Sommaire
ILe registre réalisteIILe registre merveilleuxIIILe registre fantastiqueIVLe registre comiqueVLe registre lyriqueVILe registre épiqueLe registre réaliste
Le registre réaliste donne l'impression que le récit est réel. On le reconnaît à de nombreux détails précis et à un lexique détaillé, à des personnages ordinaires et à une recherche de neutralité.
Registre réaliste
Le registre réaliste concerne les récits qui présentent des situations, des personnages ou des lieux comme s'ils pouvaient avoir réellement existé.
On reconnaît le registre réaliste à :
- la multiplication de détails authentiques ;
- un lexique précis et détaillé ;
- des personnages ordinaires ;
- une relative neutralité.
« Jusqu'au soir, on mangea. Quand on était trop fatigué d'être assis, on allait se promener dans les cours ou jouer une partie de bouchon dans la grange ; puis on revenait à table. Quelques-uns, vers la fin, s'y endormirent et ronflèrent. Mais au café tout se ranima ; alors on entama des chansons, on fit des tours de force, on portait des poids, on passait sous son pouce, on essayait à soulever les charrettes sur ses épaules, on disait des gaudrioles, on embrassait les dames. Le soir, pour partir, les chevaux, gorgés d'avoine jusqu'aux naseaux, eurent du mal à entrer dans les brancards ; ils ruaient, se cabraient ; les harnais se cassaient, leurs maîtres juraient ou riaient ; et toute la nuit, au clair de la lune, par les routes du pays, il y eut des carrioles emportées qui couraient au grand galop, bondissant dans les saignées, sautant par-dessus les mètres de cailloux, s'accrochant aux talus, avec des femmes qui se penchaient en dehors de la portière pour saisir les guides. »
Gustave Flaubert
Madame Bovary
1857
Dans cet extrait, le registre réaliste se manifeste par la banalité de la scène racontée.
Le registre merveilleux
Le registre merveilleux donne l'impression que le récit est coupé de la réalité. On le reconnaît à de nombreux détails surnaturels, des figures de style, un lexique lié à ce qui est magique et des superlatifs.
Registre merveilleux
Le registre merveilleux met en scène un cadre spatio-temporel surnaturel et coupé de la réalité du lecteur.
On reconnaît le registre merveilleux à :
- un champ lexical du surnaturel ;
- des figures par analogie comme la métaphore ou la comparaison ;
- un lexique lié à la magie ou au surnaturel ;
- de nombreux superlatifs.
« La bonne Fée qui lui avait sauvé la vie, en la condamnant à dormir cent ans, était dans le Royaume de Mataquin, à douze mille lieues de là, lorsque l'accident arriva à la Princesse ; mais elle en fut avertie en un instant par un petit Nain, qui avait des bottes de sept lieues (c'était des bottes avec lesquelles on faisait sept lieues d'une seule enjambée).
La Fée partit aussitôt, et on la vit au bout d'une heure arriver dans un chariot tout de feu, traîné par des dragons. »
Charles Perrault
« La Belle au bois dormant », Les Contes de ma mère l'Oye
1697
Dans cet extrait, le registre merveilleux se manifeste par l'emploi du champ lexical du surnaturel : « fée », « dragon », « Fée », « chariot de feu ».
Le registre fantastique
Le registre fantastique permet la mise en place d'une atmosphère angoissante et surnaturelle dans un cadre réel. On le reconnaît à de nombreux détails inquiétants, l'utilisation de champs lexicaux liés à la peur et au surnaturel et des figures de style.
Registre fantastique
Le registre fantastique est l'irruption du surnaturel dans le réel. L'auteur crée une atmosphère angoissante dans laquelle le lecteur doute de la véracité de phénomènes d'ordre surnaturel.
On reconnaît le registre fantastique à :
- un cadre spatio-temporel inquiétant ;
- un champ lexical de la peur ;
- un champ lexical du surnaturel ;
- un lexique de l'étrangeté ;
- des modalisateurs qui expriment souvent le doute ;
- des métaphores et des comparaisons.
« Une terreur insurmontable s'empara de moi, mes cheveux se hérissèrent sur mon front, mes dents s'entrechoquèrent à se briser, une sueur froide inonda tout mon corps.
La pendule sonna onze heures. Le vibrement du dernier coup retentit longtemps, et, lorsqu'il fut éteint tout à fait…
Oh ! non, je n'ose pas dire ce qui arriva, personne ne me croirait, et l'on me prendrait pour un fou. »
Théophile Gautier
« La Cafetière »
1831
Le registre fantastique se manifeste dans cet extrait par le champ lexical de la peur et par la présence de modalisateurs. Deux interprétations sont possibles. L'interprétation rationnelle est que le narrateur est ivre ou rêve. L'interprétation irrationnelle est que les personnages du tableau bougent vraiment.
Le registre comique
Le registre comique permet de faire rire. On le reconnaît à de nombreux détails comme les répétitions, des figures de style soulignant le comique, un lexique particulier et l'alternance des registres de langage.
Registre comique
Le registre comique suscite le rire du lecteur.
On reconnaît le registre comique à :
- des répétitions ;
- des figures de style par analogie (comparaisons, métaphores, etc.) ;
- des figures de style par amplification (hyperboles, gradations, etc.) ou par construction (parallélismes, hypallages, etc.) ;
- un lexique connoté ;
- une alternance des registres de langage soutenu et familier.
