Sommaire
ILa France et la naissance de la nation italienneADe 1848 à 1858 : la résistance italienne1L'Italie en 18482Le Risorgimento et le printemps des peuples3Les divisions au sein du RisorgimentoBNapoléon III et Cavour : le rapprochement franco-italienCVers l'unification de l'Italie1De 1859 à 1861 : deuxième guerre d'indépendance italienne2Giuseppe Garibaldi et l'unification du Sud de l'Italie3La fin de l'entente franco-italienne : vers l'unification italienneIILa France contre l'unité allemande entre 1848 et 1871ALes mouvements libéraux et nationaux, moteurs du nationalisme allemandBLe nouveau Parlement allemand : une tentative de courte duréeCLa stratégie anti-autrichienne de BismarckDLa naissance de l'Empire allemandDans la première moitié du XIXe siècle, l'Europe est dominée par les rois et les empereurs qui restaurent l'ordre monarchique en 1815 au cours du congrès de Vienne. Ils répriment les insurrections des mouvements libéraux et nationaux. L'Italie et l'Allemagne n'existent pas en tant qu'État au milieu du XIXe siècle. Ces deux espaces sont morcelés en une multitude d'entités politiques placées sous le contrôle des grandes puissances européennes comme la Prusse et l'Autriche. À partir des années 1820, la soif de liberté et la force du sentiment national sont les deux moteurs d'un processus qui permet la naissance de deux nouveaux États libres et indépendants : l'Italie et l'Allemagne. La France joue un rôle important dans l'unification de ces deux États.
Quel rôle joue la France dans le processus qui mène à l'unification des États italien et allemand de 1848 à 1871 ?
La France et la naissance de la nation italienne
Sous la IIe République puis le Second Empire, la France apporte son soutien dans la naissance de l'Italie. À partir du milieu des années 1860, l'empereur Napoléon III, allié au pape de Rome, fait tout pour freiner l'unification italienne. La chute du Second Empire en 1870 permet finalement l'unification italienne.
De 1848 à 1858 : la résistance italienne
L'Italie en 1848
En 1848, l'Italie est divisée entre 8 États indépendants. À l'exception du royaume de Piémont-Sardaigne dans lequel Charles-Albert a mis en place une monarchie constitutionnelle libérale, la péninsule italienne ne connaît ni constitution ni séparation des pouvoirs ni libertés individuelles.
Localisation géographique | Nom du royaume | Dirigé par | Principales villes |
---|---|---|---|
Nord-Ouest | Royaume de Piémont-Sardaigne | Le roi Charles-Albert | Turin et Gênes |
Nord-Est | Royaume Lombard-Vénitien | L'empereur François-Joseph Ier d'Autriche (Famille Habsbourg) | Milan et Venise |
Centre | Duché de Parme | Famille Habsbourg | |
États pontificaux | Pape | Rome | |
Sud | Royaume des Deux-Siciles | Ferdinand II, membre de la dynastie des Bourbons | Naples et Palerme |
Le Risorgimento et le printemps des peuples
Des Italiens résistent à l'ordre monarchique et fondent leur espoir sur le Risorgimento, un mouvement politique appelant à la « renaissance » du peuple italien grâce à l'unification de la péninsule. Les mouvements libéraux et nationaux se réveillent au cours du « printemps des peuples ». De 1848 à 1849 a ainsi lieu la première guerre d'indépendance italienne. Toutefois, ces tentatives se soldent par un échec, l'Italie n'est pas unifiée.
Le Risorgimento s'organise dans des associations appelées les Carbonari (« charbonniers » en italien) qui prennent la forme de sociétés secrètes pour éviter la répression policière. Les Carbonari tentent de renverser les monarques en organisant des insurrections mais elles échouent toutes. La France accueille un grand nombre des patriotes italiens qui s'exilent pour continuer la résistance de l'extérieur. À Marseille, en 1831, Giuseppe Mazzini fonde le mouvement « Jeune Italie » dont le programme tient en quatre mots : révolution, libération, unification et républicanisation. L'emblème de ce mouvement a trois couleurs : vert, rouge et blanc.
