Prosper Mérimée
1803 - 1870
Français
Roman, théâtre, nouvelle
Prosper Mérimée
Chroniques du règne de Charles IX
1829
Prosper Mérimée
"La Vénus d'Ille"
1837
Prosper Mérimée
"Carmen"
1847
Mérimée est issu d'une famille bourgeoise et cultivée. Sa mère est portraitiste et enseigne l'art. Son père est professeur de dessin à l'École polytechnique et devient secrétaire perpétuel de l'école des Beaux-Arts. Mérimée étudie au collège Henri IV puis se lance dans des études de droit. Il se passionne pour les langues, l'histoire, la littérature étrangère, le dessin et l'archéologie. Il se distingue d'abord par son goût pour l'humour et écrit ses premières nouvelles, après s'être essayé à la poésie, qu'il publie sous un pseudonyme : "Clara Gazul".
Mérimée intègre la Garde nationale et découvre l'Espagne qui l'a toujours fasciné. Il y reste six ans. Grâce aux relations de son père, il est nommé chef du bureau du secrétariat général de la Marine. Il rencontre des gens de la haute bourgeoisie parisienne et se lie d'amitié avec nombre d'entre eux. L'écrivain commence à fréquenter des salons littéraires parisiens en vogue à l'époque. Il se construit une réputation de libertin effronté, au point même qu'il combat en duel le mari de sa maîtresse. Il a aussi une relation avec George Sand.
À seulement 22 ans, Mérimée a déjà écrit trois pièces de théâtre. Il publie son unique roman historique, Chroniques du règne de Charles IX. Ce sont surtout ses nouvelles qui le font connaître du public. Il publie aussi dans La Revue de Paris ou La Revue des deux mondes.
Nommé inspecteur général des monuments historiques, il voyage à travers l'Europe et apprécie sa mission, cherchant sans relâche plus de moyens pour "ses chers monuments". Son emploi du temps devient chargé, puisque Mérimée est à la fois fonctionnaire et nouvelliste. Il publie en trente ans une vingtaine de nouvelles. Sa réputation d'écrivain grandit avec "La Vénus d'Ille" et "Carmen".
"La Vénus d'Ille" correspond à l'époque où Mérimée mène ses missions de restauration d'édifices. On retrouve ce thème dans l'œuvre avec ceux de l'Antiquité, époque qui le passionne, et de l'archéologie. Il a en effet entrepris en 1834 une tournée qui le fait passer par les Pyrénées-Orientales où il visite Ille-sur-Têt, Bouleternère et Serrabone. Il voit un site où des fouilles archéologiques mettent au jour un temple antique dédié à Vénus. Le récit de Mérimée se déroule à Ille. Le narrateur, un antiquaire, s'y rend en compagnie d'un guide et M. de Peyrehorade qu'il vient de rencontrer. Cet antiquaire de province a découvert par hasard une statue de Vénus dont tout le monde parle à Ille, car elle semble avoir provoqué un accident. Tout au long du récit, le lecteur cherche à comprendre avec les personnages les éléments troublants qui surviennent. Même si une explication rationnelle est envisagée à la fin du récit, elle peut être contredite par des hypothèses surnaturelles. "La Vénus d'Ille" est classée dans le genre fantastique. Des éléments n'en respectent pas certaines règles, mais c'est ce qui fait son originalité et son succès.
L'auteur confirme sa préférence pour le fantastique et cela lui vaut d'être élu à l'Académie française. Il est connu pour son scepticisme et son irrévérence qui le différencient des auteurs romantiques de son époque. Sa devise, gravée sur sa bague, est : "Souviens-toi de te méfier." L'œuvre de Mérimée est imprégnée de thématiques qui le passionnent : l'histoire et sa fiction (à l'image de Walter Scott), le fantastique et le surnaturel.
Ses nombreux voyages modèlent les cadres de ses fictions, en particulier la Russie et l'Espagne. "Carmen" se déroule en Andalousie. La nouvelle aborde les thèmes de l'amour tragique et de la jalousie amoureuse avec les personnages de Carmen et Don José. L'amour passionné du jeune homme pour la bohémienne n'est pas réciproque, ce qui le pousse à l'assassiner. Mérimée illustre avec ce récit la passion comme étant un mal qui pousse l'homme à abandonner la raison et à commettre un acte irréparable.
Malgré ses nombreuses fonctions officielles, dont celle de sénateur, il entreprend de lourds travaux historiques, contribue également à faire connaître la littérature russe en France en traduisant plusieurs œuvres. Il rencontre des problèmes respiratoires qui s'aggravent et l'entraîne peu à peu dans la déchéance. La chute du Second Empire le déstabilise fortement. Sa maison est incendiée quelques mois après sa mort. De ses manuscrits, lettres, livres, objets, rien n'est resté.
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