L'Afrique australe est un territoire qui regroupe les pays suivants : l'Angola, la Zambie, le Malawi, le Mozambique, le Zimbabwe, le Botswana, la Namibie, le Swaziland, le Lesotho et l'Afrique du Sud. C'est un territoire marqué par de profondes mutations politiques, démographiques, économiques et sociales. Mais ces mutations se produisent à des rythmes différents selon les États, les inégalités demeurent importantes et certaines régions figurent parmi les pays les plus pauvres de la planète.
Quels sont les atouts et les progrès de l'Afrique australe qui favorisent son intégration à la mondialisation ? Quels sont les défis que doivent encore relever les pays de cette région d'Afrique ?
Une intégration à la mondialisation en progrès
L'Afrique australe est un territoire qui s'intègre peu à peu à la mondialisation. Les États de cette région profitent de la richesse de leurs ressources. Certains connaissent une croissance économique qui favorise l'amélioration des conditions de vie d'une partie de leurs habitants et qui s'accompagne de profondes mutations démographiques.
Des ressources importantes
Les pays d'Afrique australe disposent d'importantes ressources minières et de nombreux sites naturels d'exception.
L'Afrique australe est « l'Afrique des mines ». L'extraction de platine et de diamant représente plus de la moitié de la production mondiale. Les productions d'or et de cobalt (respectivement 36 % et 20 % de la production mondiale) sont d'autres sources de richesse.
L'Afrique du Sud est le pays qui bénéficie des ressources minières les plus abondantes et variées : charbon, diamant, or, fer, uranium, cuivre.
Les principaux sites touristiques d'Afrique australe sont des sites naturels. Il existe dans la seule Afrique du Sud plus de 200 réserves et parcs animaliers, dont 17 parcs nationaux qui figurent parmi les plus vastes d'Afrique.
Cape Point (Afrique du Sud) est une réserve naturelle célèbre pour ses falaises et la vue depuis le phare qui les domine. C'est le lieu où se rejoignent les océans Indien et Atlantique.
© Wikimedia Commons
Une amélioration de l'économie et des conditions de vie
L'exploitation des ressources et la valorisation des sites naturels permettent le développement de l'activité industrielle, l'essor du tourisme et l'augmentation des richesses produites. Les revenus générés favorisent l'amélioration du niveau de développement de certains pays.
Niveau de développement
Le niveau de développement se mesure avec l'IDH, indice de développement humain, qui est calculé à partir de trois indicateurs : les richesses produites, l'espérance de vie des habitants et le taux de scolarisation des enfants.
Au Botswana, l'exploitation des mines de diamants a permis à plus de 80 % de la population à partir des années 1980 d'avoir accès à un établissement de santé situé à moins de 15 kilomètres de son domicile. Le niveau de scolarisation des enfants est passé de 59 % en 1970 à plus de 90 % en 2020.
Certains pays profitent de l'essor du tourisme de masse.
Tourisme de masse
Le tourisme de masse est un tourisme qui attire des millions de visiteurs.
© Wikimedia Commons
Le Golden Mile de Durban (Afrique du Sud) illustre ce qu'est le tourisme balnéaire de masse, avec de vastes plages destinées aux sports nautiques et à la baignade, longées par de nombreux immeubles.
L'Afrique du Sud est le seul pays qui a désormais le statut de pays émergent. Elle fait partie des BRICS.
BRICS
BRICS est un acronyme qui désigne les cinq puissances émergentes majeures (croissance économique conséquente) que sont le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud.
Pays émergent
Un pays émergent est un pays dont une partie de la population s'enrichit rapidement et qui joue un rôle important dans le monde.
