Sommaire
IÉtudier une argumentationAConvaincreBPersuaderIIComprendre l'évolution de la question de l'HommeADes idées progressistesBDes figures d'engagementIIIAnalyser une argumentationAUn texte convaincantBUn discours persuasifÉtudier une argumentation
Pour argumenter, un locuteur peut choisir de démontrer, convaincre ou persuader. Mais convaincre et persuader sont les deux moyens principalement employés dans la littérature. S'il arrive qu'ils soient employés de manière séparée, la plupart des textes associent ces deux processus.
Convaincre
Convaincre fait appel à l'esprit, à la logique. Ce processus met en œuvre :
- Des arguments organisés selon un raisonnement
- Des exemples qui illustrent les arguments développés
Thème
Le thème désigne la question évoquée par l'auteur.
Dans "De la conscience", un chapitre de ses Essais, Montaigne aborde le thème de la torture.
Thèse
La thèse est la position que l'auteur prend par rapport au thème.
Dans Considérations sur l'esclavage des nègres, Condorcet défend la thèse de l'abolition de l'esclavage.
Argument
L'argument sert à appuyer une affirmation, il permet de construire une argumentation, un raisonnement.
La conviction fait appel à de nombreux connecteurs logiques.
Les arguments progressent selon différents raisonnements possibles, notamment :
- La déduction
- Le syllogisme
- L'induction
Il existe également différents types d'arguments, dont :
- L'argument d'expérience, qui fait appel à l'expérience concrète des lecteurs
- L'argument d'autorité, qui est incontestable
- L'argument d'analogie, qui fait des comparaisons pour mieux faire comprendre la thèse au lecteur
- L'argument de logique, qui résulte d'une démonstration préalable
Persuader
Persuader fait appel au cœur du destinataire. Le locuteur emploie différents moyens, souvent implicites, pour le toucher :
- Des termes connotés
- Des figures de style
- Des interpellations directes (emploi de la 2e personne du pluriel, apostrophes) ou indirectes
- Des phrases exclamatives ou interrogatives (notamment des questions rhétoriques)
Comprendre l'évolution de la question de l'Homme
Des idées progressistes
Dans l'histoire de la littérature d'idées, plusieurs mouvements littéraires ont prôné une vision progressiste de la condition humaine :
- Les humanistes placent l'Homme au centre de l'Univers. Celui-ci maîtrise le monde qui l'entoure par le biais de la somme des connaissances qu'il a acquises. Ces dernières se multiplient avec la redécouverte des textes de l'Antiquité.
- Les classiques prônent l'exemplarité de l'honnête homme. Ce dernier est à la fois modéré, pieux, courtois et cultivé.
- Les moralistes dénoncent les travers de l'âme humaine.
- Les Lumières revendiquent une rationalisation de l'appréhension de l'Univers. L'Homme fait appel à ses connaissances et à sa raison pour rendre le monde plus juste. Les Lumières refusent l'obscurantisme, le fanatisme et les superstitions.
Mouvement humaniste
Le mouvement humaniste est un courant de pensée né à la fin du XVe siècle qui place l'Homme au centre du monde.
L'Éloge de la folie d'Érasme appartient au mouvement humaniste. Cet essai critique défend une société érudite et raisonnable.
Utopie
L'utopie est un système politique idéal.
Dans Candide de Voltaire, le narrateur décrit une utopie, celle de l'Eldorado.
Mouvement moraliste
Le mouvement moraliste entend éduquer par le biais de la littérature.
Les Maximes de La Rochefoucauld appartiennent au mouvement moraliste : elles ont pour objectif de proposer des leçons de vie dans des formulations courtes et stylistiquement travaillées.
Mouvement des Lumières
Les Lumières sont un mouvement littéraire du XVIIIe siècle qui entend améliorer la société en lui conférant davantage de connaissance et de rationalisme.
Zadig de Voltaire appartient au mouvement des Lumières : ce conte philosophique fait l'éloge de la raison et dénonce toutes les formes d'obscurantisme.
Des figures d'engagement
L'histoire de la littérature d'idées a connu de nombreuses figures de l'engagement. On retiendra :
- Des écrivains humanistes de toute l'Europe : Érasme, Thomas More, et tant d'autres qui proposent une pratique plus raisonnée de la religion, mais aussi Michel de Montaigne qui appelle par exemple à porter un regard plus tolérant vis-à-vis des populations indigènes des Amériques.
