On donne les textes suivants extraits de De la technique de Jean Rostand (Texte A) et de Race et Histoire de Claude Lévi-Strauss (Texte B).
Texte A
On lui fait grief de dépersonnaliser l'homme, de l'humilier en le faisant rivaliser avec la machine, de le dépayser en substituant un monde d'artifice au monde naturel, de le dégrader en l'invitant à croire que le progrès consiste d'abord aux gains matériels. On lui reproche de créer des besoins factices, de multiplier les tentations et les diversions médiocres. On dénonce, avec Georges Duhamel, l'ambiguïté de ses dons, l'impureté de ses services ; on gémit, avec René Laforgue, de voir s'instaurer un culte du robot qui nuit à l'épanouissement de l'âme. Sans parler de ceux qui prophétisent l'heure où l'homme succomberait à la satiété de l'omnipotence, et de ceux qui s'épouvantent de voir, par la biologie, l'homme tomber à la merci de l'homme...
Bientôt n'allons-nous pas en effet disposer de tels moyens d'action sur la matière vivante que la seule pensée d'en user nous donne le vertige ?
Texte B
Toutes ces opérations sont beaucoup trop nombreuses et trop complexes pour que le hasard puisse en rendre compte. Chacune d'elles, prise isolément, ne signifie rien, et c'est leur combinaison imaginée, voulue, cherchée et expérimentée qui seule permet la réussite. Le hasard existe sans doute, mais ne donne par lui-même aucun résultat. Pendant deux mille cinq cents ans environ, le monde occidental a connu l'existence de l'électricité - découverte sans doute par hasard - mais ce hasard devait rester stérile jusqu'aux efforts intentionnels et dirigés par des hypothèses des Ampère et des Faraday. Le hasard n'a pas joué un plus grand rôle dans l'invention de l'arc, du boomerang ou de la sarbacane, dans la naissance de l'agriculture et de l'élevage, que dans la découverte de la pénicilline - dont on sait, au reste, qu'il n'a pas été absent. On doit donc distinguer avec soin la transmission d'une technique d'une génération à une autre, qui se fait toujours avec une aisance relative grâce à l'observation et à l'entraînement quotidien, et la création ou l'amélioration des techniques au sein de chaque génération. Celles-ci supposent toujours la même puissance imaginative et les mêmes efforts acharnés de la part de certains individus, quelle que soit la technique particulière qu'on ait en vue.
Quel est le thème commun aux deux textes ?
Quelles sont les thèses soutenues dans les textes ?