Indicateurs économiques et sociaux des BRICS en 2019
© Banque mondiale et PNUD 2020
| Pays | IDH 2019 | PIB 2019 (En millions de dollars) | Taux de croissance annuelle du PIB (2005-2015) |
| Brésil | 0,765 | 1 840 000 | +3,5 % |
| Russie | 0,824 | 1 700 000 | +7,5 % |
| Inde | 0,645 | 2 869 000 | +7,8 % |
| Chine | 0,761 | 14 280 000 | +10,9 % |
| Afrique du Sud | 0,705 | 351 400 | +2,9 % |
L'Afrique du Sud, comme l'ensemble des autres BRICS, bénéficie d'un taux de croissance économique annuel supérieur à celui des pays européens. Les performances économiques de l'Afrique du Sud lui permettent de s'imposer comme la première puissance de la région. Sa participation aux échanges internationaux progresse et permet l'intégration du pays à la mondialisation.
L'Union européenne est le premier client et le premier fournisseur de l'Afrique du Sud.
Des mutations démographiques majeures
L'augmentation des résultats économiques et l'amélioration des conditions de vie s'accompagnent d'importantes mutations démographiques, qui sont des signes de progrès.
On dénombrait 175 millions d'habitants en Afrique australe en 2019.
L'Afrique australe se caractérise au sein de l'Afrique par sa transition démographique plus avancée.
Transition démographique
La transition démographique est le passage d'un régime démographique traditionnel (pré-transition) à un régime démographique post-transitionnel, en lien avec le développement économique. On distingue deux phases avec une chute rapide de la mortalité (phase 1) puis une baisse de la natalité (phase 2). Pendant sa transition démographique, une population connaît d'abord une explosion démographique avant de connaître un ralentissement de sa croissance.
© Wikimedia Commons
L'amélioration progressive du niveau de développement permet une diminution de la mortalité, tandis que la natalité et la fécondité restent fortes. La croissance démographique est donc élevée. La population d'Afrique australe, qui augmente encore à un rythme soutenu, s'installe de plus en plus dans les villes de la région.
© Banque mondiale
L'Afrique australe compte parmi les régions les plus urbanisées d'Afrique. L'exode rural a d'abord largement expliqué ce phénomène d'urbanisation.
Exode rural
L'exode rural correspond au départ des habitants des campagnes pour s'installer en ville.
Désormais, l'essentiel de la croissance de la population urbaine s'explique par l'accroissement naturel de la population déjà installée en ville.
Accroissement naturel
L'accroissement naturel est la différence entre le nombre de naissances et le nombre de décès.
Les contrastes démographiques sont importants au sein de l'Afrique australe :
- La population de l'Afrique du Sud et du Botswana est en majorité urbaine.
- La population urbaine de nombreux pays représente encore moins du tiers de leur population totale.
La population urbaine représente désormais plus de 40 % de la population totale du continent africain.
L'intégration de l'Afrique australe à la mondialisation entraîne son ouverture progressive aux migrations internationales. Certains migrants sont des réfugiés ou des demandeurs d'asile qui fuient les pays voisins en guerre, d'autres sont des jeunes à la recherche de nouvelles opportunités professionnelles. Il s'agit parfois aussi d'Européens, retraités ou investisseurs qui veulent profiter des progrès économiques de la région.
Certains Portugais s'installent au Mozambique ou en Angola.
Des difficultés persistantes
Malgré les progrès économiques, l'intégration des pays d'Afrique australe à la mondialisation est très inégale, la plupart d'entre eux demeurant en marge de ce phénomène. Nombreux sont les pays dont les ressources naturelles s'avèrent insuffisantes ou menacées de dégradation.
Les limites du développement
La croissance économique des pays d'Afrique australe reste limitée pour la majeure partie d'entre eux. De plus, les inégalités de richesses entre les pays et au sein des pays sont fortes, et de nombreux habitants sont encore confrontés à la pauvreté.
Indicateurs de développement de certains États d'Afrique australe comparés à la France
© Banque mondiale et PNUD 2020
| Pays | PIB 2019 (En milliards de dollars) | IDH en 2019 |
| Botswana | 18 | 0,728 |
| Afrique du Sud | 351 | 0,705 |
| Namibie | 12 | 0,645 |
| Angola | 88 | 0,581 |
| Zimbabwe | 21 | 0,571 |
| Mozambique | 15 | 0,446 |
| France | 2 716 | 0,901 |
Produit intérieur brut (PIB)
Le produit intérieur brut (PIB) est un indicateur économique qui désigne le volume des richesses produites en une année par un pays.
