Répondre aux questions suivantes à l'aide des connaissances et des documents proposés puis synthétiser l'étude des documents dans un paragraphe argumenté.
Les journées de février 1848
Incendie du château d'eau, place du Palais-Royal, le 24 février 1848, Eugène Hagnauer, 1848, © Musée Carnavalet via Wikimédia Commons

Les journées de juin 1848 vues par Karl Marx
Les Luttes de classes en France, Karl Marx
1850
« La révolution de Juin offre le spectacle d'une lutte acharnée comme Paris, comme le monde n'en ont pas encore vu de pareille. […] C'est la première grande bataille entre les deux classes qui divisent la société moderne. C'est la lutte pour le maintien ou l'anéantissement de l'ordre bourgeois, le voile qui cachait la république se déchire. […] La fraternité des classes antagonistes dont l'une exploite l'autre, cette fraternité proclamée en février […], son expression véritable, authentique, prosaïque, c'est la guerre civile, la guerre civile sous sa forme la plus effroyable, la guerre du travail et du capital. »
Les journées de juin 1848 vues par Alexis de Tocqueville
Souvenirs, Alexis de Tocqueville
1850
« L'insurrection de Juin [fut] la plus grande et la plus singulière qu'il y ait eue dans notre histoire et peut-être dans aucune autre […] Les insurgés y combattirent sans cri de guerre, sans chefs, sans drapeaux, et pourtant avec un ensemble merveilleux et une expérience militaire qui étonna les plus vieux officiers, […] Elle n'eut pas pour but de changer la forme du gouvernement, mais d'altérer l'ordre de la Société. Elle ne fut pas, à vrai dire, une lutte politique […] mais un combat de classe, une sorte de guerre servile. »
D'après le document 1, quelle année témoigne de la force du sentiment révolutionnaire en Europe ?
D'après le document 1, c'est l'année 1848 qui témoigne de la force du sentiment révolutionnaire en Europe.
Compléter la phrase suivante en choisissant le mot qui convient.
Vrai ou faux ? En 1848, le gouvernement provisoire retire les libertés de presse et de réunions, et rétablit l'esclavage.
Faux. En 1848, le gouvernement provisoire rétablit les libertés de presse et de réunions, et abolit l'esclavage.
En 1848, quel socialiste proclame le droit du travail ?
En 1848, le socialiste qui proclame le droit du travail est Louis Blanc.
Compléter la phrase suivante en choisissant la majorité qui convient.
Vrai ou faux ? D'après le document 1, en juin 1848, le conservatisme l'emporte sur les ambitions de réformes sociales.
Quelles sont les deux villes dans lesquelles les premières révoltes du Printemps des peuples éclatent ?
Les deux villes dans lesquelles les premières révoltes du Printemps des peuples éclatent sont Cracovie et Palerme.
D'après les documents 2 et 3, compléter la phrase suivante en choisissant la ville qui convient.
Vrai ou faux ? En 1849, Mussolini proclame la république à Rome.
Faux. En 1849, c'est Mazzini qui proclame la république à Rome.
Vrai ou faux ? Les acteurs du congrès de Vienne (1815) qui avaient défini l'ordre européen à la chute de Napoléon Ier reprennent l'avantage.
Pour structurer la réponse sur l'étude des documents, quelles sont les deux parties que le plan pourrait adopter ?
Associer chaque sous-partie à la partie qui lui correspond.
Un régime dans la tradition de la Révolution française
Premières tensions et écrasement de la révolution sociale : juin 1848
Les révolutions de 1848 en Europe
Une réussite mitigée
I - La révolution de février 1848 en France
II - Le Printemps des peuples en Europe
L'année 1848 témoigne de la force du sentiment révolutionnaire en Europe. La monarchie de Juillet s'effondre en trois jours (23-25 février 1848). Les barricades sont dressées par les ouvriers, les étudiants et les militants républicains qui reçoivent l'appui de la petite-bourgeoisie. L'armée se rallie à eux après l'annonce de la démission de Guizot, puis de l'abdication de Louis-Philippe le 24 février. Les députés, inquiets de l'ampleur de l'émeute, proclament alors la république. Les mouvements nationaux se développent partout en Europe. C'est le Printemps des peuples : les Hongrois proclament leur indépendance, les Italiens et les Allemands réclament l'unité.