La révolution française de février 1848, avec la proclamation de la IIe République, fait souffler un vent de liberté sur l'Europe : on parle de printemps des peuples.
- Entre mars et août 1848, les libéraux italiens dressent des barricades dans la plupart des grandes villes pour faire vaciller les absolutismes qui finissent par céder. Dans les royaumes comme dans les duchés, le peuple obtient la rédaction de constitutions qui limitent les pouvoirs des monarques. Des réformes libérales établissent la liberté d'expression, de presse et de réunion.
- À Milan et à Venise, le peuple obtient également des libertés. Les insurgés se tournent vers celui qu'ils considèrent comme le « roi libéral », Charles-Albert qui dirige le royaume de Piémont-Sardaigne. Le projet butte sur la résistance militaire autrichienne qui inflige une défaite sévère aux troupes italiennes à Custozza le 25 juillet 1848. Giuseppe Mazzini relance le mouvement et réussit à faire proclamer des républiques démocratiques à Venise, à Florence et même à Rome, provoquant la fuite du pape Pie IX en novembre 1848.
Proclamation de la République à Venise
Domaine public, © Wikimedia Commons
Charles-Albert tente une nouvelle fois de chasser les Autrichiens du Nord de l'Italie par la force mais il est vaincu à Novare en mars 1849. Il abdique en faveur de son fils Victor-Emmanuel II, fervent défenseur de l'indépendance et de l'unité italienne.
Dès 1849, les insurgés subissent une répression sévère qui rétablit l'influence autrichienne sur Venise en juin 1849. La monarchie pontificale est restaurée avec le soutien militaire du président de la République française, Louis-Napoléon Bonaparte. Ferdinand II reprend violemment le contrôle de la moitié sud de la péninsule. Au terme du « printemps des peuples » italien, en 1849, l'Italie n'est ni libérée ni unifiée ni libéralisée. Une exception subsiste au Nord, le royaume de Piémont-Sardaigne : le roi Victor-Emmanuel II gouverne de façon libérale dans le cadre d'une monarchie constitutionnelle.
Drapeau du Royaume de Piémont-Sardaigne
Les divisions au sein du Risorgimento
Au début des années 1850, le mouvement du Risorgimento est affaibli par les divisions. Les patriotes italiens n'ont pas tous la même vision de leur future nation.
- À gauche sur l'échiquier politique, les ouvriers partisans de Mazzini souhaitent créer une république démocratique et sociale par le moyen de la révolution, donc de la violence.
- À droite, les intellectuels et les bourgeois se rallient plutôt à l'idée d'une Italie unie sous le gouvernement d'une monarchie constitutionnelle, solution déjà mise en œuvre par Victor-Emmanuel II dans le royaume de Piémont-Sardaigne.
Le projet de droite s'affiche sur les murs des villes italiennes où les patriotes italiens inscrivent le graffiti « VIVA VERDI », qui est le nom du compositeur italien Guiseppe Verdi, mais qui forme aussi l'acronyme « Vive Victor-Emmanuel le roi d'Italie ».
Graffitis « VIVA VERDI », dessin politique anonyme, 1859
Domaine public, © Wikimedia Commons
Napoléon III et Cavour : le rapprochement franco-italien
Cavour, homme politique italien, entend relancer le processus d'unification de l'Italie. Pour cela, il lance une stratégie notamment diplomatique : il se tourne vers la France et recherche l'appui de Napoléon III. Les deux hommes trouvent un accord.
Camillo Benso dit « Cavour », fondateur du journal Il Risorgimento en 1847, est élu député en 1848 puis nommé ministre de l'Agriculture et des Finances : il est nommé chef du gouvernement du royaume de Piémont-Sardaigne par Victor-Emmanuel II en 1852.
