À l'aide des connaissances, et après avoir répondu aux questions suivantes, répondre à la question d'interprétation littéraire :
« Quelle vision de l'expression du moi se dégage de ce texte ? »
Georges Perec, W ou le Souvenir d'enfance, 1975
Je n'ai pas de souvenirs d'enfance. Jusqu'à ma douzième année à peu près, mon histoire tient en quelques lignes : j'ai perdu mon père à quatre ans, ma mère à six ; j'ai passé la guerre dans diverses pensions de Villard-de-Lans. En 1945, la sœur de mon père et son mari m'adoptèrent.
Cette absence d'histoire m'a longtemps rassuré : sa sécheresse objective, son évidence apparente, son innocence, me protégeaient, mais de quoi me protégeaient-elles, sinon précisément de mon histoire, de mon histoire vécue, de mon histoire réelle, de mon histoire à moi qui, on peut le supposer, n'était ni sèche, ni objective, ni apparemment évidente, ni évidemment innocente ?
« Je n'ai pas de souvenirs d'enfance » : je posais cette affirmation avec assurance, avec presque une sorte de défi. L'on n'avait pas à m'interroger sur cette question. Elle n'était pas à mon programme. J'en étais dispensé : une autre histoire, la Grande, l'Histoire avec sa grande hache, avait déjà répondu à ma place : la guerre, les camps.
A treize ans, j'inventai, racontai et dessinai une histoire. Plus tard, je l'oubliai. Il y a sept ans, un soir, à Venise, je me souvins tout à coup que cette histoire s'appelait « W » et qu'elle était, d'une certaine façon, sinon l'histoire, du moins une histoire de mon enfance.
En dehors du titre brusquement restitué, je n'avais pratiquement aucun souvenir de W. Tout ce que j'en savais tient en moins de deux lignes : la vie d'une société exclusivement préoccupée de sport, sur un îlot de la Terre de Feu.
Une fois de plus, les pièges de l'écriture se mirent en place. Une fois de plus, je fus comme un enfant qui joue à cache-cache et qui ne sais pas ce qu'il craint ou désire le plus : rester caché, être découvert.
Je retrouvai plus tard quelques-uns des dessins que j'avais faits vers treize ans. Grâce à eux, je réinventai W et l'écrivis, le publiant au fur et à mesure, en feuilleton, dans La Quinzaine littéraire, entre septembre 1969 et août 1970.
Quelle problématique correspond au sujet ?
Quels arguments seraient pertinents à utiliser ?
Quel plan pourrait convenir ?
Quelle accroche peut convenir ?
Quels exemples permettent d'étayer l'argument "Le traumatisme vécu par le narrateur l'empêche de conserver une mémoire fiable et de respecter, de fait, le pacte autobiographique. En effet, raconter sa vie de manière autobiographique, c'est dire la vérité, l'exacte vérité. On constate donc dans ce texte que se remémorer le passé n'est pas toujours facile" ?
Quels exemples permettent d'étayer l'argument "Grâce à l'autofiction (l'invention de moments de sa vie), le narrateur parvient à se reconstruire. On assiste ici à une forme de métamorphose du moi qui part de la perte de mémoire pour aller à la reconstruction du souvenir et la réappropriation du moi." ?
Quels exemples permettent d'étayer l'argument "L'expression du moi passe par la recherche du moi, et notamment toutes les facettes les plus sombres et inexplorées de sa personnalité. Ce n'est que grâce à ce travail minutieux et fastidieux que Pérec réussit à reconstruire les lambeaux de sa personnalité." ?
Quelle phrase du texte justifie que l'auteur est une victime de la guerre ?
Quel autre auteur se sert de l'autobiographie pour se réapproprier son histoire ?