Sommaire
IL'identité dans le temps : le bateau de ThéséeIILes limites de la souveraineté du sujetALes manifestations de l'inconscientBLa construction linguistique du sujetIIIL'affirmation du sujetALe sujet est celui qui dit « je »BLa conscience de soiL'identité dans le temps : le bateau de Thésée
Le bateau de Thésée
L'histoire du bateau de Thésée est une légende grecque, rapportée notamment par Plutarque.
Thésée est parti d'Athènes combattre le Minotaure, et lorsqu'il revient vainqueur de cette bataille, son bateau est préservé par les Athéniens. Pour qu'il résiste à l'usure, les Athéniens retirent les planches usées et les remplacent au fur et à mesure, si bien que le bateau semble neuf des siècles plus tard.
Au bout d'un temps, deux points de vue s'opposent afin de savoir s'il s'agit toujours du même bateau. En effet, les uns disent que ce bateau est le même, puisqu'il a encore la même forme ; les autres affirment que le fait d'avoir changé toutes les planches du bateau en a fait un tout autre bateau.
Le problème est donc de savoir si le changement de matière du bateau implique aussi un changement d'identité, ou si l'identité est maintenue parce que la forme du bateau reste la même.
Cette histoire du bateau de Thésée permet de poser clairement le problème de la persistance de l'identité dans le temps. En effet, qu'est-ce qui fait qu'une chose reste la même dans le temps malgré les changements qui l'affectent ? Et plus particulièrement, peut-on dire d'une personne qu'elle reste la même entre les premières années de son existence et la fin de sa vie ?
Cet exemple permet donc de poser la question des critères de l'identité d'une chose ou d'une personne.
Les limites de la souveraineté du sujet
Les manifestations de l'inconscient
Lapsus et actes manqués
Pour prouver la validité de son concept d'inconscient, Freud distingue des manifestations de cette partie du psychisme qui échappe à l'homme jusque dans l'expérience quotidienne.
C'est le cas des lapsus, c'est-à-dire de ces mots qui nous échappent lorsque nous avions prévu de dire autre chose. Par exemple, on peut se tromper de nom lorsque l'on s'adresse à quelqu'un.
C'est aussi le cas de ce que l'on appelle communément les actes manqués, c'est-à-dire le fait de ne pas faire quelque chose alors que l'on voulait le faire.
Pour Freud, ces actes sont révélateurs d'un conflit inconscient. Par exemple, se tromper de destinataire lors de l'envoi d'une lettre, oublier une écharpe ou un parapluie chez quelqu'un, ou bien abîmer ou casser involontairement un cadeau d'anniversaire.
Pour la psychanalyse, ces actes expriment un désir inconscient ; du point de vue de l'inconscient, ce sont donc des actes réussis : ils permettent à l'inconscient de s'exprimer. Mais pour le sujet conscient, ces actes sont bien le signe d'une absence de maîtrise de ses pensées et de ses actes.
La construction linguistique du sujet
C'est dans et par le langage que l'homme se constitue comme sujet.
Émile Benveniste
Problèmes de linguistique générale, Paris, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque des Sciences humaines »
1966
C'est par l'usage du langage, qui distingue les personnes (je, tu, il/elle), que l'individu se construit comme sujet, c'est-à-dire comme individu. C'est uniquement l'usage de la première personne qui donne à chacun une conscience de son individualité.
L'affirmation du sujet
Le sujet est celui qui dit « je »
Le je pense doit pouvoir accompagner toutes mes représentations.
Emmanuel Kant
Critique de la raison pure, (Kritik der reinen Vernunft), trad. A. Tremesaygues et C. Pacaud, Paris, éd. PUF
1781
Être sujet, pour Kant, c'est avoir la capacité d'unifier toutes ses représentations. Et cette unification participe de la permanence de l'identité dans le temps.
La conscience de soi
Par le mot penser, j'entends tout ce qui se fait en nous de telle sorte que nous l'apercevons immédiatement par nous-mêmes.
René Descartes
Les Principes de la philosophie, (Principia philosophiae), trad. Claude Picot, Paris, éd. frères Delalain (1885)
1644
La conscience de soi est immédiate : il n'y a pas de médiation entre l'homme et sa conscience.