Sommaire
ILe système féodalALes origines du système féodalBLes relations féodalesIILes Capétiens et l'affermissement du pouvoir royalALa naissance de la dynastie des CapétiensBL'agrandissement du domaine royalCL'affirmation d'un État royalIIILes difficultés de la monarchie (XIVe - XVe siècle)ALes origines de la guerre de Cent AnsBUne situation critique pour la monarchieCLa poursuite de la modernisation de la monarchieÀ partir du IXe siècle, le système de la féodalité se met en place. Le roi, puis les grands seigneurs, offrent des terres, appelées fiefs en échange de services. Cependant, ces terres finissent par échapper totalement à l'autorité du roi.
La guerre, les mariages et les achats de terres permettent au roi d'agrandir son domaine royal et de renforcer son pouvoir.
Le développement de l'administration renforce le pouvoir du roi qui est représenté par des fonctionnaires sur tout le territoire.
Malgré l'épisode de la guerre de Cent Ans, qui affaiblit l'autorité royale temporairement, l'État féodal évolue vers une monarchie moderne.
Le système féodal
Les origines du système féodal
Au IXe siècle, des invasions extérieures bouleversent les fondements du système politique. Le roi n'est pas capable de défendre le royaume contre les attaques des Normands, des Sarrasins et des Hongrois. Pour défendre son royaume, il confie des terres à de grands seigneurs comme les ducs et les comtes afin qu'ils en assurent eux-mêmes la défense. En échange, le roi reçoit un serment d'obéissance de la part des grands seigneurs.
Assez rapidement, les grands seigneurs n'obéissent plus au roi qui a peu de moyens pour se faire respecter. Les terres sont transmises héréditairement et sont considérées par les grands seigneurs comme leur propriété.
Les seigneurs affichent leur pouvoir par la construction de châteaux forts et s'entourent de chevaliers. Les grands seigneurs, pour se protéger, distribuent eux aussi des terres, appelés fiefs, à des seigneurs moins puissants.
Ce système de fidélité autour de terres, les fiefs, s'appelle la féodalité.
Les relations féodales
Le système féodal est un système hiérarchique qui unit des hommes entre eux autour de fiefs :
- Celui qui donne un fief est nommé le suzerain.
- Celui qui reçoit le fief est nommé le vassal.
- Un même seigneur peut être vassal d'un grand seigneur et suzerain d'un petit seigneur.
- Un seigneur devient le vassal d'un autre seigneur lors de la cérémonie de l'hommage.
Cérémonie de l'hommage
La cérémonie de l'hommage est une cérémonie par laquelle un vassal promet fidélité à son suzerain.
La cérémonie de l'hommage se déroule de la façon suivante :
- Le vassal s'agenouille devant son suzerain et lui promet fidélité en posant les mains dans celles de son suzerain. Ce geste peut être suivi d'un baiser de la paix.
- Le vassal jure sa fidélité sur des objets sacrés.
- Le suzerain remet au vassal un objet symbolisant le fief qu'il lui donne : c'est l'investiture.
La cérémonie de l'hommage
Miniature du XIIIe siècle, archives départementales, Perpignan
Le système féodal qui établit des liens d'"homme à homme" comporte des obligations réciproques :
- Le vassal doit accompagner son suzerain en guerre, c'est le service d'ost.
- Il ne doit pas lui "faire tort", c'est-à-dire le trahir.
- Il doit le conseiller.
- Il doit l'aider financièrement en cas de besoin comme pour le mariage de sa fille ou si le grand suzerain est prisonnier et qu'il faut payer une rançon.
- Le suzerain permet à son vassal de vivre et d'entretenir sa famille par la remise du fief.
- Lorsqu'un vassal ne respecte pas son engagement, il devient un félon.
Le système féodal
Les Capétiens et l'affermissement du pouvoir royal
La naissance de la dynastie des Capétiens
En 987, Hugues Capet succède au dernier roi issu de la dynastie carolingienne (la dynastie issue de Charlemagne) :
- Son pouvoir est faible.
- Il ne contrôle qu'une petite partie du royaume, le domaine royal. Le reste du territoire est constitué par les fiefs des grands seigneurs.
Mais le roi est le "seigneur suprême" et la dynastie capétienne s'installe durablement :
- Le roi est au sommet de la hiérarchie féodale car il n'est le vassal de personne.
- Le sacre à Reims fait de lui un personnage élu de Dieu.
- Les Capétiens ont la chance d'avoir toujours un héritier mâle du XIe au XIVe siècle et ils font couronner cet héritier de leur vivant.
Sacre
Le sacre est une cérémonie religieuse pendant laquelle le roi est couronné. Il est oint du saint chrême, c'est-à-dire qu'on lui applique une huile considérée comme sainte sur le front.
Les rois capétiens sacrent leur fils aîné de leur vivant. Ainsi Henri Ier, troisième roi de la dynastie capétienne, est sacré à Reims le 14 mai 1027 pendant le règne de son père, Robert II.
L'agrandissement du domaine royal
Les rois agrandissent le domaine royal en affirmant leur statut de seigneur suprême.
Les premiers Capétiens éprouvent des difficultés à imposer leur pouvoir sur les grands seigneurs. À partir du milieu du XIIe siècle, les rois tentent d'imposer l'hommage aux grands seigneurs : ceux qui refusent se voient confisquer leur fief.
