On donne un poème en prose "La Jetée" de Henri Michaux (Texte A) et une description réaliste extraite des Travailleurs de la mer de Victor Hugo (Texte B).
Texte A
Depuis un mois que j'habitais Honfleur, je n'avais pas encore vu la mer, car le médecin me faisait garder la chambre.
Mais hier soir, lassé d'un tel isolement, je construisis, profitant du brouillard, une jetée jusqu'à la mer.
Puis, tout au bout, laissant pendre mes jambes, je regardai la mer, sous moi, qui respirait profondément.
Un murmure vint de droite.
C'était un homme assis comme moi les jambes ballantes, et qui regardait la mer.
"À présent, dit-il, que je suis vieux, je vais en retirer tout ce que j'y ai mis depuis des années."
Il se mit à tirer en se servant de poulies.
Et il sortit des richesses en abondance.
Il en tirait des capitaines d'autres âges en grand uniforme, des caisses cloutées de toutes sortes de choses précieuses et des femmes habillées richement mais comme elles ne s'habillent plus.
Et chaque être ou chose qu'il amenait à la surface, il le regardait attentivement avec grand espoir, puis sans mot dire, tandis que son regard s'éteignait ; il poussait ça derrière lui.
Nous remplîmes ainsi toute l'estacade.
Ce qu'il y avait, je ne m'en souviens pas au juste, car je n'ai pas de mémoire, mais visiblement ce n'était pas satisfaisant, quelque chose en tout était perdu, qu'il espérait retrouver et qui s'était fané.
Alors, il se mit à rejeter tout à la mer.
Un long ruban ce qui tomba et qui, vous mouillant, vous glaçait.
Un dernier débris qu'il poussait l'entraîna lui-même.
Quant à moi, grelottant de fièvre, comment je pus regagner mon lit, je me le demande.
Texte B
Il y a là, à une profondeur où les plongeurs atteignent difficilement, des antres, des caves, des repaires, des entrecroisements de rues ténébreuses. Les espèces monstrueuses y pullulent. On s'entre-dévore. Les crabes mangent les poissons, et sont eux-mêmes mangés. Des formes épouvantables faites pour ne pas être vues par l'œil humain, errent dans cette obscurité, vivantes. De vagues linéaments de gueules, d'antennes, de tentacules, de nageoires, d'ailerons, de mâchoires ouvertes, d'écailles, de griffes, de pinces, y flottent, y tremblent, y grossissent, s'y décomposent et s'y effacent dans la transparence sinistre. D'effroyables essaims nageant, rôdent, faisant ce qu'ils ont à faire.
Quel est le thème commun aux deux textes ?
Par quelles figures de style les images sont-elles évoquées dans le texte A ?
Qu'utilise Victor Hugo pour décrire les fonds marins dans le texte B ?
Quel est le texte le plus imagé ?