On donne un texte extrait du traité Émile ou De l'éducation de Jean-Jacques Rousseau (Texte A) et un texte extrait de l'article de Philippe Cibois publié dans la revue Esprit (Texte B).
Texte A
Les femmes, de leur côté, ne cessent de crier que nous les élevons pour être vaines et coquettes, que nous les amusons sans cesse à des puérilités pour rester plus facilement les maîtres ; elles s'en prennent à nous des défauts que nous leur reprochons. Quelle folie ! Et depuis quand sont-ce les hommes qui se mêlent de l'éducation des filles ? Qui est-ce qui empêche les mères de les élever comme il leur plaît ? Elles n'ont point de collège : grand malheur ! Eh ! Plût à Dieu qu'il n'y en eût point pour les garçons ! Ils seraient plus sensément et plus honnêtement élevés ! Force-t-on vos filles à perdre leur temps en niaiseries ? Leur fait-on malgré elles passer la moitié de leur vie à leur toilette, à votre exemple ? Vous empêche-t-on de les instruire et faire instruire à votre gré ? Est-ce notre faute si elles nous plaisent quand elles sont belles, si leurs minauderies nous séduisent, si l'art qu'elles apprennent de vous nous attire et nous flatte, si nous aimons à les voir mises avec goût, si nous leur laissons affiler à loisir les armes dont elles nous subjuguent ? Eh ! Prenez le parti de les élever comme les hommes, ils y consentiront de bon cœur. Plus elles voudront leur ressembler, moins elles gouverneront, et c'est alors que nous serons vraiment les maîtres.
Texte B
Il est évident que la réforme est difficile : en effet, toute modification de l'aspect visuel des mots nécessitera des efforts d'adaptation du lecteur et donc le perturbera. La même modification qui soulagera les scripteurs apportera une gêne au lecteur et nous sommes beaucoup plus lecteurs que scripteurs. Il faut donc envisager des réformes modérées et progressives.
En effet, une réforme modérée peut facilement être digérée par le lecteur : elle ne le perturbera pas plus que lorsque son quotidien favori modifie sa présentation ou ses polices de caractères. On est gêné quelques jours et au bout de quelques semaines on en arrive à oublier la présentation antérieure.
Cette faculté d'oubli alliée à une progressivité de la réforme fait que l'on peut envisager des réformes, même profondes, mais à long terme (c'est d'ailleurs la stratégie employée par toutes les commissions de réforme européennes). Il suffit de faire des réformes cohérentes qui ne se remettent pas en cause les unes les autres et de n'en faire une nouvelle que lorsque la précédente a été intégrée, c'est-à-dire oubliée.
Quelle est la thèse défendue par le texte A ?
Quelle est la thèse défendue par le texte B ?
Lequel de ces textes est convaincant ? Lequel est persuasif ?