Sommaire
IFormes et fonctions de la monnaieALe rôle de la monnaie1La nécessité de confiance2Les fonctions économiques de la monnaie3Les fonctions de lien politique et social de la monnaieBLes formes de la monnaie1Les formes traditionnelles de la monnaie2La monnaie fiduciaire3La monnaie scripturaleIILa création monétaireALe principe de création monétaire1La mesure de la création monétaire2Qui crée la monnaie ?BRôle de la Banque centrale et limite de la création monétaire1Les contraintes des banques2Fonction de prêteur en dernier ressort3Réguler la création monétaireIIILe financement des activités économiquesALe financement de l'économieBLes différentes formes de financement1Financement interne2Financement externe indirect3Financement externe direct4Taux d'intérêt et risque d'endettementCL'évolution des formes de financement1Économie d'endettement2Économie de marchéFormes et fonctions de la monnaie
Le rôle de la monnaie
La nécessité de confiance
La monnaie assure ses fonctions uniquement si les utilisateurs ont confiance en elle, c'est-à-dire en la valeur qu'elle représente. Elle doit donc être acceptée par tous et sans restriction dans le temps. Les utilisateurs doivent avoir confiance en l'institution émettrice et la valeur représentée par la monnaie.
Cette relation est bien illustrée par l'exemple de l'hyperinflation. Dans l'Allemagne des années 1920, l'émission excessive de monnaie et la perte de confiance des agents économiques ont conduit à l'effondrement du Mark : contre un dollar, on pouvait avoir 420 Marks en juillet 1922, puis 50 000 Marks en février 1923, 5 millions de Marks en août 1923, 5 milliards de Marks en octobre 1923, 4200 milliards de Marks en novembre 1923… comme plus personne n'avait confiance dans la valeur de la monnaie, les agents en demandaient toujours plus. Ainsi, les commerçants augmentaient leurs prix plusieurs fois par jour, car le Mark valait de moins en moins.
Les fonctions économiques de la monnaie
La monnaie remplit trois fonctions économiques :
- Moyen de transaction, ou intermédiaire des échanges : elle permet une mise en relation directe entre offreurs et demandeurs. C'est un moyen de transaction universel.
- Réserve de valeur : on peut l'épargner et s'en servir dans le temps (la monnaie ne perd pas sa valeur et son utilisation peut être différée dans le temps).
- Unité de compte : elle permet d'évaluer et d'exprimer la valeur d'un bien. Elle établit une échelle des valeurs et fixe un prix unique.
Un système monétaire est plus efficace qu'un système de troc, car dans une économie de troc, il n'y a pas :
- D'intermédiaire des échanges : si on détient un bien A et que l'on veut un bien B, il faut trouver un individu qui détienne le bien B et soit prêt à l'échanger contre un bien A.
- D'unité de compte : il faut évaluer chaque bien par rapport à un autre, ce qui complique les échanges.
Les fonctions de lien politique et social de la monnaie
La monnaie assure un lien social et politique au sens où elle est fédératrice : elle permet d'appartenir à une communauté. Elle assure la création d'une communauté d'intérêt et un sentiment d'appartenance entre les individus qui utilisent la même monnaie.
C'est également une manifestation de souveraineté et de pouvoir (aujourd'hui, c'est le pouvoir de la nation). On frappait les pièces à l'effigie des rois pour asseoir le pouvoir politique et la reconnaissance en celui-ci. La monnaie crée en ce sens une identité politique.
La monnaie du roi a fait le roi.
Georges Duby, historien du Moyen Âge (1913 - 1996)
Les formes de la monnaie
Les formes traditionnelles de la monnaie
La monnaie a pris des formes très diverses au cours de l'Histoire. Traditionnellement, les unités de monnaie avaient une valeur en soi, et pas uniquement la valeur symbolique de ce qu'elles permettaient d'acquérir.
Les monnaies marchandises étaient des marchandises utilisées comme monnaie. C'est une forme de monnaie qui est encore proche de l'économie de troc. Cela a par exemple été le cas des cauris, des coquillages du Pacifique occidental qui ont été utilisés comme monnaie en Chine et dans certains pays d'Afrique.
