Sommaire
ILa narration et la focalisationALa narrationBLa focalisation1Définition de la focalisation2La focalisation zéro3La focalisation interne4La focalisation externeIILes discours rapportésALe discours directBLe discours indirectCLe discours indirect libreDLe discours narrativiséIIILe schéma narratifALa situation initialeBL'élément perturbateur ou déclencheurCLes péripéties ou les actionsDL'élément de résolution et la situation finaleIVLa temporalité du récitALe temps de l'intrigue et le temps de la narrationBLa vitesse ou le rythme du récit1La scène2Le sommaire3La pause4L'ellipseCL'ordre du récit1L'analepse2La prolepseLa narration et la focalisation
La narration
La narration, c'est-à-dire la structure du récit, peut être prise en charge par un narrateur extérieur ou par un narrateur-personnage.
Narration
La narration est la structure que prend un récit.
Narrateur
Le narrateur raconte l'histoire. Il prend en charge et ordonne le récit.
Le narrateur est une entité fictive. Il n'est pas l'auteur, sauf dans l'autobiographie.
Le narrateur peut être extérieur à l'histoire, c'est un narrateur externe.
Le narrateur peut être un personnage de l'histoire ou une entité anonyme, on parle de narrateur-personnage.
La focalisation
La focalisation est le point de vue adopté par le narrateur. Il existe trois types de focalisation : la focalisation zéro, la focalisation interne et la focalisation externe.
Définition de la focalisation
Focalisation
La focalisation désigne le point de vue adopté par le narrateur pour raconter une scène. Elle se définit par le champ de perception du narrateur.
Dans un récit à la 3e personne du singulier, la focalisation change constamment, en fonction des effets que le narrateur souhaite produire.
Pour analyser un extrait de récit, il faut toujours identifier la focalisation adoptée et en tirer une interprétation.
La focalisation zéro
Focalisation zéro
Dans une focalisation zéro, le narrateur raconte la scène avec un champ de vision illimité, qui lui permet de percevoir une vue d'ensemble et de pouvoir parfois « zoomer » sur des détails précis.
« Laurent, grand, fort, le visage frais, l'étonnait. Elle contemplait avec une sorte d'admiration son front bas, planté d'une rude chevelure noire, ses joues pleines, ses lèvres rouges, sa face régulière, d'une beauté sanguine. Elle arrêta un instant ses regards sur son cou ; ce cou était large et court, gras et puissant. »
Émile Zola, Thérèse Raquin, 1867
Les jeux vidéo, comme le cinéma, utilisent des procédés équivalents à la focalisation. Dans certains jeux vidéo, le joueur peut choisir et varier son champ de vision en fonction des informations et/ou impressions qu'il souhaite avoir.
Cette image est l'équivalent d'une focalisation zéro : le joueur a une vision d'ensemble, qui lui permet par exemple de savoir si des concurrents se rapprochent de son véhicule ou si un virage se présente.
La focalisation interne
Focalisation interne
Dans une focalisation interne, le narrateur perçoit la scène en se projetant momentanément dans un personnage particulier dont il partage les perceptions. Cela se traduit par des indices de perception relatifs au personnage, comme « il vit », « il sentit », « il entendit », « ses yeux se posèrent sur ».
En focalisation interne, le narrateur sait ce que sait le personnage. Il connaît donc :
- les pensées du personnage ;
- les sentiments du personnage.
« Il montait lentement les marches, le cœur battant, l'esprit anxieux, harcelé surtout par la crainte d'être ridicule ; et, soudain, il aperçut en face de lui un monsieur en grande toilette qui le regardait. Ils se trouvaient si près l'un de l'autre que Duroy fit un mouvement en arrière, puis il demeura stupéfait : c'était lui-même, reflété par une haute glace en pied. »
Guy de Maupassant, Bel-Ami, 1885
Cette image est l'équivalent d'une focalisation interne : le joueur a un champ de vision limité, celui du conducteur du véhicule, et partage ses sensations.
