Après avoir lu le texte suivant, répondre aux questions qui permettront de l'étudier.
La Belle et la Bête
Madame Leprince de Beaumont
1740
« Elle (la Belle) s'habilla magnifiquement pour lui plaire et s'ennuya à mourir toute la journée, en attendant neuf heures du soir ; mais l'horloge eut beau sonner la Bête ne parut point. La Belle, alors, craignit d'avoir causé sa mort. Elle courut tout le palais en jetant de grands cris ; elle était au désespoir. Après avoir cherché partout, elle se souvint de son rêve, et courut dans le jardin vers le canal où elle l'avait vue en dormant.
Elle trouva la pauvre Bête étendue sans connaissance, et elle crut qu'elle était morte. Elle se jeta sur son corps, sans avoir horreur de sa figure ; et sentant que son cœur battait encore, elle prit de l'eau dans le canal, et lui en jeta sur la tête.
La Bête ouvrit les yeux et dit à la Belle : "Vous avez oublié votre promesse : le chagrin de vous avoir perdue m'a fait résoudre à le laisser mourir de faim […].
— Non, ma chère Bête, vous ne mourrez point, lui dit la Belle ; vous vivrez pour devenir mon époux ; dès ce moment, je vous donne ma main, et je jure que je ne serai qu'à vous. […]"
À peine la Belle eut-elle prononcé ces paroles qu'elle vit le château brillant de lumières : les feux d'artifice, la musique, tout lui annonçait une fête ; mais toutes ces beautés n'arrêtèrent point sa vue ; elle se retourna vers sa chère Bête, dont le danger la faisait frémir. Quelle fut sa surprise !
La Bête avait disparu, elle ne vit à ses pieds qu'un prince plus beau que l'Amour, qui la remerciait d'avoir fini son enchantement.
Quoique ce prince méritât son attention, elle ne put s'empêcher de lui demander où était la Bête. "Vous la voyez à vos pieds, lui dit le prince. Une méchante fée m'avait condamné à rester sous cette figure jusqu'à ce qu'une belle fille consentît à m'épouser, et elle m'avait défendu de faire paraître mon esprit. Ainsi il n'y avait que vous dans le monde assez bonne pour vous laisser toucher à la bonté de mon caractère ; et, en vous offrant ma couronne, je ne puis que m'acquitter des obligations que je vous ai."
La Belle, agréablement surprise, donna la main à ce beau prince pour le relever. Ils allèrent ensemble au château et la Belle manqua mourir de joie en trouvant, dans la grande salle, son père et toute sa famille, que la belle dame qui lui était apparue en songe avait transportés au château. »
Quel est le genre littéraire de cet extrait ?
Ce texte relève du conte de fée. En effet, on y retrouve de nombreux éléments magiques comme le château qui brille ou encore l'enchantement qui a provoqué la transformation de la Bête en prince.
Quels sont les personnages présents dans cet extrait ?
Dans cet extrait, les personnages présents sont la Bête et la Belle (« elle trouva la pauvre Bête étendue ») qui sont les deux personnages principaux de l'histoire, ainsi que la famille de la Belle à la fin de l'extrait (« son père et toute sa famille »).
À quelle figure du monstre la Bête appartient-elle ?
La Bête est un monstre issu d'une métamorphose. C'est un prince qui a été transformé en monstre par une fée : « Une méchante fée m'avait condamné à rester sous cette figure jusqu'à ce qu'une belle fille consentît à m'épouser ». C'est donc une métamorphose car il est passe d'une forme humaine à une forme animale.
Quel sentiment la Belle épouve-t-elle vis-à-vis de la Bête ?
La Belle éprouve beaucoup d'amour vis-à-vis de la Bête. Elle le sauve : « pour lui plaire », « sans avoir horreur de sa figure », « plus beau que l'Amour », « je vous donne ma main », etc.
Dans la phrase suivante, quelle est la figure de style utilisée ?
« Elle [la Belle] s'habilla magnifiquement pour lui plaire et s'ennuya à mourir toute la journée. »
Dans les expressions « elle s'habilla magnifiquement » et « s'ennuya à mourir », ce sont des hyperboles qui sont utilisées. L'hyperbole permet de mettre l'accent sur une idée en utilisant des termes exagérés. Dans cette phrase, c'est l'amour que ressent la Belle pour la Bête qui est mis en exergue. Elle veut faire plaisir à la Bête en mettant une belle tenue et s'ennuie affreusement lorsqu'elle est loin de lui.
Quelle est la valeur du passé simple dans la phrase suivante ?
« Elle se jeta sur son corps, sans avoir horreur de sa figure ; et sentant que cœur battait encore, elle prit l'eau dans le canal, et lui en jeta sur la tête »
Dans cette phrase, le passé simple illustre une succession d'actions de la Belle, qu'elle ne fait qu'une fois. Il décrit ce qu'elle met en œuvre pour ranimer la Bête qu'elle retrouve inconsciente : « se jeta sur son corps », « elle prit », « lui en jeta ». Si ces actions étaient une habitude, si elle les faisait souvent, c'est l'imparfait qui aurait été utilisé.
Quel est le lien entre l'homme et le monstre dans cet extrait ?
Dans ce conte, c'est un monstre amoureux qui cache un grand cœur que l'on découvre : « un prince plus beau que l'Amour ». C'est donc un monstre allié de l'homme qui cache de belles qualités et qui devient un proche de l'être humain. En l'occurrence, la Bête devient l'époux de la Belle et redevient humain. Derrière l'apparence laide et monstrueuse de la bête se cache un homme bon.
Quel est l'élément qui provoque la transformation de la Bête en prince ?
C'est l'aveu de la Belle qui permet à la Bête de se libérer de son apparence animale et de retrouver celle du prince qu'il était autrefois. Cette transformation fait suite aux paroles de la Belle. Celle-ci éprouve un amour sincère puisqu'elle est tombée amoureuse de la Bête sans connaître sa véritable nature. C'est de la personne et non de son apparence dont elle est tombée amoureuse.