coupable (1792) est un drame bourgeois de Beaumarchais.
Drame romantique
Le drame romantique est caractéristique du XIXe siècle. Il se définit par une opposition à tous les usages de la tragédie classique : il ne respecte ni les règles de bienséance ni celles de la vraisemblance.
Hernani, pièce de Victor Hugo de 1830, est considérée comme le premier drame romantique. La pièce se déroule dans plusieurs endroits d'Espagne et sur plusieurs semaines.
Des registres variés
Le registre tragique
Registre tragique
Le registre tragique se manifeste par l'expression du désespoir d'un personnage enfermé dans un destin qu'il ne peut éviter.
Les stances du Cid de Corneille sont écrites dans un registre tragique.
DON RODRIGUE.
Que je sens de rudes combats !
Contre mon propre honneur mon amour s'intéresse :
Il faut venger un père, et perdre une maîtresse ;
L'un m'anime le cœur, l'autre retient mon bras.
Pierre Corneille
Le Cid, Paris, éd. F. Targa
1637
Rodrigue est enfermé dans une situation impossible à régler sans dommages : soit il perd la femme qu'il aime parce qu'il tue son père, soit il la perd parce qu'il a refusé un duel et donc il n'est plus digne d'être aimé d'elle.
Le registre comique
Registre comique
Le registre comique se manifeste par un décalage qui suscite le rire chez le destinataire.
Dans Le Mariage de Figaro, la scène de la reconnaissance des parents de Figaro est comique.
FIGARO (exalté).
[…] Bon docteur, si vous me rendez à ma noble famille, mettez un prix à ce service ; des monceaux d'or n'arrêteront pas mes illustres parents.
BARTHOLO (montrant Marceline).
Voilà ta mère. […]
LE COMTE.
Sa mère !
FIGARO.
Expliquez-vous.
MARCELINE (montrant Bartholo).
Voilà ton père.
FIGARO (désolé).
Oooh ! aïe de moi !
Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais
La Folle Journée, ou le Mariage de Figaro, Acte III, scène 16, dans Œuvres complètes, éd. Laplace (1876)
Création : 1784
Dans cette scène, il existe un décalage entre la situation telle qu'elle existe jusque-là : Figaro se bat pour ne pas épouser Marceline, qui est aidée dans son projet par le vieux Bartholo, qui lui aussi déteste Figaro. Mais un coup de théâtre surprend Figaro (et le spectateur). Celui-ci découvre alors que celle qui veut l’épouser n'est autre que sa mère et que l'homme qu'il déteste le plus au monde n'est autre que son père.
Le registre pathétique
Registre pathétique
Le registre pathétique consiste à susciter la pitié chez le spectateur vis-à-vis d'un ou de plusieurs personnages.
Dans Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand, le spectateur en vient à plaindre le personnage éponyme, qui n'ose pas déclarer son amour à la femme qu'il aime, à cause de son énorme nez.
CYRANO.
Mon ami, j'ai de mauvaises heures !
De me sentir si laid, parfois, tout seul...
LE BRET (vivement, lui prenant la main).
Tu pleures ?
Edmond Rostand
Cyrano de Bergerac, Paris, éd. Fasquelle (1926)
Création : 1897
Dans cette scène, Cyrano, d'ordinaire vaillant et optimiste, se confie à son ami Le Bret et avoue l'une de ses blessures. Le spectateur découvre alors que cet homme souffre de sa difformité.