La focalisation externe
Focalisation externe
Dans une focalisation externe, le narrateur perçoit la scène comme s'il était un témoin extérieur invisible. C'est la focalisation la plus neutre, la plus objective. Elle s'apparente à une caméra filmant les personnages de l'extérieur depuis un point fixe.
« L'homme élégant est descendu de la limousine, il fume une cigarette anglaise. Il regarde la jeune fille au feutre d'homme et aux chaussures d'or. Il vient vers elle lentement. C'est visible, il est intimidé. Il ne sourit pas tout d'abord. Tout d'abord il lui offre une cigarette. Sa main tremble. »
Marguerite Duras, L'Amant, © Éditions de Minuit, 1984
Cette image est l'équivalent d'une focalisation externe : le joueur observe le circuit de l'extérieur, comme un témoin invisible.
Les discours rapportés
Les discours rapportés permettent de citer les propos des personnages ou de rapporter leurs pensées dans un récit. Il existe quatre types de discours : le discours direct, le discours indirect, le discours indirect libre et le discours narrativisé.
Le discours direct
Discours direct
Le discours direct rapporte les propos tels quels, sans les modifier.
Les caractéristiques du discours direct sont :
- présence d'un verbe de parole introducteur (ou en incise) ;
- indiqué par des guillemets ou un tiret ;
- temps et personnes conservés tels quels ;
- marques d'oralité conservées (exclamations, interrogations, interjections, expressions orales).
« Elle lui dit :
— Je vous remercie, monsieur.
Leurs yeux se rencontrèrent.
— Ma femme, es-tu prête ? cria le sieur Arnoux, apparaissant
dans le capot de l'escalier. »
Gustave Flaubert, L'Éducation sentimentale, 1869
Le discours indirect
Discours indirect
Le discours indirect rapporte les propos d'une personne en adaptant les temps, les adverbes et les pronoms utilisés.
Les caractéristiques du discours indirect sont :
- la présence d'un verbe de parole dans la proposition principale ;
- le discours intégré à une proposition subordonnée ;
- les temps et personnes modifiés par concordance avec la narration ;
- les marques d'oralité supprimées (exclamations, interrogations, interjections, expressions orales).
« Je lui demandai ce qui l'amenait à Amiens, et si elle y avait quelques personnes de connaissance. »
L'abbé Prévost, Manon Lescaut, 1731
Le discours indirect libre
Discours indirect libre
Le discours indirect libre intègre les propos à la narration sans les introduire dans une subordonnée.
Les caractéristiques du discours indirect libre sont :
- l'absence de verbes de parole (en général) ;
- l'absence de guillemets ;
- les personnes et temps modifiés par concordance avec la narration ;
- les marques d'oralité conservées (exclamations, interrogations, interjections, expressions orales).
« Car il ne pensait pas à Blanche. Il ne pensait jamais à Blanche. Avait-il à se venger de Blanche ? Dire qu'il avait cru l'aimer ! »
Louis Aragon, Blanche ou l'Oubli, © Gallimard, coll. Blanche, 1967
Pour identifier le discours indirect libre, on peut transposer au discours direct. Si la transposition est possible, le passage relève du discours indirect libre.
« Car il ne pensait pas à Blanche. Il ne pensait jamais à Blanche. Avait-il à se venger de Blanche ? Dire qu'il avait cru l'aimer ! »
Louis Aragon, Blanche ou l'Oubli, © Gallimard, coll. Blanche, 1967
- On transpose ce passage au discours direct pour savoir si la phrase en gras relève du discours indirect libre : « Car il ne pensait pas à Blanche. Il ne pensait jamais à Blanche. Il songea : "Ai-je à me venger de Blanche ? Dire que j'ai cru l'aimer !" »
- La phrase devient du discours direct, elle est donc bien au discours indirect libre dans l'extrait original.
Le discours narrativisé
Discours narrativisé
Le discours narrativisé résume les propos des personnages sans les citer précisément.
Les caractéristiques du discours narrativisé sont :
- les verbes de parole ;
- le résumé de propos.