Les métaux précieux ont ensuite succédé à cette forme de monnaie trop encombrante ou périssable. La monnaie divisionnaire (pièces métalliques) fait son apparition dans l'Antiquité. À l'origine, la valeur faciale représentait le poids de métal précieux que la pièce contenait, mais cette valeur s'est peu à peu émancipée du cours des métaux précieux.
Dans les économies contemporaines, on utilise principalement deux formes de monnaie : la monnaie fiduciaire et la monnaie scripturale.
La monnaie fiduciaire
La monnaie fiduciaire fait son apparition au XVe siècle. Le billet est au départ un certificat représentatif de métaux précieux : il y a autant de billets qu'il y a de quantités de métaux précieux. L'avantage du billet est d'être plus facilement transportable qu'un lingot. Puis, à partir du XVIIe siècle, les banques émettent plus de billets qu'il n'y a d'or, car les détenteurs de certificats ne réclament pas de conversion en or. Le système repose donc sur la confiance. Les billets ne sont plus aujourd'hui indexés sur l'or et reposent toujours sur la confiance qu'on leur porte, car leur valeur intrinsèque (la valeur de quelques centimètres de papier) est bien inférieure à la valeur des biens qu'ils permettent de se procurer. La valeur de la monnaie est donc une valeur symbolique, celle des biens et services qu'elle permet d'acquérir. Elle repose sur la confiance que les agents économiques ont dans sa capacité à acquérir ces biens et services.
Monnaie fiduciaire
La monnaie fiduciaire est un instrument de paiement reposant sur la confiance (du latin fides, "confiance") et comprenant la monnaie divisionnaire, c'est-à-dire les pièces, ainsi que les billets, dont la valeur faciale est très supérieure à la valeur intrinsèque (c'est-à-dire du seul papier).
La monnaie scripturale
La monnaie scripturale est une monnaie dématérialisée.
Monnaie scripturale
La monnaie scripturale est un instrument de paiement se présentant sous la forme d'écriture et correspondant aux dépôts effectués par les agents économiques auprès des banques et des comptes postaux.
On assiste à une dématérialisation progressive de la monnaie, ce qui constitue une vraie révolution dans l'histoire de la monnaie.
Les chèques ont succédé aux billets comme moyen prépondérant de paiement au cours du XXe siècle. La monnaie est de moins en moins représentée par un bien mais de plus en plus par des écritures, c'est-à-dire des montants inscrits sur des registres de comptes, désormais informatisés, et les comptes-chèques. La monnaie scripturale regroupe ainsi l'ensemble des dépôts à vue sur les comptes courants. Elle représente bien de l'argent immédiatement disponible, et revêt différentes formes (par exemple chèque, carte bancaire, virement, carte prépayée, etc.). Elle est constituée simplement de jeux d'écritures et c'est ainsi qu'elle circule. Elle est en outre convertible à tout moment en monnaie fiduciaire.
La création monétaire
Le principe de création monétaire
La mesure de la création monétaire
Masse monétaire
La masse monétaire est la quantité de disponibilités monétaires détenues par les agents économiques et rapidement mobilisables et convertibles en moyen de paiement.
La masse monétaire se décompose en agrégats monétaires, c'est-à-dire des regroupements conventionnels des actifs monétaires et quasi monétaires selon leur degré de liquidité. La liquidité correspond à la possibilité de transformer en monnaie un moyen de paiement plus ou moins rapidement.
La monnaie détenue par les banques sur leur compte à la Banque centrale ne fait pas partie de la masse monétaire, mais de la "base monétaire".
On distingue dans la masse monétaire trois agrégats principaux :
- M1 : représente la monnaie au sens strict. Cet agrégat est le plus liquide, car il regroupe la monnaie fiduciaire (billets et pièces) et la monnaie scripturale (dépôts à vue).
- M2 : ajoute à la monnaie M1 les dépôts dont la durée est inférieure à deux ans et ceux qui peuvent être liquidés rapidement (trois mois). Il s'agit des placements à vue : comptes sur livret, épargne logement. C'est de la "quasi-monnaie", car elle est rapidement transformable en actif liquide.
