On donne un texte extrait de l'essai Le Roman en liberté de Félicien Marceau (Texte A) et un texte extrait du poème "À qui la faute ?" de Victor Hugo (Texte B).
Texte A
Pourtant cette notion de témoignage appelle quelques réserves. Et particulièrement que (une fois de plus) l'attention est attirée ici plus sur la chose regardée que sur le regard. On imagine mal un président de tribunal écoutant patiemment un témoignage qui n'intéresserait pas la Cour on l'imagine plus mal encore renvoyant un témoin parce qu'il s'exprime avec gaucherie. Or, dans le roman, ces deux péripéties sont constantes. Même si, a priori, son sujet nous intéresse, nous pouvons très bien abandonner un roman à la page dix si sa forme nous rebute. En revanche, nous pouvons très bien, dans un roman, nous intéresser à des gens dont les équivalents dans la vie ne nous intéresseraient pas du tout. Je connais des Monsieur Homais : dans la vie, je m'en écarte avec soin. Je connais des Madame Verdurin : la seule idée d'aller passer une heure à leurs raouts me fait me réveiller la nuit en poussant des cris d'épouvante. Je connais des cousine Bette : je cours encore. D'où vient alors que, dans les romans où ces différents personnages figurent, je les retrouve avec tant de bonheur, et j'écoute si volontiers leurs propos ?
Texte B
Tu jettes, misérable, une torche enflammée !
De tout l'esprit humain tu fais de la fumée !
As-tu oublié que ton libérateur,
C'est le livre ? le livre est là sur la hauteur ;
Il luit ; parce qu'il brille et qu'il les illumine,
Il détruit l'échafaud, la guerre, la famine ;
Il parle ; plus d'esclave et plus de paria.
Ouvre un livre Platon, Milton, Beccaria.
Lis ces prophètes, Dante, ou Shakespeare, ou Corneille ;
L'âme immense qu'ils ont en eux, en toi s'éveille ;
Ébloui, tu te sens le même homme qu'eux tous ;
Tu deviens en lisant grave, pensif et doux ;
Tu sens dans ton esprit tous ces grands hommes croître ;
Ils t'enseignent ainsi que l'aube éclaire un cloître ;
À mesure qu'il plonge en ton cœur plus avant,
Leur chaud rayon t'apaise et te fait plus vivant ;
Ton âme interrogée est prête à leur répondre ;
Tu te reconnais bon, puis meilleur ; tu sens fondre
Comme la neige au feu, ton orgueil, tes fureurs,
Le mal, les préjugés, les rois, les empereurs !
Car la science en l'homme arrive la première.
Quelle est la thèse défendue par le texte A ?
Quelle est la thèse défendue par le texte B ?
Lequel de ces textes est convaincant ? Lequel est persuasif ?