Dans chacun des textes suivants, repérer les figures de style de l'ironie.
« Pleurez, doux alcyons ! ô vous, oiseaux sacrés,
Oiseaux chers à Thétis, doux alcyons, pleurez !
Elle a vécu, Myrto, la jeune Tarentine !
Un vaisseau la portait aux bords de Camarine :
Là, l'hymen, les chansons, les flûtes, lentement,
Devaient la reconduire au seuil de son amant.
Une clef vigilante a, pour cette journée,
Sous le cèdre enfermé sa robe d'hyménée
Et l'or dont au festin ses bras seront parés
Et pour ses blonds cheveux les parfums préparés. »
(André Chénier, « La Jeune Tarentine », Les Bucoliques, 1819)
« LE COMTE.
Je crois que c'est ce coquin de Figaro.
FIGARO.
C'est lui-même, Monseigneur.
LE COMTE.
Maraud ! Si tu dis un mot...
FIGARO.
Oui, je vous reconnais ; voilà les bontés familières dont vous m'avez toujours honoré. »
(Beaumarchais, Le Barbier de Séville, acte I, scène 2, 1775)
« ORGON.
Ce que je viens d'entendre, ô Ciel ! Est-il croyable ?
TARTUFFE.
Oui, mon frère, je suis un méchant, un coupable,
Un malheureux pécheur, tout plein d'iniquité,
Le plus grand scélérat qui jamais ait été.
[...]
ORGON, à son fils.
Ah ! traître, oses-tu bien, par cette fausseté,
Vouloir de sa vertu ternir la pureté ?
DAMIS.
Quoi ! la feinte douceur de cette âme hypocrite
Vous fera démentir… »
(Molière, Le Tartuffe, acte III, scène 6, 1669)
« Après toutes les figures pentagones, hexagones et hétéroclites qui s'étaient succédé à cette lucarne sans réaliser cet idéal du grotesque qui s'était construit dans les imaginations exaltées par l'orgie, il ne fallait rien moins, pour enlever les suffrages, que la grimace sublime qui venait d'éblouir l'assemblée. Maître Coppenole lui-même applaudit ; et Clopin Trouillefou, qui avait concouru, et Dieu sait quelle intensité de laideur son visage pouvait atteindre, s'avoua vaincu. Nous ferons de même. Nous n'essayerons pas de donner au lecteur une idée de ce nez tétraèdre, de cette bouche en fer à cheval, de ce petit œil gauche obstrué d'un sourcil roux en broussailles tandis que l'œil droit disparaissait entièrement sous une énorme verrue, de ces dents désordonnées, ébréchées çà et là, comme les créneaux d'une forteresse, de cette lèvre calleuse sur laquelle une de ces dents empiétait comme la défense d'un éléphant, de ce menton fourchu, et surtout de la physionomie répandue sur tout cela, de ce mélange de malice, d'étonnement et de tristesse. »
(Victor Hugo, Notre-Dame de Paris, 1831)
« Une traîtresse voix bien souvent vous appelle ;
Ne vous pressez donc nullement :
Ce n'était pas un sot, non, non, et croyez-m'en,
Que le Chien de Jean de Nivelle »
(Jean de La Fontaine, « Le Faucon et le Chapon », Fables, 1678)