Sommaire
ILe langage : propre de l'hommeIILa diversité des languesIIILe langage et la penséeAPensée et langage sont liésBLes mots fixent la penséeCIl n'y a pas de pensée sans langageDLes limites du langageIVLe pouvoir du langageA« Quand dire, c'est faire »BPouvoir symbolique des mots : le cas de la psychanalyseLe langage : propre de l'homme
« La langue de convention n'appartient qu'à l'homme. »
Jean-Jacques Rousseau
Essai sur l'origine des langues
1781
Dans cette citation, Rousseau distingue l'homme des autres vivants, et particulièrement des animaux, en énonçant que l'homme seul possède une langue de convention. Derrière cette idée de langue de convention, il faut comprendre que l'homme, contrairement aux animaux, crée un langage qui n'est pas une expression de l'instinct, mais le reflet de sa pensée. Ainsi, contrairement aux communications animales, qui sont innées et se développent chez tous les animaux, le langage humain est le fruit d'une construction progressive, et peut toujours se transformer.
La diversité des langues
La Tour de Babel
La Tour de Babel est un épisode de la Bible. Les hommes de Babylone construisent une haute tour pour tenter d'atteindre Dieu. Cette envie de s'élever aussi haut est punie par Dieu, car c'est une preuve de l'orgueil humain. Alors qu'avant cet événement, tous les hommes parlaient la même langue, Dieu crée différents langages. Les hommes sont alors incapables de se comprendre. Ils ne peuvent plus construire la tour. Ils se dispersent, et la tour s'écroule.
Cette histoire biblique explique l'origine des différentes langues, mais également la dispersion des hommes. En effet, les hommes ont tous la même origine, mais ils se sont regroupés en fonction de leurs langues.
Le lapin de Quine
Le philosophe Willard Van Orman Quine a écrit sur la traduction et les problèmes qu'elle peut entraîner. C'est ce que l'on appelle sa thèse de l'« impossibilité de la traduction radicale », dont il traite dans Le Mot et la Chose publié en 1960, puis dans La Relativité de l'ontologie en 1977.
Quine imagine un linguiste qui tente de traduire une langue indigène inconnue. Il ne dispose pas de dictionnaire. Il est avec un indigène qui prononce « Gavagai ! » au moment où un lapin passe devant eux. Le linguiste ne peut pas savoir avec certitude que « Gavagai » signifie « lapin ». Cela pourrait signifier « attention » ou « quelque chose vient d'apparaître ». Quine souligne qu'il est donc impossible de déterminer la bonne traduction de l'expression.
Il remet ainsi en cause, encore plus radicalement que ses prédécesseurs, les présupposés de la notion de « signification », poussant ainsi à ses extrêmes conséquences le courant d'idées auquel il se rattache : la philosophie analytique.
Le langage et la pensée
Pensée et langage sont liés
« La langue est comparable à une feuille de papier : la pensée est le recto et le son le verso. »
Ferdinand de Saussure
Cours de linguistique générale
1916
Pour Saussure, le langage doit être compris selon le couple signifiant-signifié. Ainsi, il y a d'un côté le son, le mot, et de l'autre, ce qu'il représente, l'idée ou la chose.
Les mots fixent la pensée
« Le premier usage des dénominations est de servir de marques ou de notes en vue de la réminiscence. »
Thomas Hobbes
Léviathan
1651
Pour Hobbes, la première fonction des mots a été de fixer nos pensées. Autrement dit, sans les mots, l'homme aurait été incapable de fixer sa pensée et donc de la prolonger et de la communiquer.
Il n'y a pas de pensée sans langage
« La pensée se réduit sinon exactement à rien, en tout cas à quelque chose de si vague et de si indifférencié que nous n'avons aucun moyen de l'appréhender comme "contenu" distinct de la forme que le langage lui confère. La forme linguistique est donc non seulement la condition de transmissibilité, mais d'abord la condition de réalisation de la pensée. »
Émile Benveniste
Problèmes de linguistique générale
© Gallimard, collection Bibliothèque des Sciences humaines, 1966
Benveniste exprime ici l'idée qu'il est impossible de penser quelque chose qui ne pourrait se formuler à l'intérieur du langage. Ainsi, le langage n'est pas qu'un outil qui permet d'exprimer ses pensées : le langage est le matériau même au sein duquel toute pensée s'élabore.
Les limites du langage
« Chacun de nous a sa manière d'aimer et de haïr, et cet amour, cette haine, reflètent sa personnalité tout entière. Cependant le langage désigne ces états par les mêmes mots chez tous les hommes ; aussi n'a-t-il pu fixer que l'aspect objectif et impersonnel de l'amour, de la haine, et des mille sentiments qui agitent l'âme. »
Henri Bergson
Essai sur les données immédiates de la conscience
1889
Dans cette citation, Bergson montre le décalage entre un mot, qui est toujours général, et la réalité singulière qu'il doit désigner. Par exemple, le mot « amour » est général et ne permet pas de rendre compte des mille et une façons qu'il y a d'aimer quelqu'un ou quelque chose.
Le pouvoir du langage
« Quand dire, c'est faire »
Dans son ouvrage Quand dire, c'est faire, le philosophe John Austin utilise les exemples suivants pour mettre en évidence le caractère performatif de certains types d'énoncés :
- Quand une personne, à la mairie ou à l'autel, dit « Oui [je le veux] », elle ne fait pas que le reportage d'un mariage : elle se marie.
- Lorsque quelqu'un dit « Je baptise ce bateau le Queen Elisabeth », comme on dit lorsque l'on brise une bouteille contre la coque d'un bateau, il ne décrit pas quelque chose, mais son énoncé réalise une action. Le bateau est baptisé.
Pouvoir symbolique des mots : le cas de la psychanalyse
« La parole était à l'origine un charme, un acte magique, et elle a conservé encore beaucoup de son ancienne force. »
Sigmund Freud
La Question de l'analyse profane
1926
Par le biais de son travail sur l'inconscient, Freud a mis en évidence le pouvoir symbolique que peut avoir la parole. C'est sur cette force symbolique du langage que repose la cure psychanalytique.