L'atomisme
Épicure et Lucrèce
La physique épicurienne est matérialiste et antifinaliste. L'atomisme permet d'expliquer scientifiquement et rationnellement la nature sans avoir besoin de recourir à une intervention des dieux. L'ensemble de la réalité matérielle est expliquée par l'existence des atomes et par celle du vide. L'atome est le plus petit des éléments des corps composés et donc de l'Univers entier. C'est la partie la plus élémentaire de la matière. Les atomes sont invisibles et en nombre infini. Ils sont en perpétuel mouvement et s'assemblent pour former des agrégats grâce au clinamen.
La Phusis d'Aristote
Aristote
Aristote
Métaphysique
Aristote, dans Métaphysique, V, 4, définit le concept de Phusis comme le mouvement consistant à venir à être par soi-même. La Phusis se rattache au mouvement téléologique de croître, pousser, faire naître, se développer. « Phusis se dit, en un premier sens, de la génération de ce qui croît ». Tout ce qui appartient à la Phusis possède un principe de mouvement propre qui va le mener à la fin qui est la sienne. La nature est composée de matière et de forme. Cette complémentarité est l'hyllémorphisme. Tout élément de la Phusis tend ainsi par nature vers la forme finale qui est la sienne propre. Le scientifique comprend donc la nature en déterminant qu'elle est la fin propre de chaque chose, le « ce en vue de quoi » est chaque chose.
La nature expliquée par l'épistémé classique
L'histoire naturelle est rendue possible par le maintien d'une distance entre la nature et le langage humain qui la désigne, c'est-à-dire entre le mot et la chose. Le mot et le tableau représentent la chose, mais ils ne sont pas la chose elle-même. L'ordre dans lequel l'homme met les choses de la nature ne concerne pas l'être des choses, mais seulement la manière dont elles peuvent être connues. Cet ordre apparaît alors comme nécessaire et naturel par rapport à la pensée, et comme arbitraire par rapport aux choses. L'homme use alors de signes de convention lui servant de grille de lecture. Autrement dit, l'homme n'essaie pas de parler le langage de la nature, car elle lui restera toujours en elle-même inaccessible. Il tâche au contraire d'ériger un langage permettant l'explication de la nature par l'entendement humain.
La physique cartésienne
René Descartes
Opérer une mathématisation de la nature en énonçant ses lois permet une parfaite intelligibilité de la nature. Cette mathématisation de la nature, que la théorie mécaniste réduit à un ensemble de lois, s'accompagne d'une naturalisation de la mathématique. Autrement dit la nature est explicable par des lois mathématiques, car elle est en elle-même d'essence mathématique. Ce sont les vérités éternelles qui garantissent la validité des vérités mathématiques, et de fait celle des lois de la nature. La physique se fonde ainsi sur la métaphysique.
La provocation sensible
Gaston Bachelard
L'Eau et les Rêves : Essai sur l'imagination de la matière
Bachelard appelle « provocation du sensible » dans L'Eau et les Rêves le rapport naissant d'une provocation du sensible qui invite le sujet à se mettre en route vers le sensible. La nature est la cause d'une provocation sensible du sujet, lequel doit mener un travail esthétique et artistique pour rendre compte de cette provocation. Ceci est une autre manière pour l'homme de rendre compte de la nature.
L'artialisation du regard
Oscar Wilde
Le Déclin du mensonge
1891
Wilde expose dans Le Déclin du mensonge la thèse selon laquelle l'art serait la cause d'une artialisation de notre regard. Ce serait alors seulement par le biais de l'art que l'homme accéderait à la nature. Par conséquent, la nature n'existe pas en elle-même, mais elle est notre création. Elle existe seulement parce qu'on la voit esthétiquement, c'est-à-dire à travers des catégories artistiques.