- M3 : ajoute à M2 les placements à terme, ils sont plus risqués (on peut perdre de l'argent en vendant l'actif monétaire). Il s'agit de titres du marché monétaire et d'OPCVM monétaire (Organismes de placements collectifs en valeurs mobilières, dont SICAV, Société d'investissement à capital variable) ainsi que des dépôts en devises. C'est cet agrégat qui mesure la masse monétaire.
Qui crée la monnaie ?
Les banques commerciales (ou "banques de second rang") créent de la monnaie scripturale par l'octroi de crédits à des particuliers ou des entreprises. 90 % de la création monétaire provient de ces banques commerciales. On dit que les crédits font les dépôts, car les montants sont crédités sur le compte du bénéficiaire par un jeu d'écriture. Les sommes créditées n'existaient pas auparavant, la monnaie est créée ex nihilo.
Cette somme sera retirée par le bénéficiaire du crédit sous forme de billets de banque ou en utilisant des instruments de paiement. Lorsque le crédit arrive à échéance (lorsqu'il est remboursé), il y a à l'inverse destruction monétaire (il y a autant de monnaie en moins à disposition dans l'économie).
Une autre source de création monétaire réside dans la conversion de devises étrangères en devises locales : de la monnaie qui n'existait pas dans l'économie locale est alors créée. Lorsque, à l'inverse, les devises locales sont converties en devises étrangères, il y a destruction monétaire, puisque des devises ne sont plus disponibles dans l'économie locale.
L'évolution de la masse monétaire résulte ainsi d'un processus de création et de destruction monétaire. Si les opérations à l'origine de la création monétaire l'emportent sur les opérations de destruction, la masse monétaire en circulation s'accroît, et inversement.
Rôle de la Banque centrale et limite de la création monétaire
Les contraintes des banques
Le pouvoir de création monétaire des banques commerciales n'est pas illimité.
- Le pouvoir de création monétaire par les banques de second rang est limité par la nécessité de se procurer les liquidités nécessaires à l'octroi des crédits. Les banques de second rang ne détiennent pas toutes les liquidités correspondant aux crédits qu'elles octroient (elles octroient des crédits sans détenir les billets ou pièces correspondants, c'est le principe même de la création monétaire). Cependant, elles doivent tout de même en détenir une partie, car les créditeurs vont en retirer une partie sous forme fiduciaire.
- De ce fait, le pouvoir de création monétaire est aussi limité par la nécessité de garder des liquidités pour régler les soldes de compensation. Les banques détiennent en effet des créances les unes sur les autres, qu'il faut solder.
- Les banques doivent constituer les réserves obligatoires : c'est un minimum de dépôt obligatoire qu'elles doivent déposer auprès de la Banque centrale.
Si une personne qui a un compte à la banque A fait un chèque de 1000 € pour une personne qui le dépose dans une banque B, la banque A doit 1000 € à la banque B. Si, par ailleurs, la banque A a prêté à la banque B 10 000 € dans la journée, à la fin de la journée, la banque B doit donc 10 000-1\ 000=9\ 000\text{ }€ à la banque A. C'est le solde de compensation que la banque B doit régler à la banque A, et pour cela, il lui faut des liquidités. Cela limite son pouvoir de création monétaire, puisqu'elle ne peut créer de la monnaie qu'à mesure des liquidités dont elle dispose.
Les banques commerciales doivent donc se procurer de la "monnaie Banque centrale", c'est-à-dire de la monnaie qui a été créée par la Banque centrale : il s'agit de la monnaie fiduciaire et des dépôts auprès de la Banque centrale.