- Des auteurs moralistes au XVIIe siècle : La Rochefoucauld qui invite par exemple à des mœurs plus modérées, Pascal qui invite à une attitude exemplaire, La Bruyère qui dénonce les travers de l'âme humaine.
- Des philosophes des Lumières : Diderot et d'Alembert qui prônent un accès à la connaissance plus étendu, Voltaire qui appelle à davantage de justice et de tolérance, et Rousseau qui remet en question les travers de la société de son temps.
- Des écrivains du XIXe siècle : Victor Hugo qui dénonce le gouvernement de Napoléon III, mais aussi la misère et la peine de mort ou encore Emile Zola qui dénonce la conduite de l'enquête dans l'affaire Dreyfus
- Des auteurs du XXe siècle qui, de manière ponctuelle et individuelle, prononcent des discours engagés en faveur d'une société plus juste : Robert Badinter et Simone Veil prennent notamment la parole devant l'Assemblée nationale (en qualité de ministres) pour défendre respectivement l'abolition de la peine de mort et le droit à l'avortement.
Analyser une argumentation
Un texte convaincant
Pour analyser la dimension convaincante d'un discours, il faut observer :
- L'expression de la thèse et du thème
- Le choix des arguments (types d'arguments, de raisonnement)
- Le degré d'implication du locuteur
- Le choix des exemples (type d'exemple, qualité du développement)
Cette analyse s'appuie en particulier sur l'observation :
- Des connecteurs logiques
- Des registres employés (en particulier le registre oratoire et le registre didactique)
Registre oratoire
Le registre oratoire cherche à signifier le caractère officiel et majestueux d'un discours argumentatif.
On reconnaît le registre oratoire à :
- La présence de périodes
- Le registre de langue soutenu
- Des figures de style en quantité et de toutes sortes (par analogie, par amplification, par opposition, etc.)
- Des connecteurs logiques
- Des interpellations de l'auditoire
Registre didactique
Le registre didactique a pour objectif d'instruire le lecteur.
Pour obtenir cet effet, le texte fait appel à :
- L'emploi du présent de vérité générale ou à celui du présent descriptif
- De nombreux connecteurs logiques qui organisent le propos
- Des définitions et des exemples
- Un lexique spécialisé, voire technique
Un discours persuasif
La persuasion est un procédé implicite. L'analyser implique d'identifier les moyens employés pour signifier un registre.
En général, la persuasion fait appel aux registres :
- Pathétique, qui rend le lecteur compatissant
- Tragique, qui le terrifie
- Lyrique, qui émeut le lecteur
- Comique, qui insiste sur la dimension ridicule de la situation
- Épidictique, qui met en œuvre un éloge ou une critique
Le registre pathétique emploie :
- Des phrases exclamatives
- Des questions rhétoriques
- Des verbes de sentiments
- Un lexique connoté
- Des métaphores et des comparaisons poignantes
Le registre tragique s'exprime par :
- Un registre de langue soutenu
- Des phrases interrogatives et des phrases exclamatives qui expriment la détresse
- Des champs lexicaux comme celui de la fatalité et de la liberté
- Des métaphores et des comparaisons en lien avec ces champs lexicaux
Le registre lyrique fait appel à :
- La première personne du singulier
- Des verbes de sentiments
- Des champs lexicaux en lien avec des sentiments (haine, colère, douleur, amour, etc.)
- Des phrases exclamatives
- Des questions rhétoriques
- Des figures de style par amplification (hyperbole, anaphore, gradation, etc.)
Le registre comique se reconnaît à :
- Des répétitions
- Des figures de style par analogie (comparaisons, métaphores, etc.)
- Des figures de style par amplification (hyperboles, gradations, etc.) ou par construction (parallélismes, hypallages, etc.)
- Un lexique connoté
- Une alternance des registres de langue soutenu et familier
Le registre épidictique met en œuvre :
- Un lexique connoté de manière péjorative ou méliorative
- Des figures par analogie
- Des figures par amplification
- Des champs lexicaux et des verbes appréciatifs