On donne un texte extrait de La Controverse de Valladolid de Jean-Claude Carrière (Texte A) et un texte extrait du roman Vendredi ou les limbes du Pacifique de Michel Tournier (Texte B).
Texte A
De tout temps les envahisseurs, pour se justifier de leur mainmise, ont déclaré les peuples conquis indolents, dépourvus, mais très capables d'imiter ! César racontait la même chose des Gaulois qu'il asservissait ! Ils montraient, disait-il, une étonnante habileté pour copier les techniques romaines ! Nous ne pouvons pas retenir ici cet argument ! César s'aveuglait volontairement sur la vie véritable des peuples de la Gaule, sur leurs coutumes, leurs langages, leurs croyances et même leurs outils ! Il ne voulait pas, et par conséquent ne pouvait pas voir tout ce que cette vie offrait d'original. Et nous faisons de même : nous ne voyons que ce qu'ils imitent de nous ! Le reste, nous l'effaçons, nous le détruisons à jamais, pour dire ensuite : ça n'a pas existé !
Texte B
La joie qu'éprouva Robinson en reprenant possession de cette terre qu'il avait crue perdue à jamais était accordée aux rougeoiements du couchant. Immense était certes son soulagement, mais il y avait quelque chose de funèbre dans la paix qui l'entourait. Plus encore que blessé il se sentait vieilli, comme si la visite du Whitebird avait marqué la fin d'une très longue et heureuse jeunesse. Mais qu'importait ? Aux premières lueurs de l'aube le navire anglais lèverait l'ancre et reprendrait sa course errante, emporté par la fantaisie de son ténébreux commandant. Les eaux de la Baie du Salut se refermeraient sur le sillage du seul navire ayant approché Speranza en vingt-huit ans. À mots couverts, Robinson avait laissé entendre qu'il ne souhaitait pas que l'existence et la position de cet îlot fussent révélées par l'équipage du Whitebird. Ce vœu était trop conforme au caractère du mystérieux Hunter pour qu'il ne le fasse pas respecter. Ainsi serait définitivement close cette parenthèse qui avait introduit vingt-quatre heures de tumulte et de désagrégation dans l'éternité sereine des Dioscures.
Quelle est la thèse défendue par le texte A ?
Quelle est la thèse défendue par le texte B ?
Lequel de ces textes est convaincant ? Lequel est persuasif ?