Pour cela, les banques peuvent :
- Se financer sur le marché monétaire : les banques en excédent de trésorerie (c'est-à-dire qui ont de l'argent liquide à disposition) prêtent de l'argent à court terme sur le marché monétaire, moyennant un taux d'intérêt qui dépend de la loi de l'offre et de la demande. Sur ce marché, c'est la monnaie qui est une marchandise, et son prix est le taux d'intérêt. Les banques échangent ces liquidités contre des titres de créances facilement échangeables, comme les bons du Trésor ou les certificats de dépôt (dettes émises par les banques). Ces titres sont facilement échangeables, car les agents ont confiance en leur valeur. La Banque centrale peut intervenir sur ce marché et faire varier le taux d'intérêt en augmentant ou diminuant la quantité de monnaie disponible.
- Se financer directement auprès des banques centrales, qui rachètent aux banques de second rang des titres à court terme, moyennant un taux d'intérêt (taux de refinancement) déterminé par leur politique monétaire (par exemple la facilitation ou non des prêts de court terme).
Marché monétaire
Le marché monétaire est un lieu de financement à court terme pour les grandes entreprises, les intermédiaires financiers (banques et assurances) et l'État (via les banques centrales ou le Trésor public). Il comprend le marché des titres de créances négociables et le marché interbancaire.
Banque centrale
La Banque centrale est la "banque des banques" dans un État ou une zone monétaire. Elle assure et contrôle la création monétaire (monopole d'émission de billets) et conduit la politique monétaire. Elle est garante de la liquidité bancaire et est indépendante vis-à-vis du pouvoir politique.
Fonction de prêteur en dernier ressort
La Banque centrale est garante de la liquidité bancaire : elle assure la fonction de "prêteur en dernier ressort". Cette fonction est utilisée pour assurer la liquidité des banques ou injecter massivement des liquidités (c'est-à-dire de la monnaie banque centrale) sur le marché monétaire, afin d'éviter des faillites bancaires en chaîne.
Une banque Z peut avoir beaucoup de créances à long terme (de l'argent qui lui est dû et sur lequel elle peut compter), mais avoir de grands besoins de liquidités à court terme. Schématiquement, elle peut devoir rembourser 100 000 € demain, et n'avoir aucune liquidité, alors qu'une entreprise C lui doit 100 000 € dans un mois. Si personne ne veut lui prêter d'argent aujourd'hui, la banque connaît une crise de liquidité et fait faillite alors qu'elle est solvable (c'est-à-dire qu'elle était en capacité de rembourser ses prêts, mais à long terme).
Ainsi, si la Banque centrale estime que cette banque Z sera bien en capacité de rembourser plus tard l'argent qu'on lui prête aujourd'hui, la Banque centrale va lui prêter des liquidités (elle va lui prêter aujourd'hui les 100 000 € que la banque Z remboursera dans un mois, grâce à l'argent dû par l'entreprise C). Cela permet à la banque centrale d'éviter les faillites en chaîne : si la banque Z devait déjà de l'argent à une autre banque Y et qu'elle faisait faillite, elle mettrait la banque Y en difficulté, et celle-ci pourrait faire faillite à son tour.
La Banque centrale européenne est ainsi intervenue de façon forte lors de la crise financière de 2007 qui a anéanti la confiance entre les banques. Les banques refusaient de se prêter de la monnaie banque centrale entre elles, et la Banque centrale européenne a donc décidé de leur prêter massivement de l'argent "frais".
Prêteur en dernier ressort
La fonction de prêteur en dernier ressort est une fonction des banques centrales qui permet de garantir la fourniture de liquidités aux agents économiques, notamment en cas d'insuffisance de liquidités.
Réguler la création monétaire
La Banque centrale est garante de la confiance accordée à la monnaie. Elle doit en ce sens préserver le pouvoir d'achat de la monnaie. Cela se mesure notamment par le niveau général des prix.
- Un excès de monnaie va ruiner la confiance en son pouvoir d'achat (il faut plus de monnaie pour acheter la même quantité de marchandises).
- Une pénurie de monnaie ne permet pas à l'activité économique de se développer.
La Banque centrale a la capacité de réguler la quantité de monnaie en circulation, elle peut :
- Adapter la fraction de réserves obligatoires que les banques commerciales doivent détenir auprès de la Banque centrale. Cela peut limiter la quantité de crédits accordés par les banques.
