Sommaire
ILes caractéristiques de l'intégration européenne et ses effets sur la croissanceALes étapes de l'intégration européenneBSes effets sur la croissance1Les effets du marché unique2Les effets de la monnaie uniqueIILes politiques européennesALa politique de la concurrenceBLa politique monétaireCLa politique budgétaireIIILes difficultés de la mise en place des politiques européennesALes limites de la politique de la concurrenceBLes difficultés de mener un politique monétaire communeCLes difficultés de coordonner les politiques budgétairesDLa difficile mise en place d'un « policy mix »Les caractéristiques de l'intégration européenne et ses effets sur la croissance
Les étapes de l'intégration européenne
L'intégration économique est le processus de développement des interdépendances entre des pays, par l'accroissement des échanges et la mise en œuvre de politiques communes ou harmonisées.
Selon Béla Balassa, il existe une typologie de l'intégration économique (théorie de 1961) :
- La zone de libre-échange : droits de douane et restrictions quantitatives aux échanges abolis entre pays de la zone. Les tarifs douaniers nationaux et les politiques économiques restent libres. Dans l'Union européenne, cette étape correspondant à création de la CECA en 1951 par 6 pays (France, Allemagne, Italie, Belgique, Luxembourg, Pays-Bas) sur les échanges de charbon et d'acier.
- L'union douanière : zone de libre-échange dotée d'un tarif extérieur commun établie en 1968 à la suite du traité de Rome de 1957 qui marque la création de la CEE, Communauté économique européenne.
- Le marché commun : union douanière avec libre circulation des hommes et des capitaux créée en 1986 par l'Acte unique européen.
- L'intégration économique et monétaire : marché commun avec harmonisation des politiques économiques et une union monétaire actée en 1992 avec le traité de Maastricht et mise en place en 2002 avec la circulation de l'euro.
- L'intégration totale, économique et politique : implique l'unification des politiques économiques et suppose la création d'une autorité supranationale en partie réalisée à travers le triangle institutionnel en 1957 mais limitée à certains domaines et sans autorité supranationale complète.
L'UE est donc la plus importante forme d'intégration économique mais elle reste inachevée.

Ses effets sur la croissance
Les effets du marché unique
Il assure la libre circulation des biens, des services, des capitaux et des personnes.
Le marché unique est censé dynamiser la croissance pour plusieurs raisons :
- il permet la baisse des prix et une hausse du pouvoir d'achat des consommateurs ;
- il augmente la compétitivité des entreprises européennes au niveau mondial. La baisse des prix accroît leur compétitivité-prix et l'intensification de la concurrence à l'intérieur de l'Europe pousse les entreprises européennes à innover et accroître leur compétitivité hors prix ;
- il renforce les échanges intra-communautaires ;
- une meilleure allocation des facteurs de production (travail et capital) ;
- la création d'emplois.

Les effets de la monnaie unique
La monnaie unique adoptée par plusieurs pays à la place de leurs monnaies antérieures est censée dynamiser la croissance pour plusieurs raisons :
- la transparence augmente sur les marchés grâce aux prix exprimés en euros ;
- la baisse sur les prix allégés des taux de change ;
- l'alignement progressif des prix dans toute l'Europe ;
- des économies sur les coûts de transaction qui augmenterait le pouvoir d'achat des consommateurs et des entreprises ;
- la stabilité des changes qui renforce la place de l'UE dans le commerce international.

Les politiques européennes
La politique de la concurrence
La politique de la concurrence correspond à l'intervention des pouvoirs publics qui vise à limiter les positions dominantes sur le marché et mettre fin à toute pratique anticoncurrentielle.
Son objectif principal est de s'assurer que les entreprises européennes soient en concurrence pour proposer des prix plus faibles et/ou des biens ou services de meilleure qualité.
Pour y parvenir, elle va :
- lutter contre les ententes illicites ;
- interdire les abus de position dominante ;
- contrôler les fusions-acquisitions ;
- contrôler les aides d'État versées aux entreprises nationales.

La politique monétaire
La politique monétaire est une politique qui, pour agir sur la masse monétaire, augmente ou diminue le taux d'intérêt. La politique monétaire est menée par les banques centrales.
On distingue deux types de politiques monétaires :
- une politique monétaire expansionniste qui consiste à augmenter la masse monétaire, l'objectif étant de stimuler l'activité économique ;
- une politique monétaire restrictive diminue au contraire la masse monétaire, l'objectif principal étant de lutter contre l'inflation.
La politique monétaire de la zone euro a été confiée à la Banque centrale européenne (BCE) car elle est indépendante à l'égard des autorités politiques nationales ou européennes.
L'objectif de la BCE est d'avoir un taux d'inflation inférieur à 2 % à l'année, en contrôlant la croissance de la masse monétaire et donc l'émission de monnaie et de crédits.

