Pour chacun des textes, identifier le rôle des personnages dans un extrait de texte narratif.
« Un jeune homme… - traçons son portrait d'un seul trait de plume : figurez-vous don Quichotte à dix-huit ans, don Quichotte décorcelé, sans haubert et sans cuissards, don Quichotte revêtu d'un pourpoint de laine dont la couleur bleue s'était transformée en une nuance insaisissable de lie-de-vin et d'azur céleste. Visage long et brun ; la pommette des joues saillante, signe d'astuce ; les muscles maxillaires énormément développés, indice infaillible auquel on reconnaît le Gascon, même sans béret, et notre jeune homme portrait un béret orné d'une espèce de plume […].
Et cette sensation avait été d'autant plus pénible au jeune d'Artagnan (ainsi s'appelait le don Quichotte de cette autre Rossinante), qu'il ne se cachait pas le côté ridicule que lui donnait, si bon cavalier qu'il fût, une pareille monture […]. »
(Alexandre Dumas, Les Trois Mousquetaires, 1844)
« Louis Cornbutte et André Vasling se saisirent chacun au collet, et se tinrent façon à ne pouvoir reculer. Des deux l'un devait tomber mort. Ils se portèrent de violents coups, qu'ils ne parèrent qu'à demi, car le sang coula bientôt de part et d'autre. André Vasling cherchait à jeter son bras droit autour du coup de son adversaire pour le terrasser. Louis Cornbutte, sachant que celui qui tomberait était perdu, le prévint, et il parvint à le saisir de ses deux bras ; mais, dans ce mouvement, son poignard lui échappa de la main.
Des cris affreux arrivèrent en ce moment à son oreille. C'était la voix de Marie, qu'Herming voulait entraîner. La rage reprit Louis Cornbutte au cœur ; il se raidit pour faire plier les reins d'André Vasling […]. »
(Jules Verne, Un hivernage dans les glaces, Jules Verne, 1855)
« Ensuite Robinson alla s'étendre sur le pont pour faire la sieste comme il en avait l'habitude. Au-dessus de lui, la pointe du mâte de hune décrivait des cercles irréguliers dans un ciel parfaitement bleu où s'était égaré un croissant de lune translucide. En tournant la tête, il voyait Speranza, une bande de sable bond, puis un amas de verdure, enfin l'entassement du chaos rocheux.
C'est alors qu'il comprit qu'il ne quitterait jamais l'île. Ce Whitebird avec ses hommes, c'était l'envoyé d'une civilisation où il ne voulait pas retourner. Il se sentait jeune, beau et fort, à condition de demeurer à Speranza avec Vendredi. Sans le savoir, Joseph et Hunter lui avaient appris que pour eux, il avait cinquante ans. S'il s'en allait avec eux, il serait un vieil homme aux cheveux gris, à l'allure digne, et il deviendrait bête et méchant comme eux. Non, il resterait fidèle à la vie nouvelle que lui avait enseignée Vendredi.
Lorsqu'il fit part de sa décision de demeurer sur l'île, seul Joseph manifesta de la surprise. »
(Michel Tournier, Vendredi ou la Vie sauvage, © Gallimard, 1971)
« Il y a deux ans, nos parents ont décidé d'obtenir le label Maison verte qui, selon la nouvelle directive gouvernementale, leur octroierait 50 % de réduction sur leurs impôts locaux et jusqu'à 65 % sur la taxe d'habitation. […] Papa et maman ont beaucoup investi ces deux dernières années : une chaudière à granulés à bois, des panneaux solaires sur le toit du garage, un système de récupération des eaux qui permet non seulement d'arroser le potager bio mais aussi d'alimenter la salle de bains et le lavabo de la cuisine, une douche à débit limité, du double vitrage à toutes les fenêtres et une isolation complète des combles en laine de chanvre. […] Avec les économies qu'ils feront sur les impôts quand on aura le label Maison verte, mes parents comptent acheter une voiture électrique, ce qui nous éviterait de prendre le car pour aller à la gare TGV quand on part en vacances. »
(Mikaël Ollivier, « La Maison verte », Nouvelles re-vertes, © Thierry Magnier, 2008)
« J'étais fortement constituée, et, durant toute mon enfance, j'annonçais devoir être fort belle, promesse que je n'ai point tenue. Il y eut peut-être de ma faute, car à l'âge où la beauté fleurit, je passais déjà les nuits à lire et à écrire. Étant fille de deux êtres d'une beauté parfaite, j'aurais dû ne pas dégénérer, et ma pauvre mère, qui estimait la beauté plus que tout, m'en faisait souvent de naïfs reproches. Pour moi, je ne pus jamais m'astreindre à soigner ma personne. Autant j'aime l'extrême propreté, autant les recherches de la mollesse m'ont toujours paru insupportables. […]
Ma grand-mère renchérissait encore sur les réprimandes de ma mère, et le chapitre des chapeaux et des gants fit le désespoir de mon enfance ; mais, quoique je n'eus qu'un instant de fraîcheur et jamais de beauté. Mes traits étaient cependant assez bien formés, mais je ne songeais jamais à leur donner la moindre expression. […]
Somme toute, avec des cheveux, des yeux, des dents et aucune difformité, je ne fus ni laide ni belle dans ma jeunesse, avantage que je considère comme sérieux à mon point de vue, car la laideur inspire des préventions dans un sens, la beauté dans un autre. »
(George Sand, Histoire de ma vie, 1855)