- Agir sur les liquidités disponibles sur le marché monétaire (en modifiant son offre de monnaie centrale).
- Adapter le taux d'intérêt directeur : c'est le taux d'intérêt de la monnaie que la Banque centrale prête aux banques de second rang. C'est donc le coût du crédit que la Banque centrale fait aux banques de second rang. Les banques de second rang empruntent de l'argent à la Banque centrale et le prêtent à leur tour aux ménages et aux entreprises. Elles répercutent donc les variations des taux d'intérêt directeurs que pratique la Banque centrale sur les taux d'intérêt qu'elles pratiquent elles-mêmes auprès des agents économiques.
Sur un deuxième schéma on observe :
Différentes banques centrales peuvent adopter des objectifs différents.
La Banque centrale européenne (BCE) mène ainsi une politique de lutte contre l'inflation (son objectif est que l'inflation ne dépasse pas 2 %). Elle a toutefois accepté des taux plus élevés pour soutenir la croissance.
La Fed (Banque centrale des États-Unis) mène plutôt une politique de soutien à la croissance et vise le plein-emploi, bien qu'elle cherche aussi à limiter l'inflation.
Le financement des activités économiques
Le financement de l'économie
Certains agents ont traditionnellement des capacités de financement, c'est-à-dire qu'ils dégagent des ressources sous la forme d'épargne : ils ne dépensent pas tout l'argent qu'ils gagnent. Généralement, ce sont les ménages qui sont en capacité de financement.
D'autres agents ont des besoins de financement, leurs dépenses (en consommation et en investissement) dépassent leur épargne. Il s'agit généralement des entreprises, mais également des administrations publiques.
Il est donc efficace de mettre en relation ceux qui ont de l'argent à prêter et ceux qui souhaitent emprunter : c'est le système financier qui se charge de cette mise en relation.
Les différentes formes de financement
D'après "Le financement de l'économie", Les Cahiers français, mars 2006
Financement interne
Dans le cas du financement interne, ou autofinancement, un même agent (une entreprise) a des capacités et des besoins de financement : l'entreprise se finance donc elle-même. C'est un financement réalisé sans apport de capitaux extérieurs. Il est réalisé sur la base.
- De l'épargne éventuelle de l'entreprise.
- Des bénéfices non distribués aux actionnaires et mis en réserve dans le but d'investir.
- Des dotations aux amortissements, c'est-à-dire les sommes mises de côté par les entreprises pour financer le remplacement du capital productif existant.
Autofinancement
L'autofinancement correspond aux moyens de financement obtenus au sein même de l'entreprise grâce à son activité.
Financement externe indirect
Le financement externe indirect ou financement intermédié est un financement qui se fait par recours aux intermédiaires financiers : les banques. L'entreprise empruntera aux banques qui, elles, se chargeront de trouver les fonds. Le plus souvent, elles prêtent les fonds que les ménages déposent chez elles. Les banques se rémunèrent grâce au taux d'intérêt : l'entreprise qui emprunte doit leur rembourser le capital emprunté, mais aussi des intérêts, qui sont un pourcentage de la somme empruntée.
Financement indirect
Le financement indirect est un financement de l'économie par des intermédiaires financiers comme les banques.
Taux d'intérêt
Pourcentage d'une somme prêtée que le débiteur doit payer au créancier en rémunération d'un service.
Financement externe direct
Le financement externe direct est un financement qui s'opère par recours aux marchés financier et monétaire. L'entreprise peut directement être mise en relation avec les fournisseurs de capitaux :
- Soit en empruntant : l'entreprise émet alors des obligations qui sont des titres de créances représentant une partie de l'emprunt de l'entreprise. L'émission d'obligations est une procédure d'endettement et l'entreprise doit rembourser en payant en supplément un intérêt, fixé selon les conditions du marché au moment de l'émission des obligations.
- Soit en émettant des titres de propriété : l'entreprise émet des actions représentant une partie du capital de l'entreprise. Les agents qui achètent ces titres deviennent alors propriétaires d'une partie de l'entreprise, ce sont les actionnaires. L'entreprise n'a pas de remboursement à effectuer aux actionnaires (elle ne paie pas d'intérêts aux actionnaires), mais les actionnaires ont droit à des dividendes, c'est-à-dire une partie des bénéfices de l'entreprise.