Pour relancer le processus d'unification de l'Italie alors au point mort, Cavour met en œuvre une stratégie :
- Économique et militaire : Elle consiste à moderniser l'économie du royaume en la mettant sur les rails de l'industrialisation afin d'avoir les moyens financiers nécessaires pour renforcer sa puissance militaire.
- Diplomatique : Selon Cavour, les échecs de 1848 s'expliquent par l'obstination des patriotes à vouloir libérer l'Italie selon le principe « Italia fara da se » (« l'Italie se fera d'elle-même »). Cavour cherche au contraire à trouver des alliés susceptibles d'apporter un soutien diplomatique et militaire.
Pour défier la puissante armée autrichienne, Cavour se tourne vers la France gouvernée depuis 1852 par l'empereur Napoléon III.
En juillet 1858, Cavour et Napoléon III se rencontrent à Plombières dans les Vosges pour évoquer la question italienne.
Chacun défend ses intérêts et son projet. Cavour attend de Napoléon III qu'il s'engage à épauler le royaume de Piémont-Sardaigne pour reconquérir la Lombardie et la Vénétie aux Autrichiens. Napoléon III attend une contrepartie pour consolider sa popularité auprès des Français.
Un accord est conclu : Napoléon III devient l'allié de Cavour en échange du rattachement à la France de la ville de Nice et de la région de la Savoie, intégrées au royaume de Piémont-Sardaigne depuis le congrès de Vienne en 1815.
Napoléon III n'adhère pas totalement au projet d'unification de l'Italie. Il craint la naissance d'un nouvel État voisin qui pourrait devenir un concurrent et reste très attaché au maintien de l'indépendance des États pontificaux. Napoléon III préfère deux Italie, l'une gouvernée par Victor-Emmanuel II et l'autre par le pape, plutôt qu'une seule.
Vers l'unification de l'Italie
De 1859 à 1861 a lieu la deuxième guerre d'indépendance italienne. Grâce à Garibaldi, l'unification de l'Italie du Sud devient possible. L'entente franco-italienne est rompue à cause du soutien de la France au pape. L'Italie ressort triomphante du conflit et est enfin unifiée en 1871.
De 1859 à 1861 : deuxième guerre d'indépendance italienne
Désormais allié à la France, le royaume de Piémont-Sardaigne se sent prêt à affronter la puissance autrichienne. Cavour déclare la guerre à l'Autriche en mai 1859 : c'est le début de la guerre d'indépendance italienne. Elle permet l'unification de certains territoires italiens.
Les troupes franco-sardes pénètrent en Lombardie et remportent deux victoires, la première à Magenta et la seconde à Solférino. Les pertes humaines sont importantes pour la France, Napoléon III stoppe l'offensive. Il négocie avec l'Autriche un armistice signé à Villafranca, en Espagne, en novembre 1859.
Bataille de Magenta, Adolphe Yvon, 1863
Le royaume de Piémont-Sardaigne s'agrandit en annexant la Lombardie. Cavour change de stratégie : il pousse les Italiens des petits duchés du Centre à se révolter. La manœuvre fonctionne puisqu'au printemps 1860, les régions de Parme, de Modène et de Florence sont rattachées au royaume de Piémont-Sardaigne.
En deux ans, l'unification de l'Italie progresse puisque la péninsule est désormais divisée en quatre (et non plus en huit) :
- au nord, le royaume de Piémont-Sardaigne qui a doublé sa superficie en 2 ans, et la Vénétie toujours contrôlée par l'Autriche ;
- au sud, le royaume des Deux-Siciles ;
- au centre, les États pontificaux.