« Ils se racontèrent leurs anciens jours, les dîners du temps de l'Art industriel, les manies d'Arnoux, sa façon de tirer les pointes de son faux col. »
Gustave Flaubert, L'Éducation sentimentale, 1869
Le schéma narratif
Un récit est construit en suivant une structure déterminée par l'auteur. Traditionnellement, une séquence narrative suit cinq mouvements : la situation initiale, l'élément perturbateur ou déclencheur, les péripéties ou les actions, l'élément de résolution et la situation finale.
La situation initiale
La situation initiale est le point de départ du récit, étape essentielle qui :
- présente les personnages ;
- renseigne sur le cadre dans lequel se déroule l'histoire (historique/géographique/culturel).
Quand le récit débute au milieu d'une action, on parle de début in medias res.
« C'était une de ces jolies et charmantes filles, nées, comme par une erreur du destin, dans une famille d'employés. Elle n'avait pas de dot, pas d'espérances, aucun moyen d'être connue, comprise, aimée, épousée par un homme riche et distingué ; et elle se laissa marier avec un petit commis du ministère de l'Instruction publique. »
Guy de Maupassant, « La Parure », 1884
L'élément perturbateur ou déclencheur
L'élément perturbateur ou déclencheur perturbe l'équilibre décrit dans la situation initiale.
Il peut prendre plusieurs formes :
- l'arrivée ou la disparition d'un personnage ;
- un événement extérieur (historique par exemple) ;
- une décision que prend un personnage (projet/mariage/voyage).
Il est déterminant pour la suite du récit : c'est par rapport à lui que se définissent les actions ou les péripéties vécues par les personnages.
Il provoque la surprise, l'étonnement, la désillusion, la déception du lecteur ; il crée un moment de tension.
« Elle n'avait pas de toilettes, pas de bijoux, rien. Et elle n'aimait que cela ; elle se sentait faite pour cela. Elle eût tant désiré plaire, être enviée, être séduisante et recherchée.
Elle avait une amie riche, une camarade de couvent qu'elle ne voulait plus aller voir, tant elle souffrait en revenant. Et elle pleurait pendant des jours entiers, de chagrin, de regret, de désespoir et de détresse.
Or, un soir, son mari rentra, l'air glorieux et tenant à la main une large enveloppe.
— Tiens, dit-il, voici quelque chose pour toi.
Elle déchira vivement le papier et en tira une carte qui portait ces mots : "Le ministre de l'Instruction publique et Mme Georges Ramponneau prient M. et Mme Loisel de leur faire l'honneur de venir passer la soirée à l'hôtel du ministère, le lundi 18 janvier." »
Guy de Maupassant, « La Parure », 1884
Les péripéties ou les actions
Les péripéties/actions sont provoquées par l'élément perturbateur, parce qu'il a rompu un équilibre initial qu'il s'agit de retrouver.
Les actions décrivent les tentatives ou les moyens choisis par les personnages pour parvenir à ce but final.
La séquence de l'action est centrée sur le personnage et permet :
- de faire valoir ses qualités ;
- de révéler ses faiblesses ;
- d'informer sur les relations entre les personnages.
On parle d'épreuve qualifiante car elle permet aux personnages de se doter de différentes caractéristiques.
« — Cela m'ennuie de n'avoir pas un bijou, pas une pierre, rien à mettre sur moi. J'aurai l'air misère comme tout. J'aimerais presque mieux ne pas aller à cette soirée.
Il reprit :
— Tu mettras des fleurs naturelles. C'est très chic en cette saison-ci. Pour dix francs tu auras deux ou trois roses magnifiques.
Elle n'était point convaincue.
— Non... il n'y a rien de plus humiliant que d'avoir l'air pauvre au milieu de femmes riches.
Mais son mari s'écria :
— Que tu es bête ! Va trouver ton amie Mme Forestier et demande-lui de te prêter des bijoux. Tu es bien assez liée avec elle pour faire cela.
Elle poussa un cri de joie.
— C'est vrai. Je n'y avais point pensé.
