La loi morale
Kant
Kant
Fondements de la métaphysique des mœurs
1785
Kant
Critique de la raison pratique
1788
Kant, dans sa réflexion sur la moralité, a mis en évidence que chaque homme peut trouver en lui la forme de la loi morale. Cette forme est celle d'un impératif catégorique : un devoir qui n'est pas soumis à une hypothèse, mais qui est inconditionné. L'impératif catégorique commande donc sans condition : il faut le respecter parce que c'est un devoir. En outre, l'impératif catégorique est universel : chacun peut l'exprimer en faisant usage de sa raison. Il vaut donc pour tout homme, et doit être plus fort que les désirs des individus.
Pour savoir si nous agissons moralement, Kant propose un test d'universalisation de la maxime de notre action : il faut se demander si l'on peut vouloir que chaque homme adopte cette même maxime. Kant énonce ainsi un critère nécessaire et suffisant pour juger de la moralité d'une action.
Agis seulement d'après la maxime grâce à laquelle tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle.
Emmanuel Kant
Fondements de la métaphysique des mœurs, (Grundlegung zur Metaphysik der Sitten), trad. Victor Delbos, Paris, éd. Le Livre de Poche (1993)
1785
Emmanuel Kant indique ici la façon dont la raison nous permet de découvrir si notre action est morale.
Le principe d'utilité
Bentham
Bentham
Principes de la morale et de la législation
1789
Stuart Mill
L'Utilitarisme
1871
Le principe d'utilité est un principe moral qui énonce qu'il faut juger la moralité d'une action en fonction de ses conséquences pour le bien-être général. En effet, reconnaissant qu'une multitude de facteurs peuvent pousser un individu à agir moralement, cette doctrine propose de ne pas tenir compte des intentions de l'agent, insondables le plus souvent, et de ne s'intéresser qu'aux conséquences de son acte. Ainsi, plus les conséquences d'une action seront heureuses pour un grand nombre de personnes, plus l'acte sera jugé moralement bon. L'utilitarisme prescrit donc de toujours accomplir l'acte le plus utile pour le plus grand nombre : c'est le principe d'utilité. L'acte utile est donc celui qui produit le plus de satisfaction possible, pour le plus grand nombre de personnes possible. Cette philosophie refuse donc de concevoir un bien en soi. Le critère pour évaluer la moralité d'une action est clair : si un acte produit de la satisfaction sans causer de tort à personne, alors il est moralement bon.
Bonheur et vertu
Aristote
Aristote
Éthique à Nicomaque
IVe siècle av. J.-C.
Pour Aristote, le bonheur constitue le "souverain bien", c'est-à-dire la fin dernière de toutes les actions humaines. En effet, selon lui, chaque activité poursuit un but : la santé pour la médecine, la victoire pour la stratégie, etc. Aristote se demande donc s'il existe une chose qui soit la fin dernière de tous nos actes, qui ne soit pas "désirable en vue d'une autre chose" mais uniquement en elle-même. La seule fin de ce genre est le bonheur : même l'honneur, le plaisir ou l'intelligence sont des fins en vue du bonheur. Le bonheur est donc la fin suprême de toutes nos actions.
Néanmoins, Aristote propose une définition précise du bonheur. En effet, puisque la spécificité de l'Homme, son essence, est d'être rationnel, c'est-à-dire doué de raison, alors pour réaliser l'excellence qui lui est propre, il doit tâcher de vivre une vie selon la raison. La sagesse, c'est-à-dire être vertueux, est ce qui peut rendre l'Homme heureux.
La banalité du mal
Arendt
Arendt
Eichmann à Jérusalem. Rapport sur la banalité du mal
1966
La "banalité du mal" est une expression utilisée pour la première fois par la philosophe Hannah Arendt, après sa participation au procès d'Eichmann. Ce dernier est un responsable nazi, qui est jugé en avril 1961 à Jérusalem pour ses crimes. Hannah Arendt présente une nouvelle approche du mal, qui choque à l'époque et continue encore de faire polémique.
La "banalité du mal" est un concept philosophique qui pose la possibilité de l'inhumain en chaque homme. Hannah Arendt remet donc en cause l'idée du Bien et du Mal. Surtout, elle stipule que le système totalitaire est nocif, et pousse certains hommes à commettre des actes horribles. Mais ces actes ne sont pas perçus comme criminels par les coupables, qui ne savent pas ou ne peuvent pas sentir qu'ils font le mal. Ainsi, Hannah Arendt explique que le système totalitaire a réussi à tuer "l'animal politique" en l'Homme. Le sujet n'est pas la source même du mal, il est le lieu où se manifeste le mal.
Primo Levi souligne bien que les nazis ne sont pas des monstres, mais des hommes, dans Si c'est un homme, publié en 1947: "Ils étaient faits de la même étoffe que nous, c'étaient des êtres humains moyens, moyennement intelligents, d'une méchanceté moyenne : sauf exception, ce n'étaient pas des monstres, ils avaient notre visage."
Hannah Arendt ne dit pas que la banalité du mal dédouane le criminel, contrairement à ce que certains de ses détracteurs ont dit. De même, elle ne dit pas que tous les hommes sont capables de faire le mal, elle souligne plutôt qu'il y a en chaque homme la possibilité du mal.
La notion d'autonomie
Kant
Kant
Fondements de la métaphysique des mœurs
1785
Kant
Critique de la raison pratique
1788
L'autonomie est une notion fondamentale dans la philosophie kantienne. C'est la plus importante dans la définition de la morale. Kant dit que si un individu agit sans principes, il n'a pas de scrupules. C'est ce que Kant appelle l'anarchie morale. Si la loi lui est imposée, il n'acquiert pas de morale : il cesse de mal agir simplement car il obéit. C'est ce que Kant appelle l'hétéronomie morale.
Ainsi, pour Kant, c'est uniquement si l'individu s'impose une loi qu'il agit de façon morale. De la loi morale que s'impose l'Homme naît donc la dignité humaine. En effet, en s'imposant une loi, l'Homme devient digne.
L'autonomie est donc le principe de la dignité de la nature humaine et de toute nature raisonnable.
Emmanuel Kant
Fondements de la métaphysique des mœurs, (Grundlegung zur Metaphysik der Sitten), trad. Victor Delbos, Paris, éd. Le Livre de Poche (1993)
1785