Lire les extraits de textes, puis compléter les phrases suivantes en déterminant les indices du registre fantastique.
« Pas de lune ! Quelle nuit ! J'avais peur, une peur affreuse dans ces étroits sentiers, entre deux lignes de tombes ! des tombes ! des tombes ! des tombes ! Toujours des tombes ! À droite, à gauche, devant moi, autour de moi, partout, des tombes ! Je m'assis sur une d'elles, car je ne pouvais plus marcher tant mes genoux fléchissaient.
J'entendais battre mon cœur ! Et j'entendais autre chose aussi ! Quoi ? Un bruit confus innommable ! Était-ce dans la tête affolée, dans la nuit impénétrable, ou sous la terre mystérieuse, sous la terre ensemencée de cadavres humains, ce bruit. Je regardais autour de moi ! å
(Guy de Maupassant, « La Morte », 1887)
« Comme je m'arrêtais à regarder un Géant des batailles, qui portait trois fleurs magnifiques, je vis, je vis distinctement, tout près de moi, la tige d'une de ces roses se plier, comme si une main invisible l'eût tordue, puis se casser, comme si cette main l'eût cueillie ! Puis la fleur s'éleva, suivant une courbe qu'aurait décrite un bras en la portant vers une bouche, et elle resta suspendue à l'air transparent, toute seule, immobile, effrayante tache rouge à trois pas de mes yeux.
Éperdu, je me jetai sur elle pour la saisir ! Je ne trouvai rien ; elle avait disparu. »
(Guy de Maupassant, Le Horla, 1887)
« Le clair de lune était si éclatant que sa lumière, passant par les jalousies jaunes, suffisait à éclairer la pièce. […] De la main gauche il tenait les deux mains de Mrs Harker et les écartait le plus possible du corps : de sa main droite, il lui avait saisi le cou, obligeant son visage à se pencher sur sa poitrine. La chemise de nuit blanche était éclaboussée de sang et un mince filet rouge coulait de la poitrine dénudée. […] Les yeux brûlaient d'une terrible passion ; les énormes narines du nez aquilin s'ouvrirent davantage encore et palpitèrent ; les dents blanches et aiguës comme des dagues, derrière les lèvres dégouttantes de sang, claquèrent comme celles d'un fauve. »
(Bram Stoker, Dracula, 1920)
« Le manoir semblait abandonné depuis vingt ans. La barrière, ouverte et pourrie, tenait debout on ne sait comment. L'herbe emplissait les allées ; on ne distinguait plus les plates-bandes du gazon. […] L'appartement était tellement sombre que je n'y distinguai rien d'abord. Je m'arrêtai, saisi par cette odeur moisie et fade des pièces inhabitées et condamnées, des chambres mortes. Puis, peu à peu, mes yeux s'habituèrent à l'obscurité, et je vis assez nettement une grande pièce en désordre, avec un lit sans draps, mais gardant ses matelas et ses oreillers, dont l'un portait l'empreinte profonde d'un coude ou d'une tête comme si on venait de se poser dessus. »
(Guy de Maupassant, « Apparition », 1883)
« J'étais entré par désœuvrement chez un de ces marchands de curiosités dit marchands de bric-à-brac. […] Le magasin de mon marchand de bric-à-brac était un véritable capharnaüm. […]
"Ce pied fera mon affaire", dis-je au marchand, qui me regarda d'un air ironique et sournois en me tendant l'objet demandé pour que je pusse l'examiner plus à mon aise. Je fus surpris de sa légèreté ; ce n'était pas un pied de métal, mais bien un pied de chair, un pied embaumé, un pied de momie : en regardant de près on pouvait distinguer le grain de la peau. »
(Théophile Gautier, Le Pied de momie, 1840)