Le lendemain, elle se rendit chez son amie et lui conta sa détresse. Mme Forestier alla vers son armoire à glace, prit un large coffret, l'apporta, l'ouvrit, et dit à Mme Loisel :
— Choisis, ma chère. »
Guy de Maupassant, « La Parure », 1884
Après la soirée, Mme Loisel rentre chez elle avec son époux.
« Elle ôta les vêtements dont elle s'était enveloppé les épaules, devant la glace, afin de se voir encore une fois dans sa gloire. Mais soudain elle poussa un cri. Elle n'avait plus sa rivière autour du cou !
Son mari, à moitié dévêtu déjà, demanda :
— Qu'est-ce que tu as ?
Elle se tourna vers lui, affolée :
— J'ai... j'ai... je n'ai plus la rivière de Mme Forestier. »
Guy de Maupassant, « La Parure », 1884
L'élément de résolution et la situation finale
L'élément de résolution permet de retrouver un équilibre. Il amène à la situation finale et a donc lieu juste avant.
L'élément de résolution n'est pas le même que dans la situation initiale :
- les personnages se sont révélés ;
- ils ont évolué ou vieilli ;
- certains sont apparus, d'autres ont disparu.
Ce nouvel équilibre permet d'apaiser la tension dramatique du récit sans l'éliminer complètement. Il peut intervenir de différentes façons :
- les choses peuvent rentrer simplement dans l'ordre ;
- les personnages peuvent traverser de grandes épreuves ;
- de façon totalement extérieure, comme par magie, on parle alors de deus ex machina.
Mme Loisel rachète une parure de diamants identique et la rend à son amie sans rien lui dire. Elle met des années à rembourser cet achat.
« Or, un dimanche, comme elle était allée faire un tour aux Champs-Élysées pour se délasser des besognes de la semaine, elle aperçut tout à coup une femme qui promenait un enfant. C'était Mme Forestier, toujours jeune, toujours belle, toujours séduisante. Mme Loisel se sentit émue. Allait-elle lui parler ? Oui, certes. Et maintenant qu'elle avait payé, elle lui dirait tout. »
Guy de Maupassant, « La Parure », 1884
La temporalité du récit
Le temps de l'intrigue et le temps de la narration
Il y a une distinction fondamentale entre le temps de l'intrigue qui est racontée et le temps de la narration, donc le temps que l'on met à raconter l'intrigue.
Temps de l'intrigue
Le temps de l'intrigue est le temps global des événements racontés. Il suit une chronologie qui se mesure en heures, jours, mois, années.
Les événements racontés dans le roman L'Éducation sentimentale de Gustave Flaubert se déroulent de 1848 et 1869, soit vingt-et-un ans.
Temps de la narration
Le temps de la narration est le volume de texte que le narrateur consacre à chaque événement qu'il raconte. Il est compté en lignes, en pages.
Le narrateur consacre une centaine de lignes à la scène de la rencontre entre Colin et Chloé dans L'Écume des jours de Boris Vian.
La vitesse ou le rythme du récit
Quelle que soit la durée évoquée par le narrateur, celui-ci ne peut tout raconter. Il peut résumer ou occulter certains moments ou certaines périodes de la vie des personnages. Il peut ralentir le rythme de son récit quand il relate précisément des épisodes décisifs.
La scène
Scène
La scène est un passage où le narrateur raconte en détail la totalité d'un événement. Cela correspond à un ralentissement du rythme du récit. Dans une scène, on trouve souvent des dialogues.
« D'Artagnan, furieux, avait traversé l'antichambre en trois bonds et s'élançait sur l'escalier, dont il comptait descendre les degrés quatre à quatre, lorsque, emporté dans sa course, il alla donner tête baissée dans un mousquetaire qui sortait de chez M. de Tréville par une porte de dégagement, et le heurtant du front à l'épaule, lui fit pousser un cri ou plutôt un hurlement.
— Excusez-moi, dit d'Artagnan essayant de reprendre sa course, excusez-moi, mais je suis pressé.
