Nommer chacune des figures de style de l'ironie en gras.
« Pleurez, doux alcyons ! ô vous, oiseaux sacrés,
Oiseaux chers à Thétis, doux alcyons, pleurez !
Elle a vécu, Myrto, la jeune Tarentine !
Un vaisseau la portait aux bords de Camarine :
Là, l'hymen, les chansons, les flûtes, lentement,
Devaient la reconduire au seuil de son amant. »
(André Chénier, « La Jeune Tarentine », Élégies, 1787)
« Je ne vous peindrai point le tumulte et les cris,
Le sang de tous côtés ruisselant dans Paris,
Le fils assassiné sur le corps de son père,
Le frère avec la sœur, la fille avec la mère,
Les époux expirant sous leurs toits embrasés,
Les enfants au berceau sur la pierre écrasés :
Des fureurs des humains c'est ce qu'on doit attendre.
Mais ce que l'avenir aura peine à comprendre,
Ce que vous-même encore à peine vous croirez,
Ces monstres furieux, de carnage altérés,
Excités par la voix des prêtres sanguinaires,
Invoquaient le Seigneur en égorgeant leurs frères ;
Et, le bras tout souillé du sang des innocents,
Osaient offrir à Dieu cet exécrable encens. »
(Voltaire, « Chant deuxième », La Henriade, 1723)
« Elle enlève le bonnet grec et dépose d'un geste à la fois langoureux et hardi, sur le front d'Antoine, son époux, mon père, un baiser furtif. On a surpris quelque chose ce matin, je ne sais pas quoi, mais ma mère a mis son châle jaune et son beau chapeau – celui au petit melon et à l'oiseau au gros ventre. Elle va chez la femme du proviseur. Elle en revient en se frottant les mains et en balançant joyeusement la tête : à en faire tomber l'oiseau et le melon. Dix minutes après, je vois Margoton qui fait ses paquets et à qui on règle son compte. Elle a laissé de la viande dans son assiette : qu'y a-t-il ? »
(Jules Vallès, L'Enfant, 1869)
« Être jeune, avoir soif du monde, avoir faim d'une femme, et voir s'ouvrir pour soi deux maisons ! Mettre le pied au faubourg Saint-Germain chez la vicomtesse de Beauséant, le genou dans la Chaussée-d'Antin chez la comtesse de Restaud ! Plonger d'un regard dans les salons de Paris en enfilade, et se croire assez joli garçon pour y trouver aide et protection dans un cœur de femme ! Se sentir assez ambitieux pour donner un superbe coup de pied à la corde raide sur laquelle il faut marcher avec l'assurance du sauteur qui ne tombera pas, et avoir trouvé dans une charmante femme le meilleur des balanciers ! Avec ces pensées et devant cette femme qui se dressait sublime auprès d'un feu de mottes, entre le Code et la misère, qui n'aurait comme Eugène sondé l'avenir par une méditation, qui ne l'aurait meublé de succès ? »
(Honoré de Balzac, Le Père Goriot, 1835)
« PREMIÈRE EUMÉNIDE.
C'est avec cette épée que tu les as tués ?
DEUXIÈME EUMÉNIDE.
Oui, elle coupe le fer. Tu juges, pour le faon ! Elle l'avait traversé qu'il n'avait rien senti.
PREMIÈRE EUMÉNIDE.
Je n'ai aucune arrière-pensée. Je ne veux pas t'influencer… Mais si une épée comme celle-là tuait ta sœur, nous serions bien tranquilles !
DEUXIÈME EUMÉNIDE.
Tu veux que je tue ma sœur ? »
(Jean Giraudoux, Électre, acte I, scène XII, © Le Livre de Poche, 1937)