On donne la scène suivante extraite de la pièce L'Île des esclaves de Marivaux :
TRIVELIN :
Ah ! Ça, ma compatriote, car je regarde désormais notre île comme votre patrie, dites-moi aussi votre nom.
CLÉANTHIS (saluant) :
Je m'appelle Cléanthis, et elle Euphrosine
TRIVELIN :
Cléanthis ; passe pour cela.
CLÉANTHIS :
J'ai aussi des surnoms ; vous plaît-il de les savoir ?
TRIVELIN :
Oui-da. Et quels sont-ils ?
CLÉANTHIS :
J'en ai une liste : Sotte, ridicule, Bête, Butorde, Imbécile, et cetera.
EUPHROSINE (en soupirant) :
Impertinente que vous êtes !
CLÉANTHIS :
Tenez, tenez, en voilà encore un que j'oubliais.
TRIVELIN :
Effectivement, elle nous prend sur le fait. Dans votre pays, Euphrosine, on a bientôt dit des injures à ceux à qui l'on en peut dire impunément.
EUPHROSINE :
Hélas ! Que voulez-vous que je lui réponde, dans l'étrange aventure où je me trouve ?
CLÉANTHIS :
Oh ! Dame, il n'est plus si aisé de me répondre. Autrefois il n'y avait rien de si commode ; on n'avait affaire qu'à de pauvres gens : fallait-il tant de cérémonies ? Faites cela, je le veux, taisez-vous, sotte ! Voilà qui était fini. Mais à présent il faut parler raison ! C'est un langage étranger pour Madame, elle l'apprendra avec le temps ; il faut se donner patience : je ferai de mon mieux pour l'avance.
Que représentent les deux personnages ?
Quel personnage domine et au moyen de quels arguments ?
Quel est l'enjeu de la scène ?