On considère le texte suivant :
« Il est dans les lettres et les arts des écoles qui ne survivent guère aux générations qui leur ont donné naissance - faute, sans doute, d'une universalité, d'une profondeur humaine qui les auraient mises à l'abri du temps : ainsi le symbolisme en France, l'expressionnisme en Allemagne, qui, pourtant, ont eu leur moment de vogue européenne. Aucun de ces mouvements ne s'est imposé comme ferment de renouvellement à travers les mutations périodiques de l'esprit européen. Le romantisme, par contre, n'a cessé d'agir au cours des époques qui l'ont suivi comme provocation ou repoussoir sur ceux qui cherchaient, dans les arts et les lettres, à frayer la voie vers des horizons nouveaux. Naguère, on affublait ironiquement de l'étiquette romantique toute attitude contraire au souci primordial de réalisme et de raison pratique. Aujourd'hui, la jeunesse se réclame volontiers d'une sorte de néoromantisme. La critique incisive du progrès technique, de ses objectifs strictement utilitaires et la peur de se trouver asservi à une civilisation industrielle mondiale, avec ses rechutes dans la barbarie et son insouciance du bonheur et de la vie de l'âme, tout cela a ramené l'attention vers les aspirations de l'âge romantique. Non pas, certes, pour les restaurer dans leurs formes historiques ; rien n'est plus périmé aujourd'hui que les mièvreries sentimentales de 1830 ; mais certaines attitudes d'esprit typiques du romantisme resurgissent actuellement chez nos contemporains. »
Alfred Biedermann, « L'Esprit romantique de la jeunesse actuelle », Le Romantisme européen, 1972
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