Le pape est fragilisé par le sentiment national. La région de Bologne se sépare des États pontificaux pour rejoindre le royaume de Piémont-Sardaigne qui réunit désormais plus de la moitié des 25 millions d'Italiens. Malgré son soutien au pape, la France de Napoléon III ne réagit pas. En contrepartie, Victor-Emmanuel II tient la promesse de Cavour en permettant le rattachement de Nice et de la Savoie à la France. Au cours d'un plébiscite organisé en avril 1860, Niçois et Savoyards valident d'ailleurs à plus de 90 % leur « réunion » à la France.
Giuseppe Garibaldi et l'unification du Sud de l'Italie
Au cours de l'année 1860, le royaume de Piémont-Sardaigne soutient l'expédition militaire menée par Giuseppe Garibaldi pour unifier la moitié sud. Depuis le début des années 1830, Garibaldi est un acteur influent du Risorgimento. Il permet l'unification du Sud de l'Italie. Cette unification est affirmée par un drapeau tricolore et un hymne national.
Garibaldi est membre de la « Jeune Italie ». Dès 1834, il défend le projet d'une Italie indépendante et unifiée. Il souhaite la naissance d'une république italienne démocratique et sociale. Lui et ses partisans portent des chemises rouges, couleur de la révolution sociale du peuple contre les bourgeois.
En 1860, il entreprend une expédition militaire pour conquérir le royaume des Deux-Siciles. Partie de Gênes avec environ 1 000 hommes, cette « expédition des Mille » débarque en Sicile en mai 1860. Les « chemises rouges » font une remontée triomphale jusqu'à Naples où Garibaldi est accueilli en héros et remet le pouvoir au roi Victor-Emmanuel II.
Les Napolitains votent le rattachement du Sud de l'Italie au royaume de Piémont-Sardaigne. Le 17 mars 1861, un nouveau pas est fait vers l'unification de l'Italie puisque la naissance du « royaume d'Italie » est proclamée à Turin puis, le 27 avril 1861, avec le soutien de la France, Victor-Emmanuel II devient « roi d'Italie » et installe sa capitale à Florence. La réalisation de l'unité italienne est affirmée par deux symboles :
- Le drapeau tricolore, dont les couleurs verte, blanche et rouge rappellent les débuts du Risorgimento dans les années 1820. La croix blanche sur fond rouge surmontée d'une couronne reconnaît le rôle moteur joué par le royaume de Piémont-Sardaigne dans le processus d'unification.
- L'hymne « Marcia Reale » (« La Marche Royale » en italien), une marche militaire composée par Giuseppe Gabetti en 1831 dont les paroles affirment que « les fils de la patrie se couvriront de gloire en criant Vive le Roi ! ».
Drapeau du royaume d'Italie
La fin de l'entente franco-italienne : vers l'unification italienne
Le Nord et le Sud de l'Italie sont réunis, mais la nouvelle Italie reste privée de deux régions. Au Nord, la Vénétie est toujours occupée par les Autrichiens. Au centre, Rome et sa région restent sous le contrôle du pape grâce la protection de la France. C'est la fin de l'entente franco-italienne. Finalement, l'Italie ressort triomphante de son opposition aux Autrichiens et aux Français. En 1871, elle est officiellement unifiée.
À partir de 1861, la question romaine vient dégrader les relations entre Napoléon III et le nouveau roi d'Italie. Victor-Emmanuel II veut faire de Rome la nouvelle capitale du royaume d'Italie, mais Napoléon III reste intransigeant sur cette question et refuse que le pape Pie IX perde son influence territoriale. L'armée française protège Rome contre l'expansionnisme du royaume d'Italie. L'unification italienne doit donc désormais se faire contre la France qui fait tout pour la freiner.
Napoléon III entravant l'Italie en empêchant son unité
Domaine public, © Wikimedia Commons
- En 1866, l'Autriche, affaiblie par la guerre contre la Prusse, accepte de quitter la Vénétie : le royaume d'Italie s'agrandit encore au nord.
- En 1870, suite à la déclaration de guerre de la France à la Prusse, Napoléon III est contraint de rappeler les troupes qui protègent Rome. La défaite française laisse la voie libre à l'armée italienne qui prend Rome le 20 septembre.
