Quel est le type de raisonnement utilisé dans chacun des extraits suivants ?
Dites-moi, ne croyez-vous point voir, distinctement, cette goutte d'eau ? Cependant, si je la place entre ces deux feuilles de cristal, devant le réflecteur de ce microscope solaire et que j'en projette le strict reflet sur cette soie blanche, là-bas, où tout à l'heure vous apparut l'enchanteresse Alicia, vos yeux ne récuseront-ils pas leur premier témoignage devant le spectacle, plus intime, que leur dévoilera d'elle-même cette goutte d'eau ? […] ― Donc, n'oubliez plus que nous ne voyons des choses que ce que leur suggèrent nos seuls yeux ; nous ne les concevons que d'après ce qu'elles nous laissent entrevoir de leurs entités mystérieuses ; nous n'en possédons que ce que nous en pouvons éprouver, chacun selon sa nature !
Auguste de Villiers de L'Isle-Adam, L'Ève future, 1886
La misère est une maladie du corps social comme la lèpre était une maladie du corps humain ; la misère peut disparaître comme la lèpre a disparu.
Victor Hugo, « Détruire la misère » (Discours à l'Assemblée), 1849
Sans doute ce monde enchanté, où a vécu l'humanité avant d'arriver à la vie réfléchie, […] avait un charme inexprimable, et il se peut qu'en face de cette nature sévère et inflexible que nous a créé le rationalisme, quelques-uns se prennent à regretter le miracle et à reprocher à l'expérience de l'avoir banni de l'univers. Mais ce ne peut être que par l'effet d'une vue incomplète des résultats de la science. Il ne faut jamais s'effrayer de la marche de la science, puisqu'il est sûr qu'elle ne mènera qu'à découvrir d'incomparables beautés.
Ernest Renan, L'Avenir de la science, 1890
[...] tout homme étant né libre et maître de lui-même, nul ne peut, sous quelque prétexte que ce puisse être, l'assujettir sans son aveu.
Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social, 1762
Si nous fussions nés avec condition de cotillons et de greguesques, il ne faut faire doute que nature n'eût armé d'une peau plus épaisse ce qu'elle eût abandonné à la batterie des saisons, comme elle a fait le bout des doigts et plante des pieds.
Michel de Montaigne, Essais, I, 36, 1580