Sommaire
ILes formes de l'échangeALa monnaieBLe donIILa société et les échangesIIILe rôle politique des échangesIVLa recherche du profitLes formes de l'échange
La monnaie
La monnaie, dès lors, jouant le rôle de mesure, rend les commensurables entre elles et les amène ainsi à l'égalité : car il ne saurait y avoir de communauté d'intérêts sans échange, ni échange sans égalité, ni enfin égalité sans commensurabilité.
Aristote
Éthique à Nicomaque, trad. Jules Tricot, Paris, éd. Vrin, coll. "Bibliothèque des Textes philosophiques" (1990) (1re éd. 1959)
IVe siècle av. J.-C.
Aristote souligne d'une part que la monnaie, permettant de comparer entre eux des biens de natures et de valeurs différentes, rend l'échange égal. Mais il souligne aussi que l'échange lui-même est l'un des piliers d'une communauté : car les hommes s'assemblent aussi en vue d'assurer leur survie en mettant en commun les résultats de leur travail.
Le don
Potlach
Dans l'Essai sur le don, Marcel Mauss étudie le phénomène du Potlach. Il s'agit d'une tradition ayant lieu chez les Indiens d'Amérique du Nord. Dans le Potlach, le chef de tribu fait des dons à sa tribu dans le but d'asseoir son autorité. Mais le don ne s'arrête pas là : car ceux qui ont reçu doivent à leur tour donner. À travers le Potlach s'engage le circuit de l'échange, dans lequel chacun doit répondre à la triple obligation de donner, recevoir et rendre.
À travers cet exemple du Potlach, l'anthropologue Marcel Mauss entend montrer que le don, contre l'image courante d'un acte désintéressé, participe de la création d'un réseau d'obligations. Le don constitue un fait social total : pour le comprendre, il faut le rapporter à l'échelle de la société dans son ensemble. Le don est donc une forme d'échange qui structure la société entière.
La société et les échanges
Il y a, selon moi, naissance de sociétés du fait que chacun de nous, loin de se suffire à lui-même, a au contraire besoin d'un grand nombre de gens. […] S'il en est donc ainsi, un homme s'adjoignant un autre en raison du besoin qu'il a d'une chose, un second en raison du besoin d'une autre ; une telle multiplicité de besoins amenant à s'assembler sur un même lieu d'habitation une telle multiplicité d'hommes qui vivent en communauté et entraide, c'est pour cette façon d'habiter ensemble que nous avons institué le nom de société politique.
Platon
La République, trad. Pierre Pachet, Paris, éd. Gallimard, Folio Essais (1993)
IVe siècle av. J.-C.
Platon montre ici que la société est le résultat d'un processus d'expansion de la famille, motivé par l'incapacité de l'homme de subvenir seul à ses besoins vitaux. L'échange de biens et de services, nécessaire à la survie, est donc à l'origine de la vie en société.
L'homme a presque continuellement besoin du secours de ses semblables, et c'est en vain qu'il l'attendrait de leur seule bienveillance. […] Ce n'est pas de la bienveillance du boucher, du marchand de bière ou du boulanger, que nous attendons notre dîner, mais bien du soin qu'ils apportent à leurs intérêts. Nous ne nous adressons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme ; et ce n'est jamais de nos besoins que nous leur parlons, c'est toujours de leur avantage.
Adam Smith
Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, (An Inquiry into the Nature and Causes of the Wealth of Nations), trad. Philippe Jaudel, Jean-Michel Servet, Paris, éd. Economica (2000)
1776
Smith insiste ici sur le fait que ce n'est pas par bienveillance que les hommes produisent des biens (du pain, de la viande), et qu'ils les échangent, mais bien pour satisfaire leurs intérêts personnels. C'est pourquoi ma propre survie dépend du soin que les autres apportent à la poursuite de leurs intérêts : si le boulanger veille à la qualité de son pain, ce n'est pas directement pour faire plaisir à ses clients mais pour être sûr de pouvoir vendre son pain. C'est donc d'abord pour son propre intérêt.
Le rôle politique des échanges
L'effet naturel du commerce est d'apporter la paix. Deux nations qui négocient ensemble se rendent réciproquement dépendantes : si l'une a intérêt d'acheter, l'autre à intérêt de vendre ; et toutes les unions sont fondées sur les besoins mutuels.
Montesquieu
De l'esprit des lois, Genève, éd. Barrillot & fils
1748
Montesquieu affirme que les échanges ont un rôle politique, qui est celui de maintenir la paix. En effet, pour échanger, il faut être en bons termes. Les échanges sont donc bénéfiques.
La recherche du profit
Le mythe de Midas
Le roi Midas est le souverain de la Phrygie. C'est un homme cupide. Un jour, Silène, un ami du dieu Dionysos, est amené devant Midas. Ce dernier lui offre l'hospitalité. Il organise même de grandes fêtes en son honneur. Lorsque Dionysos vient récupérer Silène, il récompense Midas en lui accordant un vœu. Le roi Midas fait le souhait de transformer en or tout ce qu'il touche. Dionysos le met en garde contre son vœu qui est dangereux, mais Midas insiste.
Le roi se met à toucher tout ce qu'il possède pour que cela se transforme en or. Mais lorsqu'il se met à table et tente de se rassasier, sa nourriture se change en or. Lorsqu'il boit, sa boisson se change en or. Effrayé à l'idée de ne plus jamais pouvoir se nourrir ou boire, Midas implore Dionysos d'annuler son souhait. Le dieu lui dit qu'il doit se baigner dans le fleuve Pactole et remonter jusqu'à sa source pour s'y laver. Midas obéit et est libéré.
Ce mythe met en garde contre la cupidité humaine, qui peut amener le malheur.