On donne la scène suivante extraite de la pièce L'Île des esclaves de Marivaux :
ARLEQUIN :
Oh ! Quand je suis gai, je suis de bonne humeur.
TRIVELIN :
Fort bien. Je suis charmé de vous voir satisfait d'Arlequin. Vous n'aviez pas beaucoup à vous plaindre de lui dans son pays, apparemment ?
ARLEQUIN :
Eh ! là-bas ? Je lui voulais souvent un mal de diable ; car il était quelquefois insupportable; mais à cette heure que je suis heureux, tout est payé ; je lui ai donné quittance.
TRIVELIN :
Je vous aime de ce caractère et vous me touchez. C'est-à-dire que vous jouirez modestement de votre bonne fortune, et que vous ne lui ferez point de peine ?
ARLEQUIN :
De la peine ? Ah ! Le pauvre homme ! Peut-être que je serai un petit brin insolent, à cause que je suis le maître : voilà tout.
TRIVELIN :
À cause que je suis le maître ; vous avez raison.
ARLEQUIN :
Oui ; car quand on est le maître, on y va tout rondement, sans façon, et si peu de façon mène quelquefois un honnête homme à des impertinences.
TRIVELIN :
Oh ! N'importe : je vois bien que vous n'êtes point méchant.
Que représentent les deux personnages ?
Quel personnage domine et au moyen de quels arguments ?
Quel est l'enjeu de la scène ?