À l'aide des connaissances, et après avoir répondu aux questions suivantes, répondre à la question d'interprétation philosophique :
« Comment le comédien parvient-il, grâce à son art, à jouer sur les métamorphoses du moi ? »
Denis Diderot, Paradoxe sur le comédien, 1773
Quel jeu plus parfait que celui de la Clairon ? Cependant suivez-la, étudiez-la, et vous serez convaincu qu'à la sixième représentation elle sait par cœur tous les détails de son jeu comme tous les mots de son rôle. Sans doute elle s'est fait un modèle auquel elle a d'abord cherché à se conformer ; sans doute elle a conçu ce modèle le plus haut, le plus grand, le plus parfait qu'il lui a été possible ; mais ce modèle qu'elle a emprunté de l'histoire, ou que son imagination a créé comme un grand fantôme, ce n'est pas elle ; si ce modèle n'était que de sa hauteur, que son action serait faible et petite ! Quand, à force de travail, elle a approché de cette idée le plus près qu'elle a pu, tout est fini ; se tenir ferme là, c'est une pure affaire d'exercice et de mémoire ; Si vous assistiez à ses études, combien de fois vous lui diriez : vous y êtes ! … combien de fois elle vous répondrait : vous vous trompez ! … C'est comme Le Quesnoy, à qui son ami saisissait le bras, et criait : Arrêtez ! Le mieux est l'ennemi du bien : vous allez tout gâter… Vous voyez ce que j'ai fait, répliquait l'artiste haletant au connaisseur émerveillé ; mais vous ne voyez pas ce que j'ai là, et ce que je poursuis.
Je ne doute point que la Clairon n'éprouve le tourment du Quesnoy dans ses premières tentatives ; mais la lutte passée, lorsqu'elle s'est une fois élevée à la hauteur de son fantôme, elle se possède, elle se répète sans émotion. Comme il nous arrive quelquefois dans le rêve, sa tête touche aux nues, ses mains vont chercher les deux confins de l'horizon ; elle est l'âme d'un grand mannequin qui l'enveloppe ; ses essais l'ont fixé sur elle. Nonchalamment étendue sur une chaise longue, les bras croisés, les yeux fermés, immobile, elle peut, en suivant son rêve de mémoire, s'entendre se voir, se juger et juger les impressions qu'elle excitera. Dans ce moment elle est double ; la petite Clairon et la grande Agrippine.
Quelle problématique correspond au sujet ?
Quels arguments seraient pertinents à utiliser ?
Quel plan pourrait convenir ?
Quelle accroche peut convenir ?
Quels exemples permettent d'étayer l'argument "L'imitation n'est efficace que si le comédien effectue un méticuleux travail en amont. Il s'agit alors d'effectuer un travail d'imitation qui met ce qu'il cherche à imiter à distance ; c'est ainsi que le comédien crée une nouvelle réalité en même temps qu'il se crée une nouvelle identité." ?
Quels exemples permettent d'étayer l'argument "Cette imitation du réel n'est ni naturelle ou spontanée, elle est le fruit d'un travail très sérieux sur le jeu théâtral. Pour affirmer sa thèse, Diderot use d'un argument d'autorité, tiré de l'histoire. En effet, cet extrait parle du travail d'une grande comédienne française du XVIIIe siècle, la Clairon, dont le jeu d'actrice a subjugué tous les spectateurs de son temps." ?
Quels exemples permettent d'étayer l'argument "Grâce à cette parfaite imitation, le comédien parvient à se métamorphoser, à changer son identité. En effet, la Clairon se surpasse et parvient à se créer une nouvelle identité en incarnant différents personnages sur scène." ?
Quelle phrase du texte montre que le travail de la comédienne est l'imitation avant tout ?
Quel autre auteur pense que l'homme doit se révéler à lui-même ?