Sommaire
ILa liberté comme absence de contrainteALa liberté selon HobbesBLa contrainte comme absence de liberté : l'exemple du brigand de RousseauCLa responsabilité pour PlatonIILiberté et libre arbitreALe libre arbitre proprement humainBL'illusion du libre arbitreIIILa liberté comme obéissance à la loiLa liberté comme absence de contrainte
La liberté selon Hobbes
Le mot de "liberté" désigne proprement l'absence d'opposition (j'entends par opposition : les obstacles extérieurs au mouvement).
Thomas Hobbes
Léviathan, Paris, éd. Gallimard, Gérard Mairet (2000)
1651
Pour Hobbes, la liberté doit être comprise comme liberté de mouvement, c'est-à-dire comme absence d'obstacle extérieur à la réalisation de quelque chose que nous avons le pouvoir de faire.
Il est donc possible de voir si une chose est libre ou non : il suffit de voir si son mouvement n'est pas empêché. Cette liberté de mouvement ne concerne donc que le corps.
La contrainte comme absence de liberté : l'exemple du brigand de Rousseau
Le brigand
Dans Du contrat social, Rousseau prend l'exemple d'un brigand rencontré au coin d'un bois et qui, armé d'un couteau, exige de moi que je lui donne ma bourse.
Dans cet exemple, obéir au brigand revient à céder à la contrainte. Je suis donc contraint de donner ma bourse si le brigand est plus fort que moi ; en revanche, si je trouve un moyen de ne pas la lui donner, alors rien ne peut m'obliger légitimement à le faire. Dans cette situation, je ne suis absolument pas libre : je me soumets à la force.
C'est à ce type de soumission que Rousseau oppose l'obéissance à la loi que l'on s'est donné, qui elle est une forme de liberté.
La responsabilité pour Platon
Le mythe d'Er
Dans La République, Platon raconte le mythe d'Er.
C'est l'histoire du voyage d'Er dans le lieu divin. Tué sur un champ de bataille, Er devient un observateur et un témoin de ce qui arrive aux âmes après la mort des hommes. Chaque âme passe devant un juge, qui décide de l'envoyer au ciel ou sous la terre en fonction de ses actions. Une fois le jugement décidé, les âmes vont au ciel ou sous terre, puis ressortent après quelques temps. Chaque âme a un génie, qui l'accompagne ensuite devant les trois Moires, également appelées Parques. Ce sont des divinités qui filent le destin des vivants. Les âmes sont alors invitées à choisir le modèle de leur prochaine vie. La majorité des âmes choisit une existence facile, faite de plaisirs et de tentations. Certaines choisissent même des existences animales. Les Moires fixent alors les choix faits par les âmes et leur attribuent un nouveau génie qui les accompagnera dans ce nouveau destin. Par la suite, les âmes sont amenées au bord du fleuve Amélès et en boivent l'eau. Elles oublient alors leurs vies antérieures.
Par ce mythe, Platon souligne que l'âme a une responsabilité personnelle dans son destin. Les dieux ne décident pas complètement. Il "regrette" d'ailleurs que les hommes choisissent rarement des modèles de vies dédiés à l'étude, la philosophie et la sagesse. L'Homme jouit donc d'une certaine liberté dans sa destinée.
Liberté et libre arbitre
Le libre arbitre proprement humain
L'âne de Buridan
Le dilemme de l'âne de Buridan est une "expérience de pensée" imaginée par le penseur du XIVe siècle qui portait ce nom. Selon Buridan, un âne, placé à égale distance d'un seau d'eau et d'un bac d'avoine, et ayant également faim et soif, ne pourrait pas, faute de libre arbitre, se décider entre les deux, et mourrait de faim et de soif.
Cette invention est généralement utilisée pour mettre en évidence le fait que l'homme, contrairement aux animaux, peut choisir une chose ou une autre. Son libre arbitre lui permettrait de faire des choix même entre deux choses qu'il veut autant (liberté d'indifférence) - quand les "choix" des animaux seraient eux toujours faits en fonction d'une cause précise, voire d'un instinct.
L'illusion du libre arbitre
Une pierre par exemple reçoit d'une cause extérieure qui la pousse, une certaine quantité de mouvement et, l'impulsion de la cause extérieure venant à cesser, elle continuera à se mouvoir nécessairement. Cette persistance de la pierre dans le mouvement est une contrainte, non parce qu'elle est nécessaire, mais parce qu'elle doit être définie par l'impulsion d'une cause extérieure. […] Concevez maintenant, si vous voulez bien, que la pierre, tandis qu'elle continue de se mouvoir, pense et sache qu'elle fait effort, autant qu'elle peut, pour se mouvoir. Cette pierre, assurément, puisqu'elle a conscience de son effort seulement et qu'elle n'est en aucune façon indifférente, croira qu'elle est très libre et qu'elle ne persévère dans son mouvement que parce qu'elle le veut.
Baruch Spinoza
Lettre à Schuller, dans Œuvres, Paris, éd. Garnier-Flammarion (1955)
1677
Cet exemple permet à Spinoza de critiquer le concept de libre arbitre. En effet, ce n'est pas parce que nous croyons que nous choisissons que nous sommes réellement la cause de nos actions. Ainsi, ce n'est pas parce que les hommes sont ignorants des causes qui les déterminent à agir qu'ils se croient libres.
Spinoza oppose à cette liberté illusoire la vraie liberté, qui est connaissance de la nécessité. Ainsi, être libre passe par une connaissance des causes qui déterminent à agir.
La liberté comme obéissance à la loi
L'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté.
Jean-Jacques Rousseau
Du contrat social, Paris, éd. GF Flammarion (2011)
1762
La seule forme légitime d'obéissance à la loi est que chaque citoyen en soit l'auteur. Ainsi, se soumettre à la loi d'un pays doit être en même temps se soumettre à la loi qu'on s'est donné.
Dans l'autonomie, on ne doit obéir qu'à soi-même : cette forme de liberté est supérieure à la liberté naturelle, c'est-à-dire la possibilité de faire tout ce que l'on veut, car elle trouve son origine dans la raison. C'est le cœur de la liberté politique : en obéissant à la volonté générale, chaque citoyen n'obéit qu'à lui-même.