Le texte suivant est extrait de la pièce Le Valet de deux maîtres de Goldoni.
TRUFFALDIN :
Je n'en peux plus, j'en au par-dessus la tête d'attendre. Avec ce maître qui est le mien, on mange peu, et ce peu, il vous le fait soupirer après. Il y a une demi-heure que midi a sonné au carillon mais il doit bien avoir deux heures qu'il a sonné au carillon de mon estomac. Si seulement je savais où nous allons loger. La première chose que font les autres, dès qu'ils arrivent en ville, c'est d'aller à l'auberge. Mais lui, non ! Il laisse ses bagages à la fontaine, il va faire des visites et il ne pense pas à son pauvre valet ! Quand on nous a dit qu'il faut servir son maître avec amour, on devrait bien dire aussi aux maîtres d'avoir un peu de pitié pour leurs serviteurs. Tiens ! une hôtellerie ! Pou un peu, j'irai voir si dans cette hôtellerie il n'y aurait pas quelque chose à se mettre sous la dent. Mais si mon maître me cherche ? Tant pis pour lui, ça lui apprendra un peu à se conduire de la sorte. Oui, je vais y aller… mais j'y pense… il y a une petite difficulté : J'oubliais que je n'ai même pas un petit sou. Oh pauvre Truffaldin !
Le second texte est extrait de la pièce Largo Desolato de Vaclav Havel.
LUCY :
C'est du baratin, tout ça. Quand tu voulais me séduire, au début, tu ne parlais pas comme ça. J'allais faire renaître ton espoir, j'allais te régénérer, inaugurer pour toi une vie nouvelle. Tu n'es pas une épave, Léopold, tu es un vulgaire démagogue. Tu dirais n'importe quoi, tout ce qui t'arrange. Tu as eu tout ce que tu voulais et maintenant tu veux te débarrasser de moi. Tu me parles de ton désarroi ! Foutaises, oui ! Tu veux me faire comprendre que j'ai rien à attendre de toi et en plus, tu veux te faire plaindre. C'est malhonnête. Ce sont des grands mots, mais tu ne m'auras pas comme ça. Oh ! comme j'ai été bête, bête à pleurer. Croire que je pourrais te faire partager mes sentiments, te redonner goût à la vie ? Tu parles ! Tu es un cas désespéré. C'est bien fait pour moi. Une illusion de moins.
À qui s'adresse le personnage dans chacun des deux extraits ?
Lequel de ces deux textes est un soliloque ? Lequel est une tirade ?