La politique budgétaire
La politique budgétaire est une politique conjoncturelle qui cherche à agir sur l'activité économique en modulant les recettes (taxes et impôts) et les dépenses (enseignement, santé, défense, etc.) de l'État.
On distingue deux types de politiques budgétaires :
- une politique budgétaire expansionniste (ou de relance) consiste à augmenter les dépenses publiques afin de stimuler la demande des ménages et l'investissement public et relancer la croissance ;
- une politique budgétaire de rigueur consiste à réduire les dépenses publiques et permet de lutter contre l'inflation et d'éviter également de creuser les déficits publics.

Les difficultés de la mise en place des politiques européennes
Les limites de la politique de la concurrence
La politique de la concurrence limite la compétitivité des entreprises européennes par :
- le contrôle des fusions, qui peut apparaître comme contraire à la politique industrielle car il limite la croissance de certains groupes européens et donc leur compétitivité sur les marchés mondiaux ;
- le contrôle des aides d'État, qui empêche les États de soutenir leurs industries pour gagner en compétitivité hors UE ;
- la défense de la concurrence, qui a des conséquences telles que le dumping social, environnemental ou fiscal.

Les difficultés de mener un politique monétaire commune
Avec une monnaie unique et une politique monétaire commune, chacun des pays abandonne son autonomie dans la conduite de sa politique monétaire. L'objectif d'une inflation maintenue sous le seuil des 2 % rencontre deux types de difficultés dans la zone euro :
- Les pays de la zone euro n'ont pas les mêmes taux d'inflation, ce qui pose le problème du choix du taux directeur. Les pays membres ne peuvent pas utiliser leur politique monétaire pour relancer la croissance et l'emploi grâce à une baisse des taux d'intérêt en cas de crise.
- Les pays de la zone euro ne présentent pas le même bilan en matière de solde extérieur. Les pays de la zone euro se sont privés de l'arme de la dévaluation : n'ayant pas de politique de change, ils ne peuvent rétablir un déséquilibre de leur balance courante par une dépréciation de la monnaie pour accroître leurs exportations et/ou diminuer leurs importations. De ce fait, ils ne peuvent pas équilibrer leur solde extérieur grâce à une politique monétaire de relance.

Les difficultés de coordonner les politiques budgétaires
La politique budgétaire est confrontée à plusieurs contraintes :
- la contrainte extérieure : la relance de la demande intérieure peut s'orienter en partie vers l'offre extérieure, c'est-à-dire faire progresser les importations. C'est particulièrement le cas dans une économie dont l'appareil productif est peu compétitif. L'augmentation des importations pèse alors sur le déficit extérieur ;
- la contrainte budgétaire : les politiques de relance budgétaire augmentent le déficit public, lequel alimente la dette publique et augmente la charge de la dette.
Dans l'UE, elle est définie au niveau national mais elle est encadrée par le « Pacte de stabilité et de croissance » (PSC) adopté en 1997 au sommet européen d'Amsterdam. L'objectif est de soutenir la politique de stabilité des prix de la BCE et d'éviter les effets de débordement négatifs d'une politique budgétaire trop déficitaire d'un État sur ses partenaires.
Il impose donc deux règles strictes :
- l'équilibre budgétaire comme norme et l'interdiction d'avoir un déficit public supérieur à 3 % du PIB ;
- le ratio entre la dette publique et le PIB ne doit pas dépasser 60 %.
Ces contraintes sont assorties d'un mécanisme de surveillance multilatérale. Si la règle n'est pas respectée, un système d'alerte rapide signale les risques de dérapage. Cependant, les sanctions prévues ont manqué de crédibilité. Les premiers États ayant dépassé le seuil n'ont pas été sanctionnés. Dès lors, le PSC a été peu respecté. D'autre part, les critères sont mal définis et donc de nouveaux sont désormais pris en compte qui imposent des efforts en période de croissance mais qui ont été suspendus depuis la crise du Covid-19 qui a obligé tous les États membres à fortement s'endetter.
Cela limite donc les effets positifs de l'harmonisation des politiques budgétaires :
- les politiques budgétaires restent nationales et ne sont pas coordonnées : les pays sont tentés de se faire concurrence en matière d'impôts et de charges sociales ;
- certains pays craignent que l'harmonisation vers les niveaux de protection les plus élevés se traduise par un affaiblissement de la compétitivité des entreprises et donc par des pertes d'emplois et un niveau de chômage plus élevé encore ;
- le Pacte de stabilité et de croissance empêche de mener une politique de relance nécessaire ce qui nuit à la croissance.

La difficile mise en place d'un « policy mix »
Le « policy mix » est défini comme l'orientation conjointe des politiques monétaire et budgétaire, à un moment donné du cycle économique.
Les politiques monétaires et les politiques budgétaires ne sont pas coordonnées dans l'UE, donc le « policy mix » est impossible puisque la BCE et les gouvernements ne mettent pas au point ensemble le même type de politique. Cependant, une politique contracyclique pourrait contribuer à stimuler l'économie lorsque celle-ci tend à ralentir, et à la freiner lorsqu'elle s'emballe et s'avère être un bon instrument pour faire face aux fluctuations économiques.