À peine avait-il descendu le premier escalier, qu'un poignet de fer le saisit par son écharpe et l'arrêta.
— Vous êtes pressé ! s'écria le mousquetaire pâle comme un linceul ; sous ce prétexte, vous me heurtez, vous dites : "Excusez-moi" et vous croyez que cela suffit ? Pas tout à fait, mon jeune homme. Croyez-vous, parce que vous avez entendu M. de Tréville nous parler un peu cavalièrement aujourd'hui, que l'on peut nous traiter comme il nous parle ? Détrompez-vous, compagnon ; vous n'êtes pas M. de Tréville, vous.
— Ma foi, répliqua d'Artagnan, qui reconnut Athos, lequel, après le pansement opéré par le docteur, regagnait son appartement ; ma foi, je ne l'ai pas fait exprès, et, ne l'ayant pas fait exprès, j'ai dit : "Excusez-moi." Il me semble donc que c'est assez. Je vous répète, cependant, et cette fois c'est trop peut-être, parole d'honneur, je suis pressé, très pressé. Lâchez-moi donc, je vous prie, et laissez-moi aller où j'ai affaire.
— Monsieur, dit Athos en le lâchant, vous n'êtes pas poli. On voit que vous venez de loin.
D'Artagnan avait déjà enjambé trois ou quatre degrés, mais à la remarque d'Athos il s'arrêta court. »
Alexandre Dumas, Les Trois Mousquetaires, 1884
Le sommaire
Sommaire
Le sommaire est un passage où le narrateur résume ce qui s'est passé entre deux scènes. Cela correspond à une accélération du rythme du récit.
« Le mari travaillait, le soir, à mettre au net les comptes d'un commerçant, et la nuit, souvent, il faisait de la copie à cinq sous la page. Et cette vie dura dix ans. »
Guy de Maupassant, « La Parure », 1884
La pause
Pause
La pause est un passage où le narrateur interrompt le cours de l'histoire pour décrire et/ou commenter. Cela correspond à un ralentissement du rythme du récit.
« Nous avouerons que notre héros était fort peu héros en ce moment. »
Stendhal, La Chartreuse de Parme, 1839
L'ellipse
Ellipse
L'ellipse est un passage où le narrateur ne raconte pas du tout ce qui a eu lieu entre deux événements (parfois une longue période). Cela correspond à une accélération du rythme du récit.
Une ellipse est souvent matérialisée par un blanc typographique.
« Loisel revint le soir, avec la figure creusée, pâlie ; il n'avait rien découvert.
— Il faut, dit-il, écrire à ton amie que tu as brisé la fermeture de sa rivière et que tu la fais réparer. Cela nous donnera le temps de nous retourner.
Elle écrivit sous sa dictée.
Au bout d'une semaine, ils avaient perdu toute espérance. »
Guy de Maupassant, « La Parure », 1884
Dans une étude de texte, pour identifier le rythme du récit, il faut relever les repères temporels et les dates précises.
L'ordre du récit
L'analepse et la prolepse peuvent être brèves. Quand elles sont longues, on parle de récit enchâssé.
L'analepse
Analepse
L'analepse est un retour en arrière pour raconter un événement qui s'est déroulé avant l'action principale. Elle permet :
- de faire comprendre les tenants et les aboutissants de l'histoire ;
- de compléter le portrait d'un personnage.
« Le vieillard que je suis devenu a peine à se représenter le furieux malade que j'étais naguère et qui passait des nuits, non plus à combiner sa vengeance (cette bombe à retardement était déjà montée avec une minutie dont j'étais fier), mais à chercher le moyen de pouvoir en jouir. »
François Mauriac, Le Nœud de vipères, 1932
La prolepse
Prolepse
La prolepse est une anticipation, un saut dans le futur pour raconter un événement qui se déroulera après l'action principale.
« C'était malgré elle qu'on l'envoyait au couvent, pour arrêter sans doute son penchant au plaisir, qui déjà s'était déclaré, et qui a causé dans la suite tous ses malheurs et les miens. »
L'abbé Prévost, Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut, 1731