Le sensible et l'intelligible
L'homme qui se libère de ses préjugés et sort de la caverne éduque son regard au vrai. Il se défait peu à peu du sensible, qui n'est qu'une dégradation du vrai, un « simulacre du vrai ». L'homme peut en effet se laisser piéger par le sensible qui, en tant que simulacre du vrai, peut être considéré comme le vrai lui-même. Ainsi, les prisonniers de la caverne prennent les ombres des choses pour les choses elles-mêmes. En sortant de la caverne, l'homme s'élève vers l'intelligible, c'est-à-dire le vrai lui-même. Cette élévation demande un effort et ne se fait pas sans douleur. Ce n'est que lorsqu'il contemple les idées présentes dans l'intelligible que l'homme accède à la vérité.
Epistémé des XVIe et XVIIe siècles
Une épistémé est l'interrogation sur les conditions de possibilité de connaissance à une époque et dans un lieu donné. L'homme s'intéresse alors aux configurations qui ont donné naissance aux différentes formes de connaissance empiriques. Ainsi l'épistémé du XVIe est basée sur la ressemblance. Pour connaître la vérité sur les choses de la nature, l'homme doit parler le langage du monde, notamment par le biais du décryptage des signatures. À l'inverse, l'épistémé classique est basée sur la représentation. L'homme comprend la nature en la représentant dans des tableaux qui imposent à la nature un certain ordre compréhensible par l'homme. Le tableau se pose comme représentatif de la nature, et jamais pour la nature elle-même.
Discours sophistique et logos philosophique
Platon
Le discours sophistique use d'une rhétorique au pouvoir de persuasion redoutable. Ce discours est basé sur la vraisemblance et la flatterie. Le sophiste est un marchand de savoir, qui se préoccupe de la renommée et de la richesse que peut lui procurer son enseignement, et aucunement de leur véracité. À l'inverse, le logos philosophique est entièrement tourné vers la vérité et non vers le vraisemblable. Pour cela, le philosophe n'enseigne pas mais dialogue avec son interlocuteur afin que tous deux cheminent de concert vers la vérité. Le logos philosophique peut alors être rejeté car il ne flatte pas, ni ne cherche à plaire, mais seulement à dire le vrai. Au sens platonicien, seul le discours philosophique, parce qu'il est un discours vrai, est un beau discours.
Loi morale
Emmanuel Kant
L'obéissance à la loi morale est inconditionnelle. L'impératif catégorique est l'impératif moral qui me prescrit universellement l'action morale qui doit être la mienne. Je sais avec évidence quelle doit être mon action. La loi morale dit « Tu dois ». En revanche, lorsqu'il cherche à satisfaire un intérêt, l'homme obéit à l'impératif hypothétique disant « Si tu veux X, alors tu dois faire telle ou telle chose ». L'homme doit alors prendre en compte les différents facteurs de la situation, pour évaluer quelle action lui permettra le mieux d'arriver à la fin visée. Je ne sais pas avec évidence ce qu'il convient de faire pour parvenir à mes fins, et ma décision est alors le fruit d'un calcul.
Volonté de vérité
La volonté de vérité a deux faces. En tant qu'elle est création d'une valeur qui est la vérité, elle est l'expression de la volonté de puissance. En tant qu'elle est croyance en la valeur vérité, elle est une entrave à la volonté de puissance. En effet, pour Nietzsche, la croyance dans une vérité signifie l'obéissance à cette vérité. Il n'y a pas à ses yeux de croyance libre. L'homme s'agenouille devant la valeur vérité et accepte d'être contraint par elle. Cette croyance est une faiblesse car elle répond au désir humain d'avoir des certitudes dans et malgré l'absence de sens du monde. C'est le refus par lâcheté d'affronter cette absence de sens, qui est autant celle du monde que celle de l'homme lui-même.
Transvaluation
Friedrich Nietzsche
Le questionnement sur la valeur des valeurs qui sont celles des hommes dans une société et une époque donnée conduit à estimer quelles valeurs servent ou entravent la volonté de puissance. Il faut alors dépasser les valeurs qui ne servent plus la volonté de puissance pour poser de nouvelles valeurs. Ce double mouvement de dépassement et de restauration des valeurs est ce que Nietzsche nomme la transvaluation.