Victor-Emmanuel II fait de Rome la capitale du royaume d'Italie le 1er août 1871, malgré la résistance des catholiques et du pape qui se retranche au Vatican.
Ingresso di Garibaldi a Napoli i 7 settembre 1860 (Entrée de Garibaldi à Naples le 7 septembre 1860), Franz Wenzel Schwarz
Domaine public, © Wikimedia Commons
En 1870, c'est la chute du Second Empire. L'unification italienne est achevée en 1871.
La France contre l'unité allemande entre 1848 et 1871
Depuis 1815, les États allemand forment une Confédération germanique dominée par la Prusse et l'Autriche. On parle de Zollverein. Des mouvements animés par le nationalisme allemand existent, particulièrement en Prusse. Ils permettent la mise en place d'un Parlement allemand, mais celui-ci est de courte durée. C'est grâce au roi de Prusse Guillaume Ier et Bismarck, qui souhaitent un Empire allemand, qu'une stratégie anti-autrichienne est instaurée. Elle permet à Bismarck de se rapprocher de Napoléon III, qui est contre l'Autriche. Napoléon III accepte de ne pas intervenir dans la guerre entre la Prusse et l'Autriche, dont la Prusse ressort triomphante. La France devient alors le dernier ennemi de l'unification allemande, puisqu'elle a l'Alsace et la Lorraine. La Prusse lui déclare la guerre et réussit à reconquérir ces territoires.
Les mouvements libéraux et nationaux, moteurs du nationalisme allemand
Malgré la fermeté de l'ordre monarchique, des mouvements libéraux et nationaux se développent en Allemagne. Leur aspect nationaliste est très marqué. Ces mouvements obtiennent une limitation des pouvoirs du roi de Prusse en 1848, au moment du « printemps des peuples ».
Des étudiants de l'association baptisée la Burschenschaft (« fraternité » en allemand) multiplient les actions pour réclamer une constitution, des libertés et l'unification des peuples de langue germanique dans une seule et même nation unifiée et indépendante. Les patriotes allemands organisent de nouvelles insurrections mais elles sont toutes sévèrement réprimées par l'Autriche.
En 1848, le « printemps des peuples » déclenche de nouvelles insurrections dans la plupart des États allemands. Des barricades sont dressées par les ouvriers à Berlin : le nouveau roi de Prusse Frédéric-Guillaume IV est contraint d'accepter la limitation de ses pouvoirs par une constitution libérale.
Patriotes allemands sur les barricades de Berlin en 1848
Domaine public, © Wikimedia Commons
Le nouveau Parlement allemand : une tentative de courte durée
Composé de députés élus au suffrage universel, le nouveau Parlement allemand installé à Francfort en mars 1848 adopte une « déclaration des droits du peuple allemand ». La marche vers l'unité allemande est toutefois empêchée par les divisions et les hésitations à propos de la forme que doit prendre la future Allemagne unifiée.
- Le camp des conservateurs défend le projet d'un « Grand Empire allemand », c'est-à-dire une Allemagne englobant l'Autriche, placée sous son influence.
- Le camp des libéraux milite pour un « Petit Empire allemand », réunissant exclusivement les peuples de langue et de culture germanique, gouverné par le roi de Prusse, adoptant le suffrage universel et excluant l'Autriche.
C'est finalement le projet du « Petit Empire » qui est retenu par le Parlement.
Craignant une violente riposte de la puissance autrichienne, le roi de Prusse Frédéric-Guillaume IV refuse de recevoir la couronne impériale du peuple. En 1850, sous la pression de l'Autriche, le roi de Prusse enterre le projet. Le jeune Parlement allemand est finalement dissout.
