On donne les textes suivants extraits de Femmes, soyez soumise à vos maris ! de Voltaire (Texte A) et de Le Livre de la cité des Dames de Christine de Pizan (Texte B).
Texte A
Mais voilà une plaisante raison pour que j'aie un maître ! Quoi ! Parce qu'un homme a le menton couvert d'un vilain poil rude, qu'il est obligé de tondre de fort près, et que mon menton est né rasé, il faudra que je lui obéisse très humblement ? Je sais bien qu'en général les hommes ont les muscles plus forts que les nôtres, et qu'ils peuvent donner un coup de poing mieux appliqué : j'ai peur que ce ne soit là l'origine de leur supériorité.
Ils prétendent avoir aussi la tête mieux organisée, et, en conséquence, ils se vantent d'être plus capables de gouverner ; mais je leur montrerai des reines qui valent bien des rois. On me parlait ces jours passés d'une princesse allemande qui se lève à cinq heures du matin pour travailler à rendre ses sujets heureux, qui dirige toutes les affaires, répond à toutes les lettres, encourage tous les arts, et qui répand autant de bienfaits qu'elle a de lumières. Son courage égale ses connaissances ; aussi n'a-t-elle pas été élevée dans un couvent par des imbéciles qui nous apprennent ce qu'il faut ignorer, et qui nous laissent ignorer ce qu'il faut apprendre. Pour moi, si j'avais un État à gouverner, je me sens capable d'oser suivre ce modèle.
Texte B
Mais à ce propos, ma chère Christine, on pourrait tout aussi bien demander pourquoi Dieu n'a pas voulu que les hommes fassent les travaux des femmes ou les femmes ceux des hommes. À cette question il faut répondre qu'un maître avisé et prévoyant répartit à sa maisonnée les différents travaux domestiques, et que ce que l'un fait, l'autre ne le fait pas. Dieu a voulu ainsi que l'homme et la femme le servent différemment, qu'ils s'aident et se portent secours mutuellement chacun à sa manière. Il a donc donné aux deux sexes la nature et les dispositions nécessaires à l'accomplissement de leurs devoirs, même si parfois les êtres humains se trompent sur ce qui leur convient. Aux hommes, Dieu a donné la force physique et le courage d'aller et de venir, et celui de parler sans crainte ; c'est parce que les hommes ont ces aptitudes qu'ils apprennent le droit. Et cela, ils doivent le faire pour maintenir la justice dans ce monde, car si quelqu'un refuse d'obéir à la loi établie, promulguée conformément au droit, il faut le contraindre par la force et la puissance des armes ; les femmes seraient incapables de telles voies de contrainte.
Quel est le thème commun aux deux textes ?
Quelles sont les thèses soutenues dans les textes ?