On donne un extrait du roman Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline (Texte A) et un poème en prose extrait de "La Jeune Mère" de Francis Ponge (Texte B).
Texte A
La femme en haut saignait toujours du derrière. Pour un peu elle allait se mettre à mourir aussi sans attendre plus longtemps. Une minute pour lui faire une piqûre et me revoilà descendu auprès du type à Omanon. C'était bien fini. Omanon venait de s'en aller. Flanelle. Du coup, je ne voulais pas lâcher la place que j'avais prise chez la fausse couche. Je remontai donc dare-dare.
Devant la vulve saignante, j'expliquai encore des choses à la famille. La sage-femme, évidemment, n'était pas du même avis que moi. [...] La sage-femme attend de son côté que je patauge en plein, que je me sauve et que je lui laisse les cent francs. Mais elle peut courir la sage-femme ! et mon terme alors ? Qui est-ce qui le payera ? Cet accouchement vasouille depuis le matin, je veux bien. Ça saigne, je veux bien aussi, mais ça ne sort pas, et faut savoir tenir ! [...]
Cette expulsion de fœtus n'avance pas, le détroit doit être sec, ça ne glisse plus, ça saigne encore seulement. Ça aurait été son sixième enfant. Où il est le mari ? Je le réclame.
[...] Je lui découvre le trou de sa femme d'où suintent des caillots et puis des glouglous et puis toute sa femme entièrement, qu'il regarde. Elle qui gémit comme un gros chien qu'aurait passé sous une auto.
Texte B
Quelques jours après les couches la beauté de la femme se transforme.
Le visage souvent penché sur la poitrine s'allonge un peu. Les yeux attentivement baissés sur un objet proche, s'ils se relèvent parfois paraissent un peu égarés. Ils montrent un regard empli de confiance, mais en sollicitant la continuité. Les bras et les mains s'incurvent et se renforcent. Les jambes qui ont beaucoup maigri et se sont affaiblies sont volontiers assises, les genoux très remontés. Le ventre ballonné, livide, encore très sensible ; le bas ventre s'accommode du repos, de la nuit des draps.
... Mais bientôt sur pieds, tout ce grand corps évolue à l'étroit parmi le pavois utile à toutes hauteurs des carrés blancs du linge, que parfois de sa main libre il saisit, froisse, tâte avec sagacité, pour les retendre ou les plier ensuite selon les résultats de cet examen.
Quel est le thème commun aux deux textes ?
Par quelle figure de style les images sont-elles évoquées dans le texte A ?
Par quelles figures de style les images sont-elles évoquées dans le texte B ?
Quel est le texte le plus imagé ?