L'indétermination du concept de bonheur
Emmanuel Kant
Emmanuel Kant
Fondements de la métaphysique des mœurs
1785
Pour Kant, le bonheur est un concept indéterminé : chaque personne le définit selon ses préférences et ses goûts. On ne peut donc pas s'accorder sur une définition du bonheur. C'est un concept empirique, ce qui veut dire qu'il est défini en fonction de l'expérience de chacun.
« Le bonheur est un idéal de l'imagination et non de la raison. »
Emmanuel Kant
Fondements de la métaphysique des mœurs
1785
Pour Kant, le bonheur est un concept empirique : il est particulier (bien que tout le monde le recherche en tant que but universel) et vague, c'est-à-dire qu'il repose sur une idée que chacun se fait du bonheur. C'est pourquoi il relève de l'imagination, et non de la raison, qui suppose des représentations claires.
La classification des désirs
Épicure
Épicure
Lettre à Ménécée
IVe siècle av. J.-C.
Épicure invite à apprendre à distinguer les désirs naturels des désirs vains. Car on ne peut atteindre le bonheur que si l'on sait voir lesquels sont utiles et conformes à la nature de l'homme. Ainsi, certaines choses procurent du plaisir mais portent préjudice (trop manger). Tandis que certaines souffrances sont désagréables mais souhaitables (se faire soigner une carie). C'est seulement quand on se sera exercé à les discerner que l'on pourra espérer atteindre l'ataraxie, c'est-à-dire la paix de l'âme. On parle d'aponie pour caractériser la paix du corps.
« C'est par une sage considération de l'avantage et du désagrément qu'il procure que chaque plaisir doit être apprécié. »
Épicure
Lettre à Ménécée
IVe siècle av. J.-C.
C'est par un exercice de la raison que nous devons apprendre à discerner les désirs nécessaires et ceux qui ne le sont pas. La difficulté est que les passions et l'imagination nous entraînent trop loin de la nature, et que nous confondons le désir naturel (par exemple, le désir sexuel) dont la satisfaction n'est pas indispensable à la vie et le désir naturel et nécessaire (par exemple, la faim). Le désir naturel et nécessaire est très proche de ce que nous appelons le besoin.
La maîtrise des désirs
Épictète
Épictète
Manuel
IIe siècle apr. J.-C.
Pour le philosophe stoïcien Épictète, le monde est régi par une stricte nécessité : le cours des choses, ce qui arrive, ne dépend pas de nous. Seule notre réaction face aux hasards de la vie est en notre pouvoir. Il faut donc apprendre à maîtriser ses passions, et à accepter les événements sans en pâtir.
« Il n'y a qu'une route vers le bonheur, c'est de renoncer aux choses qui ne dépendent pas de notre volonté. »
Épictète
Manuel
IIe siècle apr. J.-C.
Pour être heureux, il ne faut désirer que ce qui dépend de nous, car désirer ce qui dépend du « hasard » revient à se faire l'esclave de ses passions.
Le bonheur comme exercice de la vertu
Aristote
Aristote
Éthique à Nicomaque
IVe siècle av. J.-C.
Pour Aristote, le bonheur est la fin de toutes les actions de l'homme : c'est ce qui est visé à travers chacune d'elles.
Si le bonheur est ce qui est visé à travers toutes ses actions, il n'est donc pas un état stable, mais une activité. C'est en agissant conformément à la vertu que l'homme réalise son essence et trouve le bonheur. Cette existence est source de plaisir.
« Le bien pour l'homme consiste dans une activité de l'âme en accord avec la vertu. »
Aristote
Éthique à Nicomaque
IVe siècle av. J.-C.
Être vertueux, c'est donc développer la capacité qui est propre à l'homme, et la développer le mieux possible. C'est en pratiquant la vertu tout au long d'une vie que l'on accède au bonheur.
Le désir est l'essence de l'homme
Spinoza
Spinoza
Éthique
1677
« Il est impossible que l'homme ne soit pas une partie de la Nature et ne puisse éprouver d'autres changements que ceux qui se peuvent connaître par sa seule nature et dont il est cause adéquate.
Il suit de là que l'homme est nécessairement toujours soumis aux passions, suit l'ordre commun de la Nature et lui obéit, et s'y adapte autant que la nature des choses l'exige. »
Baruch Spinoza
Éthique
1677
Pour Spinoza, le désir n'est pas quelque chose d'extérieur à l'homme : c'est l'expression de son essence. En effet, le corps tout comme l'esprit ont des désirs qui les incitent à continuer d'exister et à se développer conformément à leur nature. Il faut donc apprendre à suivre notre nature profonde, laquelle s'exprime par des désirs.
Spinoza invite donc à connaître les causes des désirs afin d'écarter les désirs qui ne réalisent pas l'essence de l'homme. C'est en empruntant ce chemin qu'il est possible d'accéder à la béatitude.