En 1850, l'unité allemande n'est pas réalisée : 39 États, comme Hanovre et Mecklembourg au nord, Bade, Wurtemberg et la Bavière au sud, Thuringe et Saxe au centre, forment une mosaïque de principautés, de duchés et de royaumes indépendants. Ils ont un point commun : l'ordre monarchique y règne et les idéaux révolutionnaires y sont combattus.
La stratégie anti-autrichienne de Bismarck
Le royaume de Prusse est le plus étendu et le plus influent. Il est coupé en deux parties, l'une à l'ouest autour de Cologne et l'autre à l'est autour de Berlin. À partir de 1861, la Prusse est gouvernée par le roi Guillaume Ier qui nomme au poste de ministre des Affaires étrangères Otto von Bismarck en 1862. Les deux hommes ont pour ambition de restaurer un puissant Empire allemand pour former un « IIe Reich ». Bismarck lance une stratégie anti-autrichienne. En 1866, une guerre éclate entre la Prusse et l'Autriche, en s'assurant que la France restera neutre. La Prusse triomphe.
Le Ier Reich a duré presque un millénaire avant d'être conquis par Napoléon Ier en 1806.
En 1864, Bismarck lance sa stratégie anti-autrichienne.
- Il demande à l'Autriche d'accompagner la Prusse dans la guerre contre le Danemark. Victorieuses, les deux puissances se partagent les terres conquises.
- En octobre 1865, il se rend « secrètement » en France, à Biarritz. Il y rencontre Napoléon III à qui il annonce son plan. Il souhaite utiliser comme prétexte la mauvaise gestion autrichienne des terres conquises pour lui déclarer la guerre et profiter de la modernité de son armée et de la neutralité de la France pour la vaincre. Napoléon III accepte de ne pas intervenir.
En 1866, la Prusse déclare la guerre à l'Autriche. L'armée prussienne, composée de 220 000 hommes commandés par von Moltke, pénètre en Autriche et livre une bataille de trois semaines à Sadowa près de Prague. Reconnaissables sur le champ de bataille à leurs casques noirs à pointe dorée, les soldats prussiens prennent rapidement le dessus, notamment grâce à l'efficacité de leurs armes. Le 3 juillet 1866, la Prusse triomphe. La Confédération germanique est remplacée en 1866 par « la Confédération de l'Allemagne du Nord » qui regroupe tous les États allemands protestants sous le gouvernement de la Prusse. Cette victoire donne confiance à Guillaume Ier et Bismarck pour s'attaquer au second obstacle de l'unité allemande : la France de Napoléon III.
La naissance de l'Empire allemand
Lorsque Napoléon III déclare la guerre à la Prusse le 19 juillet 1870, tous les États allemands, sans exception, expriment leur sentiment national en s'alliant à la Prusse. La Prusse ressort victorieuse de cette guerre : l'unification allemande est faite en 1871, c'est la naissance de l'Empire allemand avec le IIe Reich.
Deux fois plus nombreuses avec 500 000 hommes, les troupes prussiennes franchissent la frontière du Nord-Est de la France en plusieurs point et mettent en déroute l'armée française mal équipée et mal préparée. Le 2 septembre 1870, la France capitule et Napoléon III est fait prisonnier à Sedan.
Domaine public, © Wikimedia Commons
- Le 18 janvier 1871, dans la galerie des Glaces du château de Versailles, Guillaume Ier, Bismarck et les Princes allemands proclament la naissance de l'Empire allemand, le « IIe Reich » en allemand. Guillaume Ier en prend la tête avec le titre de « Kaiser » (« empereur » en allemand) avec Bismarck comme « chancelier », c'est-à-dire chef du gouvernement.
- Le 28 janvier 1871, le « IIe Reich » force le gouvernement provisoire de la IIIe République française à signer un armistice.
- Le 10 mai 1871, le IIe Reich impose le traité de Francfort qui permet l'annexion de l'Alsace et de la Lorraine.
L'unité allemande est donc achevée au détriment de la France et du peuple français qui nourrit dès lors un sentiment de revanche.