Quelle caractéristique de ce texte permet de dire qu'il s'agit d'un drame bourgeois ?
« LE PÈRE DE FAMILLE.
Parle, cruel enfant ; aie pitié du mal que j'endure.
SAINT-ALBIN, toujours à genoux.
Si j'ai jamais éprouvé votre bonté ; si dès mon enfance j'ai pu vous regarder comme l'ami le plus tendre ; si vous fûtes le confident de toutes mes joies et de toutes mes peines, ne m'abandonnez pas ; conservez-moi Sophie ; que je vous doive ce que j'ai de plus cher au monde. Protégez-la... Elle va nous quitter, rien n'est plus certain... Voyez-la, détournez-la de son projet... La vie de votre fils en dépend... Si vous la voyez, je serai le plus heureux de tous les enfants, et vous serez le plus heureux de tous les pères.
LE PÈRE DE FAMILLE, à part.
Dans quel égarement il est tombé ! »
Denis Diderot, Le Père de famille, acte I, scène 7, 1760
Quelle caractéristique de ce texte permet de dire qu'il s'agit d'un drame romantique ?
« PHILIPPE.
Votre gaieté est triste comme la nuit ; vous n'êtes pas changé, Lorenzo.
LORENZO.
Non, en vérité, je porte les mêmes habits, je marche toujours sur mes jambes, et je bâille avec ma bouche ; il n'y a de changé en moi qu'une misère — c'est que je suis plus creux et plus vide qu'une statue de fer-blanc.
PHILIPPE.
Partons ensemble ; redevenez un homme. Vous avez beaucoup fait, mais vous êtes jeune.
LORENZO.
Je suis plus vieux que le bisaïeul de Saturne — je vous en prie, venez faire un tour de promenade.
PHILIPPE.
Votre esprit se torture dans l'Inaction ; c'est là votre malheur. Vous avez des travers, mon ami. »
Alfred de Musset, Lorenzaccio, acte V, scène 7, 1834
Quelle caractéristique de ce texte permet de dire qu'il s'agit d'un drame spirituel ?
« DONA PROUHÈZE.
Qu'ai-je voulu que te donner la joie ! Ne rien garder ! Être entièrement cette suavité ! Cesser d'être moi-même pour que tu aies tout ! Là où il y a le plus de joie, comment croire que je suis absente ? Là où il y a le plus de joie, c'est là qu'il y a le plus Prouhèze ! Je veux être avec toi dans le principe ! Je veux épouser ta cause ! Je veux apprendre avec Dieu à ne rien réserver, à être cette chose toute bonne et toute donnée qui ne réserve rien et à qui l'on prend tout ! Prends, Rodrigue, prends mon cœur, prends, mon amour, prends ce Dieu qui me remplit ! »
Paul Claudel, Le Soulier de satin, © Gallimard, NRF, 1943
Quelle caractéristique de ce texte permet de dire qu'il s'agit d'un drame bourgeois ?
« ALMAVIVA, à Bégearss.
Vous vous êtes rendu indigne de l'honneur que vous demandez. Ce n'est point par cette voie-là qu'un homme comme vous doit terminer sa vie.
BÉGEARSS, fait un geste affreux sans parler.
FIGARO, arrêtant Léon vivement.
Non, jeune homme, vous n'irez point. Monsieur votre père a raison ; et l'opinion est réformée sur cette horrible frénésie : on ne combattra plus ici que les ennemis de l'État. Laissez-le en proie à sa fureur, et s'il ose vous attaquer, défendez-vous comme d'un assassin. Personne ne trouve mauvais qu'on tue une bête enragée. Mais il se gardera de l'oser : l'homme capable de tant d'horreur, doit être aussi lâche que vil.
BÉGEARSS, hors de lui.
Malheureux !
ALMAVIVA, frappant du pied.
Nous laissez-vous enfin ? C'est un supplice de vous voir.
Madame Almaviva, effrayée sur son siège, Florestine et Suzanne la soutiennent : Léon se réunit à elles.
BÉGEARSS.
Oui, morbleu ! Je vous laisse ; mais j'ai la preuve en main de votre infâme trahison. Vous n'avez demandé l'agrément de la cour, pour échanger vos biens d'Espagne, que pour être à portée de troubler, sans péril, l'autre côté des Pyrénées. »
Beaumarchais, La Mère coupable, acte V, scène 7, 1792
Quelle caractéristique de ce texte permet de dire qu'il s'agit d'un drame romantique ?
« HERNANI, d'une voix de plus en plus faible.
Doña Sol, tout est sombre… Souffres-tu ?
DOÑA SOL, d'une voix également éteinte.
Rien, plus rien.
HERNANI.
Vois-tu des feux dans l'ombre ?
DOÑA SOL.
Pas encore.
HERNANI, avec un soupir.
Voici…
Il tombe.
DON RUY GOMEZ, soulevant sa tête qui retombe.
Mort ! »
Victor Hugo, Hernani, acte 5, scène 6, 1830