Le marché monétaire est le marché des capitaux à court et moyen terme. Il comprend deux compartiments principaux :
- Le marché interbancaire (réservé aux banques)
- Le marché des "titres de créances négociables" (TCN) sur lequel les banques, l'État et les entreprises peuvent émettre ou échanger des titres négociables, parmi lesquels : les billets de trésorerie (pour les entreprises) et les bons du Trésor (émis par l'État, rendent le propriétaire créancier de l'État).
Le marché financier est le marché des capitaux à long terme. Il est constitué de deux compartiments :
- Le marché primaire, sur lequel les agents qui ont besoin de financement émettent des titres. Les émetteurs reçoivent des capitaux.
- Le marché secondaire, sur lequel se négocient les titres déjà émis. Le marché secondaire ne contribue pas directement au financement des agents qui ont émis les titres, mais il est le complément indispensable du marché primaire puisqu'il permet aux apporteurs de capitaux de revendre facilement les titres achetés antérieurement, leur conférant ainsi de la liquidité.
Financement direct
Financement sur les marchés (monétaire pour le court terme, financier pour le long terme). Les agents à besoin de financement émettent des titres achetés directement par les agents à capacité de financement.
Taux d'intérêt et risque d'endettement
Si l'on excepte la solution de financement externe qui consiste à augmenter les fonds propres en faisant appel aux associés actuels ou à de nouveaux associés (émission d'actions), les autres modes de financement externe sont basés sur des opérations de crédit, qu'il s'agisse du recours à un prêt bancaire ou de l'émission de titres de créances à court, moyen ou long terme.
Pour l'emprunteur, le taux d'intérêt représente le coût du crédit.
Si une entreprise emprunte à une banque 1000 € pour un an à un taux d'intérêt de 3 %, à l'échéance du prêt, elle devra avoir remboursé à la banque :
- Le capital emprunté : 1000 €
- Les intérêts : 3% de 1000 €, soit \dfrac{3}{100} \times 1\ 000 = 30 €
Pour le prêteur, le taux d'intérêt représente le bénéfice lié à l'emprunt. Le taux d'intérêt rémunère le prêteur, car :
- Le prêteur accepte de ne pas pouvoir disposer de son argent avant le remboursement du crédit : il diffère donc dans le temps son usage de l'argent. En conséquence, généralement, plus un prêt est consenti à long terme, et plus le taux d'intérêt est élevé, car cela impose que le prêteur attende plus longtemps avant de retrouver son argent.
- Le prêteur accepte de prendre un risque : si l'emprunteur ne rembourse pas le prêt (on dit qu'il "fait défaut"), le prêteur aura perdu ses fonds.
En conséquence, plus le risque de défaut de la part de l'emprunteur est grand, et plus le prêteur demandera des taux d'intérêt élevés.
Ce lien entre risque de défaut et taux d'intérêt peut être observé au niveau des emprunts nationaux.
Les pays en lesquels les créanciers (les prêteurs) ont confiance peuvent emprunter à faible coût, c'est-à-dire à des taux d'intérêt faibles. En 2012, l'Allemagne pouvait ainsi emprunter à long terme au taux de 1,5 % : les prêteurs avaient confiance dans le fait qu'elle rembourserait l'argent prêté.
En revanche, les pays en lesquels les prêteurs ont peu confiance doivent payer des taux d'intérêt beaucoup plus élevés pour que les prêteurs acceptent de prendre le risque de prêter. En 2012, les prêteurs n'avaient pas confiance en la Grèce, car ils pensaient qu'elle ne rembourserait probablement pas l'intégralité de l'argent prêté. Ils ont donc exigé de la Grèce qu'elle emprunte à long terme au taux de 22,5 %. Ainsi, en empruntant 100 000 €, la Grèce s'engageait à rembourser 100 000 +\dfrac{22{,}5}{100}\times100 000 = 122\ 500 €. En dessous de ce taux, la rémunération n'était pas jugée suffisante par les prêteurs pour qu'ils prennent le risque de lui prêter.
