La perception comme subjectivité
Merleau-Ponty
Merleau-Ponty
La Structure du comportement
1942
Merleau-Ponty
Phénoménologie de la perception
1945
Pour Merleau-Ponty, la perception constitue le rapport privilégié de l'Homme au monde. Prenant à rebours toute une tradition philosophique et psychologique (notamment le behaviorisme) qui faisait de la perception le résultat de processus purement physiques, reçu passivement par le sujet, il montre que la perception est active en tant qu'elle ouvre le sujet sur le monde. C'est dans cette perspective qu'il accordera une place primordiale au corps, comme corps percevant, puisque c'est en grande partie à travers le corps que l'Homme fait l'expérience du monde.
C'est pourquoi il n'y a pas de sens à se demander si la perception peut être objective : constituant l'accès direct qu'un sujet conscient a au monde, la perception est ce qui constitue le monde vécu. Elle est donc inséparable de l'expérience d'un sujet singulier.
Merleau-Ponty met en évidence, dans Phénoménologie de la perception (1945), que la perception est la faculté constitutive du monde pour un sujet. En ce sens, la perception est ce qui fait qu'il y a un monde pour un individu.
Il ne faut donc pas se demander si nous percevons vraiment un monde, il faut dire au contraire : le monde est cela que nous percevons.
Maurice Merleau-Ponty
Phénoménologie de la perception, Paris, éd. Gallimard, coll. "Tel" (2005)
1945
Merleau-Ponty met en évidence, dans cette citation, que la perception est la faculté constituve du monde pour un sujet. En ce sens, la perception est ce qui fait qu'il y a un monde pour un individu.
La perception comme apprentissage
Alain
Alain
Éléments de philosophie
1916
Le philosophe Alain estime que la perception est un apprentissage. Il prend pour cela un dé, et fait remarquer qu'on ne peut jamais appréhender en entier sa forme cubique. L'Homme ne peut jamais voir tous les côtés du dé en même temps. Pourtant par l'apprentissage, il est capable de reconnaître la forme cubique du dé. Cela signifie qu'en fonction de son éducation ou de sa culture, un être humain n'appréhendera pas le monde de la même façon qu'un autre. La perception des choses est donc bien liée à l'apprentissage. L'Homme apprend à voir, à écouter, à sentir, à goûter et à toucher. Il existe donc différentes façons de percevoir le monde.
La perception est déjà une fonction de l'entendement.
Alain
Éléments de philosophie, Paris, éd. Gallimard, coll. "Folio essais" (1990)
1916
La distinction entre connaissance et perception
Aristote
Aristote
Seconds analytiques
IVe siècle av. J.-C.
Selon Aristote, la perception ne peut constituer une forme de connaissance car elle dépend entièrement des sens du sujet qui perçoit. Elle porte donc toujours sur une réalité singulière, c'est-à-dire une chose donnée ici et maintenant. À l'inverse, la connaissance se doit d'être universelle et éternelle : une fois prouvée par une démonstration, elle est valable en tout temps et en tout lieu.
La perception porte nécessairement sur une réalité singulière, tandis que la science consiste dans le fait de connaître l'universel.
Aristote
Seconds analytiques, trad. Jules Tricot, Paris, éd. Vrin, coll. "Bibliothèque des Textes philosophiques" (1995)
IVe siècle avant J.-C.
La perception suppose un acte de l'esprit
Descartes
Méditations métaphysiques
René Descartes
1641
Descartes met en évidence le fait que la perception n'est pas une donnée brute, elle est toujours interprétée par l'entendement. De ce fait, on comprend que ce ne sont pas les sens qui nous trompent. C'est lors de l'acte de raison par lequel nous tirons des informations de ces sens que nous commettons des erreurs. Les informations transmises par nos sens ne sont donc ni vraies ni fausses, mais peuvent être mal interprétées par notre entendement. L'erreur est donc une erreur du jugement.
Ma perception n'est point une vision, ni un attouchement, ni une imagination, et ne l'a jamais été quoiqu'il le semblât ainsi auparavant, mais seulement une inspection de l'esprit.
René Descartes
Méditations métaphysiques, dans Œuvres de Descartes, texte établi par Victor Cousin, éd. Levrault (1824)
1641
La perception n'est pas la simple réception des données reçues par les sens, mais une activité de l'esprit qui, à partir de ces données, formule un jugement.
L'immatérialisme
George Berkeley
George Berkeley
Principes de la connaissance humaine
1710
George Berkeley
Trois dialogues entre Hylas et Philonous
1713
Puisque notre rapport au monde se fait uniquement à travers nos sens, Berkeley affirme que la seule réalité des choses est d'être perçue. Nous ne pouvons prouver qu'une réalité matérielle existe derrière nos perceptions. Ce que nous nommons objet matériel n'est en réalité qu'un ensemble de sensations. Ce qui existe, c'est ce que nous touchons, ce que nous voyons, entendons ou sentons, et l'interprétation que nous faisons de ces sensations.
Pour Berkeley, l'existence se définit par la perception. Cela signifie que lorsque l'on dit d'un objet qu'il existe, on exprime seulement le fait qu'il existe dans notre perception, soit comme objet perçu, soit comme sujet qui perçoit.
Une pomme, par exemple, est rouge ou verte, et possède une forme à peu près invariable. Mais le daltonien ou l'astigmate, dont la vision est déformée, percevront différemment la couleur ou la forme, et un myope pourra même ne pas du tout la distinguer.
Être, c'est être perçu ou percevoir.
George Berkeley
Principes de la connaissance humaine, (A Treatise Concerning the Principles of Human Knowledge), trad. Charles Renouvier, texte établi par André Lalande et Georges Beaulavon, Paris, éd. Armand Collin (1920)
1710
Pour Berkeley, l'existence se définit par la perception. Cela signifie que lorsque l'on dit d'un objet qu'il existe, on exprime seulement le fait qu'il existe dans notre perception, soit comme objet perçu, soit comme sujet qui perçoit.
Une pomme, par exemple, est rouge ou verte, et possède une forme à peu près invariable. Mais le daltonien ou l'astigmate, dont la vision est déformée, percevront différemment la couleur ou la forme, et un myope pourra même ne pas du tout la distinguer.
Les sens comme guide pratique
René Descartes
René Descartes
Méditations métaphysiques
1710
Descartes met en garde contre les sens, qui peuvent s'avérer trompeurs. Par exemple, les yeux peuvent tromper l'Homme, avec les illusions d'optique. Dans la "Première méditation", Descartes doute des sens complètement : si les sens peuvent nous tromper une fois, ne peuvent-ils pas nous tromper constamment ? Toutefois, dans la "Deuxième méditation", Descartes prend l'exemple d'un morceau de cire qu'on ferait fondre. Les sens permettent de voir et de sentir cette transformation. L'entendement permet de savoir qu'il s'agit du même morceau de cire. Ainsi, Descartes dit que les sens suggèrent que la cire dure et la cire liquide sont deux choses différentes, mais que l'entendement fait comprendre qu'il s'agit de la même cire. Le problème ne vient pas des sens mais de l'entendement. Si l'Homme croit qu'il s'agit de deux choses différentes, c'est que son jugement est trop rapide. Ce ne sont pas les sens qui se trompent, mais l'entendement. Si l'Homme ne doit pas avoir une foi aveugle en ses sens, il peut tout de même les utiliser comme "guide pratique". Les sens renseignent sur le monde.