Jean Anouilh
1910 - 1987
Français
Théâtre
Jean Anouilh
Le Rendez-vous de Senlis
1936 (première représentation en 1941)
Jean Anouilh
Le Bal des voleurs
1938
Jean Anouilh
Léocadia
1938 (publication en 1940)
Jean Anouilh
Antigone
1944
Jean Anouilh
Ardèle ou la Marguerite
1948
Jean Anouilh
Ornifle ou Le Courant d'air
1955
Jean Anouilh
Pauvre Bitos ou le dîner de têtes
1956
Jean Anouilh naît à Bordeaux d'un père tailleur et d'une mère musicienne et professeure de piano. Elle joue dans un orchestre qui se produit dans des casinos de province. Anouilh l'accompagne et découvre dans les coulisses des classiques comme Molière, Marivaux et Musset. À Paris, il entre au collège Chaptal. Il se passionne vite pour le théâtre et, à l'âge de 18 ans, il assiste, émerveillé, à la représentation de Siegfried de Jean Giraudoux.
Après des études de droit à Paris et deux ans de travail dans une agence de publicité où il rencontre Jacques Prévert, il devient le secrétaire de Louis Jouvet. Il ne travaille pas longtemps pour lui, parce qu'ils ne s'entendent pas bien et qu'il veut vivre du théâtre. Il écrit la même année une saynète, Humulus le muet. Le succès de sa pièce La Sauvage quelques années plus tard met fin à ses difficultés matérielles et le fait réellement connaître. Il se marie avec la comédienne Monelle Valentin, et ils ont une fille ensemble.
Dans Le Rendez-vous de Senlis, Georges loue une maison et s'invente une vie de famille avec un maître d'hôtel et des comédiens. Son seul but est de séduire une étudiante qui se nomme Isabelle. Tout est prêt pour le dîner. Sa véritable famille, activement à sa recherche depuis quelques heures, surgit au rendez-vous. Anouilh donne à voir, dans une société cupide et orgueilleuse, des monstres enfermés dans leurs habitudes. L'un d'eux va tout remettre en cause. Cette œuvre est une des premières pièces de l'auteur qui commence en vaudeville et se termine sur une comédie douce et amère à la fois.
Le Bal des voleurs comprend une partie des personnages du Voyageur sans bagage, créée l'année suivante et qui rencontre plus de succès. Le genre principal de cette pièce est la comédie, car on retrouve plusieurs fois des aspects comiques dans cette œuvre : des quiproquos, l'arrestation des Dupont-Dufort et le flirt d'Hector. L'intrigue raconte l'arrivée de trois voleurs qui va tout changer dans la vie de trois femmes. Jusqu'alors, elles s'ennuyaient et étaient harcelées par les Dupont-Dufort père et fils.
Léocadia raconte l'histoire improbable et poétique d'un jeune prince follement amoureux d'une cantatrice roumaine. Le jeune homme ne l'a connue que trois jours avant qu'elle ne meure étranglée par son châle. Le prince est inconsolable. Sa tante décide alors de reconstituer les lieux dans lesquels il a vécu avec Léocadia. Chacun interprète le rôle qu'il jouait durant les trois jours de bonheur vécus par le prince. Le temps s'est donc arrêté.
La Seconde Guerre mondiale éclate, et pendant l'Occupation, Anouilh continue d'écrire sans prendre position pour la collaboration ou la Résistance. Ce retrait lui est reproché. Il écrit à cette époque-là Antigone, qui est à la fois un succès et une source de polémique. Certains reprochent à Anouilh de défendre l'ordre établi en accordant une réelle importance au personnage de Créon. Anouilh reprend un mythe, déjà abordé par Sophocle dans l'Antiquité, qui raconte la lutte de la fille d'Œdipe, Antigone, face au pouvoir. Défiant le roi Créon, elle enterre le corps de son frère Polynice. Présentée sous l'Occupation, la pièce, si elle donne de l'importance à Créon, met en scène un personnage en révolte face à l'injustice. Elle est donc ambiguë.
Anouilh s'engage en 1945 pour essayer de sauver de la peine de mort l'écrivain collaborateur Robert Brasillach, mais il échoue. Cette exécution le marque profondément. Il poursuit sa création après la guerre à un rythme soutenu.
Ardèle ou La Marguerite aborde les thèmes de famille, de l'amour et de la vie et se moque de la bonne famille bourgeoise, en attaquant son goût pour l'argent et le paraître. La pièce, oscillant entre comique et tragique, marque le début de la domination d'un comique triste et noir dans l'œuvre d'Anouilh.
Dans Ornifle ou Le Courant d'air, le héros abuse de sa facilité à faire des rimes et s'enrichit grâce à la chanson. Manipulateur, il méprise son entourage et accumule les aventures amoureuses, jusqu'au jour où un fils débarque dans sa vie, bien décidé à lui faire payer son indifférence.
Dans Pauvre Bitos ou le dîner de têtes, c'est l'histoire d'un fils du peuple devenu substitut du procureur de la République. Il fait régner la terreur après la Libération en devenant cruel. Il retourne en province, invité par d'anciens camarades à un "dîner de têtes" où les convives doivent incarner chacun un personnage de la Révolution française. Bitos est Robespierre. Cette soirée dissimule un piège : il s'agit de l'enivrer pour qu'il dévoile ses vraies pensées sur l'ordre public. Leur but est de l'humilier et de détruire sa carrière. La critique est négative, mais cela ne freine pas le succès de la pièce qui compte 308 représentations.
Anouilh se tourne enfin vers la mise en scène. Il monte notamment une pièce de Molière et de Shakespeare. Le rythme de ses publications personnelles diminue. Certaines lui valent le qualificatif d'"auteur de théâtre de distraction".
Atteint d'une maladie virale qui détruit la thyroïde, Anouilh est victime d'une crise cardiaque. Très affaibli, il se retire en Suisse pour mourir à l'hôpital quatre années plus tard.