« HARPAGON, il crie au voleur dès le jardin, et vient sans chapeau.
Que ferai-je pour le trouver ? Où courir ? Où ne pas courir ? N'est-il point là ? N'est-il point ici ? Qui est-ce ? Arrête. Rends-moi mon argent, coquin... (il se prend lui-même le bras.) Ah ! c'est moi. Mon esprit est troublé, et j'ignore où je suis, et ce que je fais. Hélas ! mon pauvre argent, mon pauvre argent, mon cher ami ! on m'a privé de toi ; et puisque tu m'es enlevé, j'ai perdu mon support, ma consolation, ma joie ; tout est fini pour moi, et je n'ai plus que faire au monde ! Sans toi, il m'est impossible de vivre. C'en est fait, je n'en puis plus ; je me meurs, je suis mort, je suis enterré. N'y a-t-il personne qui veuille me ressusciter, en me rendant mon cher argent, ou en m'apprenant qui l'a pris ? Euh ? que dites-vous ? Ce n'est personne. Il faut, qui que ce soit qui ait fait le coup, qu'avec beaucoup de soin on ait épié l'heure ; l'on a choisi justement le temps que je parlais à mon traître de fils. Sortons. Je veux aller quérir la justice et faire donner la question à toute ma maison : à servantes, à valets, à fils, à fille, et à moi aussi. Que de gens assemblés ! Je ne jette mes regards sur personne qui ne me donne des soupçons, et tout me semble mon voleur. Eh ! de quoi est-ce qu'on parle là ? De celui qui m'a dérobé ? Quel bruit fait-on là-haut ? Est-ce mon voleur qui y est ? De grâce, si l'on sait des nouvelles de mon voleur, je supplie que l'on m'en dise. N'est-il point caché là parmi vous ? »
Molière
L'Avare
1668
Le registre comique de cette scène provient de la réaction excessive et ridicule du personnage qui croit voir des voleurs partout et s'agite terriblement.
Le registre lyrique
Le registre lyrique permet à un auteur d'exprimer ses émotions et ses sentiments. On le reconnaît à l'utilisation de la 1re personne du singulier, des verbes de sentiments, des champs lexicaux en rapport avec les sentiments ou les émotions, une ponctuation expressive et des figures de style.
Registre lyrique
Le registre lyrique exprime l'intériorité du narrateur, d'un locuteur ou d'un personnage.
On reconnaît le registre lyrique à :
- l'utilisation de la 1re personne du singulier ;
- des verbes de sentiments ;
- des champs lexicaux en lien avec des sentiments (haine, colère, douleur, amour, etc.) ou des émotions ;
- des phrases exclamatives ;
- des questions rhétoriques ;
- des figures de style par amplification (hyperbole, anaphore, gradation, etc.).
« Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ;
J'ai chaud extrême en endurant froidure :
La vie m'est et trop molle et trop dure.
J'ai grands ennuis entremêlés de joie.
Tout à un coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment j'endure ;
Mon bien s'en va, et à jamais il dure ;
Tout en un coup je sèche et je verdoie.
Ainsi Amour inconstamment me mène ;
Et, quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.
Puis, quand je crois ma joie être certaine,
Et être au haut de mon désiré heur,
Il me remet en mon premier malheur. »
Louise Labbé
« Je vis, je meurs », Élégies et sonnets
1555
Le registre lyrique se manifeste dans ce sonnet par l'emploi de la 1re personne du singulier, par le développement d'un champ lexical des sensations et par la présence d'hyperboles comme « trop molle et trop dure ».
Le registre épique
Le registre épique provoque l'admiration du lecteur. On le reconnaît souvent à des verbes d'action, des figures de style par amplification ou opposition et un lexique particulier mettant en valeur les actes héroïques.
Registre épique
Le registre épique suscite l'admiration du lecteur.
On reconnaît le registre épique à :
- des verbes d'action en grande quantité ;
- des figures de style par amplification ou par opposition ;
- un lexique connoté de manière méliorative, en particulier en lien avec le domaine guerrier.
« C'est le duel effrayant de deux spectres d'airain,
Deux fantômes auxquels le démon prête une âme,
Deux masques dont les trous laissent voir de la flamme.
Ils luttent, noirs, muets, furieux, acharnés.
Les bateliers pensifs qui les ont amenés,
Ont raison d'avoir peur et de fuir dans la plaine,
Et d'oser, de bien loin, les épier à peine,
Car de ces deux enfants, qu'on regarde en tremblant,
L'un s'appelle Olivier et l'autre a nom Roland.
Et, depuis qu'ils sont là, sombres, ardents, farouches,
Un mot n'est pas encor sorti de ces deux bouches. »
Victor Hugo
« Le Mariage de Roland », La Légende des siècles
1859
Ce passage relève du registre épique du fait de l'emploi d'un vocabulaire guerrier : « duel », « luttent », « farouches ». On relève également des termes connotés : « furieux », « acharnés ». Par ailleurs, les métaphores des spectres et les énumérations rendent la scène quasi surnaturelle : ces deux combattants ne sont plus des hommes ordinaires mais des demi-dieux.