Risque de crédit
Risque pris par un agent lorsqu'il accorde un prêt (risque de ne pas être remboursé) et par un agent lorsqu'il emprunte (risque de ne pouvoir rembourser l'emprunt).
Une partie importante du travail des banquiers consiste donc à pallier le risque de crédit. Pour cela, ils essaient d'évaluer la solvabilité d'une entreprise (ou d'un ménage) à qui ils font crédit. La solvabilité est la capacité d'un agent financier à rembourser ses dettes à l'échéance attendue.
La crise des subprimes de 2007-2008 illustre une sous-évaluation du risque de crédit. Les banques américaines ont consenti des prêts à des ménages de moins en moins solvables par le biais de taux d'intérêt variables. Les ménages garantissaient le remboursement des prêts, en mettant leur logement en garantie ("hypothèque") : s'ils faisaient défaut, leur maison était vendue pour rembourser les banques. Ainsi, les banques ont consenti des prêts à des ménages de moins en moins solvables, en comptant sur la revente des maisons s'ils faisaient défaut. Mais à partir de 2006, le marché de l'immobilier américain s'est effondré, ce qui a diminué la valeur des maisons. Les banques se sont donc retrouvées dans l'incapacité de pallier les défauts de crédit des ménages par la revente des maisons, ce qui les a mises en difficulté, et plusieurs ont fait faillite, déclenchant une gigantesque crise économique et financière.
L'évolution des formes de financement
Économie d'endettement
On peut caractériser une économie d'endettement par la prédominance du financement indirect, principalement par crédit bancaire. Il y a alors un double niveau d'endettement : les agents s'endettent auprès des banques commerciales et les banques commerciales s'endettent auprès de la Banque centrale, afin d'éviter toute crise de liquidité.
La période des Trente Glorieuses est caractéristique d'une économie d'endettement. Les marchés de capitaux étaient peu développés et l'autofinancement était relativement faible.
L'inflation qui caractérise cette période est par ailleurs favorable à une diminution des taux d'intérêt réels. Grâce à l'inflation, les entreprises peuvent s'endetter à un moment, et rembourser plus tard le montant de l'emprunt avec de la monnaie qui a perdu de la valeur. Les entreprises bénéficient ainsi de l'effet de levier, c'est-à-dire que le coût de l'emprunt est très faible compte tenu de la rentabilité.
Taux d'intérêt réel
Le taux d'intérêt réel correspond au taux d'intérêt nominal déflaté, c'est-à-dire auquel est retiré le taux d'inflation.
Économie de marché
Depuis les années 1980, on note le développement d'une économie de marchés financiers, qui se substitue en partie à l'économie d'endettement. Cela peut s'expliquer par une déréglementation des marchés financiers (qui étaient auparavant plus encadrés et auxquels moins d'acteurs pouvaient accéder), ainsi que par des incitations fiscales de la part des États. Ceux-ci ont favorisé le développement des marchés financiers afin de développer les prêts (notamment aux entreprises) et l'investissement. Les entreprises ayant des besoins de financement de plus en plus grands, les prêts bancaires (limités par l'épargne déposée auprès des banques) ne suffisaient plus à les satisfaire.
Le crédit reste cependant une activité importante des banques, car il permet aux agents non financiers qui n'ont pas accès aux marchés de se financer (ménages et PME).
Dans une économie d'endettement, la Banque centrale est le prêteur en dernier ressort : si les agents ne veulent plus se prêter de l'argent entre eux, elle peut injecter des liquidités dans l'économie pour débloquer la situation.
Dans une économie de marchés financiers, la Banque centrale n'a pas un rôle si bien défini. Elle n'est pas censée prêter aux autres institutions que les banques, or, ce sont précisément d'autres institutions (des fonds souverains par exemple) qui sont les prêteurs sur le marché financier. En cas de crise de liquidité sur le marché financier, il est donc plus compliqué de trouver des prêteurs en dernier ressort.