Indice de développement humain (IDH)
L'indice de développement humain (IDH) est un outil statistique qui permet de mesurer le niveau de développement d'un pays. Sa valeur se situe entre 0 et 1. Il est calculé à partir de trois critères : le niveau de richesses produites, l'espérance de vie à la naissance et le taux de scolarisation des enfants.
Malgré des progrès, la plupart des pays d'Afrique australe ne sont pas en mesure d'offrir des conditions de vie correctes à tous leurs habitants. Les inégalités sont très fortes au sein des États, entre les campagnes et les villes, de même que dans les villes.
Les habitants des bidonvilles vivent dans une grande pauvreté, causée par :
- le manque de confort et d'équipement (pas d'eau courante, pas de gestion des eaux usées ni des déchets, pas de réseau d'électricité) ;
- la précarité des abris ;
- la violence issue de la criminalité.
Ces quartiers ne sont souvent séparés que par une avenue ou une autoroute des espaces résidentiels aisés (villas avec vastes jardins et piscines) ou des quartiers d'affaires très modernes.
© Google Earth
Les inégalités sont fortes entre campagnes et villes. Les campagnes se caractérisent par des taux de pauvreté supérieurs à ceux des villes.
En Zambie, le taux de pauvreté était de 77 % dans les campagnes contre 27 % dans les villes en 2017.
La fragilité des ressources
Les ressources minières ne garantissent pas l'amélioration durable des conditions de vie des populations d'Afrique australe. Les habitants sont soumis au manque d'eau potable et sont très vulnérables face à certains risques majeurs.
L'exploitation des ressources minières provoque :
- la pollution des cours d'eau puis des nappes phréatiques par le rejet de déchets industriels ;
- la destruction de terres cultivées.
Les conditions de travail dans les mines sont très précaires. Aux efforts physiques s'ajoutent l'inhalation de poussières, de gaz toxiques, le manque d'eau potable, les risques d'accident, etc.
En Afrique du Sud, 80 accidents mortels ont eu lieu dans les mines en 2017.
Dans les exploitations minières, les salaires des travailleurs sont faibles et les conditions de travail sont précaires.
Les catastrophes naturelles se sont multipliées en Afrique australe au cours des dernières années, faisant de nombreuses victimes parmi les habitants.
En 2019, le cyclone Idai a causé la mort de plus de 600 personnes au Mozambique et 250 au Zimbabwe. Il a également laissé plus de 800 000 habitants sinistrés au Mozambique.
Outre la multiplication des aléas naturels, les pays les plus pauvres d'Afrique australe sont aussi très vulnérables face aux risques majeurs.
Aléa
Un aléa est un événement d'origine naturelle ou humaine plus ou moins prévisible.
Risque majeur
Un risque majeur est un danger potentiel qui pourrait affecter une population. Il découle d'un aléa et peut conduire à une catastrophe.
En raison du manque de moyens de prévention et de protection des populations, les pays d'Afrique australe ne peuvent pas faire face à une catastrophe sans l'aide humanitaire des ONG ou des pays les plus riches.
Après le passage du cycle Idai en 2019, le Mozambique s'est retrouvé dans une situation humanitaire dramatique. L'Union européenne a versé une aide de 7 millions d'euros en soutien aux victimes, pour améliorer la formation du personnel local de secours et mieux informer les habitants les plus exposés aux aléas.
Le difficile et inégal accès des habitants à l'eau potable est un signe supplémentaire et fort des carences du développement de l'Afrique australe. Il dépend des ressources naturelles disponibles, mais aussi de la qualité des aménagements entrepris par les États.
Certains territoires de la région souffrent d'une grave pénurie d'eau.
L'Angola et le Mozambique sont les deux États où les populations sont les plus touchées par les difficultés d'accès à l'eau potable, alors que le climat de ces pays n'est pas le plus aride de la région. Le faible niveau de développement de ces deux pays ne garantit pas une bonne gestion des ressources naturelles.