Sommaire
ILes trois formulations de la loi moraleIIL'obligation moraleIIILa morale utilitaristeIVMorale et bonheur : AristoteVLe conflit des devoirsLes trois formulations de la loi morale
Agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu puisses vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle.
Emmanuel Kant
Fondements de la métaphysique des mœurs, (Grundlegung zur Metaphysik der Sitten), trad. Victor Delbos, Paris, éd. Le Livre de Poche (1993)
1785
Cette première formulation de l'impératif catégorique indique la manière dont la raison découvre en elle-même la règle morale qu'elle doit suivre. Aussi, pour savoir si une action est morale, il faut se demander si l'on peut vouloir que chaque homme fasse cette même action. La maxime de l'action doit donc être universalisable.
Agis de telle sorte que ta volonté puisse se considérer elle-même en même temps comme légiférant universellement grâce à sa maxime.
Emmanuel Kant
Fondements de la métaphysique des mœurs, (Grundlegung zur Metaphysik der Sitten), trad. Victor Delbos, Paris, éd. Le Livre de Poche (1993)
1785
Dans cette formulation de la loi morale, Kant insiste sur le fait qu'elle est intérieure à l'individu. Lorsque l'homme formule la loi morale à l'aide de sa raison, il doit reconnaître que cette loi a un caractère universel : tout homme peut la formuler de la même manière. En outre, Kant montre ici qu'en réalité, l'homme est bien celui qui énonce la loi morale. Ainsi, se soumettre à cette loi, c'est se soumettre à une loi dont on est l'auteur.
Agis de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen.
Emmanuel Kant
Fondements de la métaphysique des mœurs, (Grundlegung zur Metaphysik der Sitten), trad. Victor Delbos, Paris, éd. Le Livre de Poche (1993)
1785
Dans cette formulation de la loi morale, Kant met l'accent sur le respect absolu que l'on doit à la dignité humaine. En effet, aucun homme ne peut être réduit au statut de moyen, c'est-à-dire d'une chose dont on peut disposer, sous peine de nier sa liberté et son autonomie. Chaque homme possède la capacité de poser les fins qui lui sont propres : c'est pourquoi tout individu doit être considéré comme une fin en soi, et non comme un moyen.
L'obligation morale
Les commandements religieux
-
« Dans le "Décalogue" de la Bible, des commandements religieux sont imposés à l'homme. Certains commandements relèvent plus précisément du devoir et de la morale. Ce sont
- Tu ne tueras point.
- Tu ne commettras point d'adultère.
- Tu ne déroberas point.
- Tu ne porteras point de faux témoignage contre ton prochain.
- Tu ne convoiteras point la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni sa maison, ni aucune chose qui appartienne à ton prochain »
Les commandements, religieux, fondent également une obligation morale. L'homme, moralement, ne doit pas se livrer à certains actes répréhensibles.
La morale utilitariste
Aucun système éthique ne demande que le seul motif de tout ce que nous faisons soit un sentiment de devoir ; bien au contraire, 90 % de toutes nos actions ont leur source dans d'autres motifs et, à juste titre, à condition que la règle du devoir ne les condamne pas. […] Celui qui sauve son semblable de la noyade fait ce qui est moralement juste, que son motif soit le devoir ou l'espoir d'être rétribué pour son geste ; celui qui trahit l'ami qui lui fait confiance est coupable d'un crime, même si son objet était de servir un autre ami vis-à-vis duquel il avait une obligation plus grande.
John Stuart Mill
L'Utilitarisme, (Utilitarianism), trad. Georges Tanesse, Paris, éd. Flammarion, coll. "Champs Classiques" (2008)
1871
Dans cette citation, Mill souligne qu'une multitude de facteurs peuvent pousser un individu à agir moralement (l'intérêt, le désir de reconnaissance, etc.). Ce n'est donc pas le sentiment pur du devoir qui pousse l'homme à agir moralement. Néanmoins, cela n'a pas d'incidence sur le caractère moral de l'action réalisée : seules les conséquences de cette action doivent être prises en compte pour évaluer sa moralité.
Morale et bonheur : Aristote
Le bonheur est quelque chose de parfait et qui se suffit à soi-même, et il est la fin de nos actions.
Aristote
Éthique à Nicomaque, trad. Jules Tricot, Paris, éd. Vrin, coll. "Bibliothèque des Textes philosophiques" (1990), (1re éd. 1959)
IVe siècle av. J.-C.
Aristote souligne ici que le bonheur est ce que l'homme recherche à travers toutes ses actions. C'est pourquoi il le nomme souverain bien : c'est une chose recherchée pour elle-même, et non en vue d'autre chose.
Le conflit des devoirs
Le dilemme tragique
Dans la tragédie classique, le dilemme tragique est une crise insurmontable où un personnage est obligé de choisir entre deux solutions dont chacune lui causera du malheur. Il est nécessairement perdant. Souvent, deux devoirs s'affrontent.
Dans Bérénice de Racine, Titus doit choisir entre le pouvoir et l'amour. S'il reste roi, il perd Bérénice, s'il choisit Bérénice, il n'est plus roi. Le « devoir » amoureux et le devoir politique s'affrontent donc en Titus.
L'homme est particulièrement tourmenté quand il est face à des choix moraux difficiles. Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise solution. La situation est donc sans issue. On parle d'aporie.
Les deux types de devoir qui s'opposent ici pourraient aussi être opposés comme le devoir et le désir, ou alors comme une obligation morale et une contrainte affective.