Sommaire
I1789 - 1790 : une révolution religieuseALa liberté de culte (1789)BLa nationalisation des biens du clergé (1789)CLa Constitution civile du clergé (1790)IILa campagne de déchristianisation pendant la TerreurALa déchristianisationBLes résistances face à la déchristianisationIIILe Concordat de 1801La Révolution française est à l'origine de grands bouleversements politiques, mais aussi religieux. Elle entraîne un affaiblissement de l'Église catholique en France, notamment par la nationalisation des biens du clergé et les tentatives de déchristianisation. Ces mesures révolutionnaires rencontrent néanmoins des résistances. Afin de mettre un terme aux conflits religieux entraînés par la Révolution, le Premier consul Napoléon Bonaparte signe un concordat avec le Pape en 1801.
1789 - 1790 : une révolution religieuse
La liberté de culte (1789)
Sous l'Ancien Régime, les sujets du roi ne sont pas libres de pratiquer la religion qu'ils désirent. Le catholicisme est la religion officielle du royaume. Dès lors, les protestants et les Juifs n'ont pas les mêmes droits que les catholiques en matière de pratique de leur culte. De plus, ils sont souvent persécutés.
Pendant la Révolution, la liberté de culte est déclarée. Elle permet à chaque citoyen de professer librement la religion de son choix. La liberté de culte apparaît dans la Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen, adoptée par l'Assemblée nationale le 26 août 1789.
Extrait de la Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen :
Article 10.
Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la loi.
La nationalisation des biens du clergé (1789)
Le 2 novembre 1789, sur la proposition de l'évêque d'Autun, Charles-Maurice de Talleyrand (1754 - 1838), l'Assemblée nationale décrète la mise à disposition de la nation des biens du clergé. En d'autres termes, les biens du clergé sont nationalisés. Nombre d'entre eux sont vendus pour rembourser les dettes de l'État. En contrepartie, l'État s'engage à rémunérer les prêtres et à financer les hôpitaux et autres institutions d'assistance aux pauvres, jusqu'alors contrôlées en grande partie par l'Église.
Extrait du décret des biens du clergé mis à la disposition de la Nation :
L'Assemblée nationale décrète :
Article 1.
Que tous les biens ecclésiastiques sont à la disposition de la nation, à la charge de pourvoir, d'une manière convenable, aux frais du culte, à l'entretien de ses ministres, et au soulagement des pauvres [...].
Portrait de Talleyrand
Par Justass, via Wikimedia Commons (tableau de Pierre-Paul Prud'hon, début du XIXe siècle)
La Constitution civile du clergé (1790)
Le 12 juillet 1790, l'Assemblée nationale décrète la Constitution civile du clergé, qui prévoit une profonde réorganisation de l'Église catholique dans le royaume. Ce texte contraint notamment les prêtres à prêter un serment de fidélité à la Constitution.
De nombreux prêtres refusent de prêter ce serment et constituent ce qu'on appelle le "clergé réfractaire", qui s'oppose au "clergé constitutionnel" constitué par les prêtres ayant accepté la Constitution civile du clergé.
La campagne de déchristianisation pendant la Terreur
La déchristianisation
Durant la Terreur (1793 - 1794), de nombreuses manifestations anticléricales ont lieu. Des révolutionnaires radicaux expriment leur volonté de déchristianiser la France. Par exemple, en novembre 1793, la Commune de Paris ordonne la fermeture de toutes les églises de la ville. De nombreuses communes font de même peu de temps après. L'anticléricalisme se manifeste aussi par les violences commises à l'encontre de prêtres réfractaires. Pour remplacer le culte chrétien, les révolutionnaires installent des cultes à la fois civiques et religieux, le culte de la Raison et celui de l'Être suprême.
La Fête de la Raison (gravure anonyme, 1793)
Par Tablar, via Wikimedia Commons
Les résistances face à la déchristianisation
La déchristianisation entraîne de nombreuses résistances populaires, surtout dans les campagnes. Par exemple, pendant la guerre civile de Vendée (1793 - 1796) qui oppose, dans l'ouest de la France, républicains et royalistes contre-révolutionnaires, ces derniers manifestent clairement leur attachement à la religion catholique et prennent parfois les armes pour défendre les églises.
Insigne porté par des contre-révolutionnaires vendéens (1793)
Par Rama, via Wikimedia Commons
Le Concordat de 1801
Après le coup d'État du 18 brumaire (9 novembre 1799), Napoléon Bonaparte devient Premier consul, une fonction qui lui donne un pouvoir presque absolu. Il souhaite mettre un terme aux conflits de nature religieuse qui animent la société depuis les débuts de la Révolution. Dans ce but, Napoléon signe un concordat avec le Pape, le 15 juillet 1801. Ce traité régit l'organisation de l'Église catholique en France. On peut en distinguer les principales caractéristiques :
- Il reconnaît le catholicisme comme la religion de la majorité des Français.
- Il donne à l'État le droit de nommer les évêques.
- Il prévoit que l'État salarie le clergé.
Concordat
Un concordat est un traité signé par le Pape et un État, concernant la situation de l'Église catholique dans cet État.
Extraits du Concordat de 1801 :
Le gouvernement de la République française reconnaît que la religion catholique, apostolique et romaine, est la religion de la grande majorité des Français [...]
Article 1.
La religion catholique, apostolique et romaine, sera librement exercée en France ; son culte sera public, en se conformant aux règlements de police que le gouvernement jugera nécessaires pour la tranquillité publique [...]
Article 4.
Le Premier consul de la République nommera, dans les trois mois qui suivront la publication de la bulle de Sa Sainteté, aux archevêchés et évêchés de la circonscription nouvelle. Sa Sainteté conférera l'institution canonique suivant les formes établies par rapport à la France, avant le changement de gouvernement [...]
Article 6.
Les évêques, avant d'entrer en fonctions, prêteront directement, entre les mains du Premier consul, le serment de fidélité [...]
Article 10.
Les évêques nommeront aux cures ; leur choix ne pourra tomber que sur des personnes agréées par le gouvernement [...]
Article 14.
Le gouvernement assurera un traitement convenable aux évêques et aux curés [...]
La signature du Concordat entre la France et le Saint-Siège (dessin de François Gérard, 1801)
Par Jimmy44, via Wikimedia Commons