Pour récupérer les fiefs, le roi doit faire la guerre. Philippe Auguste (1180 - 1223) remporte la bataille de Bouvines en 1214. C'est la première fois depuis plus de cent ans qu'un roi gagne contre ses vassaux, notamment contre le roi d'Angleterre (Jean sans Terre) qui possède des fiefs en France.
Mais d'autres moyens sont utilisés pour agrandir et consolider le royaume :
- Des terres sont rachetées par le roi.
- Des mariages permettent de s'emparer de nouvelles terres. Par exemple, Philippe le Bel (1285 - 1314) se marie avec Jeanne de Navarre et récupère la région de Champagne.
- La lutte pour imposer l'autorité royale sur les vassaux se maintient. Blanche de Castille (1188 - 1252) gouverne la régence pendant la minorité de son fils Louis et réprime la révolte des barons, des vassaux du roi.
L'agrandissement du domaine royal du XIe siècle au XVe siècle
L'affirmation d'un État royal
L'autorité du roi se consolide, le système féodal est progressivement remplacé par un système monarchique.
Philippe Auguste renforce le pouvoir du roi en administrant le royaume :
- Il installe le pouvoir royal à Paris et renforce l'administration.
- Il nomme des baillis (au Nord) et des sénéchaux (au Sud) pour le représenter sur l'ensemble du domaine royal. Ils sont en charge de la justice, des finances et de l'armée royale dans leur province.
- Il s'entoure de légistes qui l'aident dans son gouvernement.
Après lui, les rois Louis IX (1226 - 1270) et Philippe le Bel (1285 - 1314) réorganisent la cour du roi en conseils spécialisés :
- Le conseil du roi est chargé de conseiller le roi sur les affaires politiques.
- Le Parlement reçoit les appels en justice.
- La chambre des comptes est responsable des finances royales.
Louis IX impose une même monnaie dans tout le royaume : l'écu.
Philippe le Bel (1285 - 1314) crée les premiers États généraux. Il confisque aussi les biens des templiers pour résoudre ses difficultés financières.
Le roi administre ainsi directement son royaume, on assiste à la naissance d'un État monarchique moderne.
États généraux
Les États généraux sont des assemblées convoquées par le roi réunissant des membres du clergé, de la noblesse et des bourgeois dont le but est de faire accepter la politique du roi.
Philippe le Bel crée les premiers États généraux en 1302.
Les difficultés de la monarchie (XIVe - XVe siècle)
Les origines de la guerre de Cent Ans
Une crise de succession met en difficulté les rois de France : à la mort de Charles IV en 1328, les Capétiens n'ont plus de successeurs directs.
L'héritier le plus proche est Édouard, le petit-fils de Philippe le Bel. Mais Édouard est également roi d'Angleterre sous le nom d'Édouard III par sa mère. Il est inconcevable pour les Grands du royaume de France que le roi d'Angleterre soit aussi le roi de France.
Les Français invoquent la loi salique (qui est en réalité rédigée pour l'occasion) qui fixe les règles de succession et interdit la succession au trône par l'intermédiaire d'une femme.
Le cousin de Charles IV est sacré roi de France, il s'agit de Philippe de Valois (1328 - 1350).
Une situation critique pour la monarchie
La France et l'Angleterre s'opposent dans un conflit, la guerre de Cent Ans, qui va durer de 1337 à 1453. Édouard III, qui possède des fiefs en France, refuse de prêter hommage au roi de France et revendique le trône de France.
Les Français subissent de nombreuses défaites contre les Anglais à Crécy et à Calais. Le roi français Jean II le Bon est fait prisonnier à Poitiers en 1356.
Sous le règne de Charles VI le Fou (1380 à 1422) de nombreux seigneurs français, comme le duc de Bourgogne, s'allient aux Anglais. Suite à la défaite d'Azincourt (1415) le nord du pays est contrôlé par le roi d'Angleterre.
En 1420, le traité de Troyes, imposé par les Anglais victorieux, écarte le fils de Charles VI du trône de France et désigne comme héritier le roi d'Angleterre.
La situation évolue en faveur des Français, en partie grâce à Jeanne d'Arc. En 1429, Jeanne d'Arc, une paysanne, prétend entendre des voix qui lui ordonnent de chasser les Anglais hors de France et de mettre sur le trône Charles VII, le fils de Charles VI. À la tête d'une armée, elle reprend Orléans aux Anglais et permet le couronnement de Charles VII (1422 - 1461) à Reims. Elle est ensuite capturée par les Bourguignons et brûlée par les Anglais en 1431.
Charles VII poursuit la reconquête du royaume et la guerre se termine en 1453.
La poursuite de la modernisation de la monarchie
Au cours de la guerre, Charles VII parvient à moderniser considérablement l'État :
- Il crée une armée professionnelle permanente qui combat aux côtés des guerriers vassaux.
- Il convainc les États généraux de lever un nouvel impôt dans tout le royaume, la taille royale. Le clergé et la noblesse sont exemptés de cet impôt direct et permanent.
Son successeur Louis XI (1461 - 1483) poursuit la conquête de territoires et l'extension du domaine royal en s'emparant de terres occupées par le duc de Bourgogne, Charles le Téméraire.