La révolution de février 1848 en France
Un gouvernement provisoire est désigné par la Chambre. Il rassemble des modérés, des émeutiers et des républicains (comme Lamartine). Le drapeau tricolore est adopté. La liberté de la presse et la liberté de réunion sont rétablies. L'esclavage est aboli par le décret de Victor Schœlcher. On élit une assemblée constituante au suffrage universel masculin. Les idéaux démocratiques républicains s'imposent. Dans les domaines économique et social, le socialiste Louis Blanc proclame le droit au travail. On crée des ateliers nationaux permettre aux chômeurs de retrouver un emploi. Il s'agit de travaux d'intérêt public, principalement de terrassement, qui emploient 130 000 personnes au mois de juin, avant d'être supprimés. On réduit la durée de la journée de travail des ouvriers à 11 heures. La scolarisation doit être obligatoire jusqu'à l'âge de 14 ans. Toutes ces mesures suscitent l'enthousiasme populaire avec des fêtes et des plantations d'arbres de la liberté qui rappellent l'esprit de 1789.
Cependant, dès le printemps 1848, les tensions entre les modérés et les socialistes s'amplifient. Le spectre de l'émeute et de l'agitation permanente fait élire une majorité conservatrice à l'Assemblée. Le prétexte de la rupture est donné en juin 1848 par la fermeture brutale des ateliers nationaux. Les quartiers populaires parisiens se soulèvent. La répression du général Cavaignac est ferme et sans appel : 1 500 fusillés et 11 000 déportés. Des chefs socialistes sont arrêtés. Ainsi, en juin 1848, le conservatisme l'emporte sur les ambitions de réformes sociales.
Malgré cet échec, les socialistes ne baissent pas les bras. Les mouvements nationaux gagnent du terrain en Europe.
Le Printemps des peuples en Europe
De 1848 à 1849, l'Europe est traversée par une vague révolutionnaire qui porte des revendications à la fois politiques (libertés et sentiment national) et sociales (meilleures conditions de travail et de vie pour les ouvriers). Contrairement à une idée reçue, les premières révoltes désignées par l'expression « Printemps des peuples » n'émergent pas à Paris mais à Cracovie (1846) et à Palerme (janvier 1848). Ces mouvements sont à la fois libéraux et nationaux. Les peuples qui se soulèvent contre les États aspirent à plus de libertés politiques et à la limitation des droits des souverains. Ils militent également en faveur des indépendances ou de l'unité des peuples séparés entre plusieurs États, comme en Allemagne ou en Italie. Paris s'avère pour les contemporains un catalyseur, le lieu de passage obligé des révolutionnaires européens qui y trouvent un refuge temporaire. Les barricades se retrouvent ainsi après février à Milan, Rome ou Berlin. Mazzini proclame la république à Rome. Venise s'émancipe. Le roi de Piémont dirige la révolution contre l'Autriche et s'empare de la Lombardie. Les Hongrois de Lajos Kossuth se rebellent à leur tour contre Vienne, de même que les Tchèques.
C'est la chute de Metternich, symbole par excellence du conservatisme monarchique européen. Quelques concessions libérales sont accordées ici et là, mais le plus souvent ces révolutions sont rapidement étouffées. Les acteurs du congrès de Vienne (1815) qui avaient défini l'ordre européen à la chute de Napoléon Ier reprennent l'avantage. Radetzky reprend la Lombardie. Le roi de Naples bombarde Naples et Messine. La France aide le pape à restaurer son pouvoir à Rome. Les Russes viennent en renfort à l'Autriche. Ces répressions, souvent violentes, ont malgré tout pour effet de créer des héros de la mythologie libérale et nationaliste. Les espoirs sont toujours vifs.
Ces révolutions sont écrasées mais les idées de nation et de liberté sont ravivées et aboutissent à l'unification de l'Italie (1870) et de l'Allemagne (1871).