Sommaire
ILe rationalismeALa mathématisation du réelBLa philosophie positive d'Auguste ComteIILa prévisibilité des phénomènes : le démon de LaplaceIIIRelativité des modèles scientifiques : l'exemple de la lumièreIVLimites de la raison selon PascalLe rationalisme
La mathématisation du réel
La science doit désormais examiner les matières physiques par des raisons mathématiques.
Descartes
Lettre à Mersenne du 11 octobre 1685
1685
Dans cette citation, Descartes souligne l'attitude que doit adopter la raison si elle veut connaître le réel. En effet, pour produire une connaissance scientifique de la réalité, il ne faut plus rechercher des causes métaphysiques aux phénomènes, mais les expliquer à l'aide des lois mathématiques, qui sont universelles et nécessaires.
La philosophie positive d'Auguste Comte
Le caractère fondamental de la philosophie positive est de regarder tous les phénomènes comme assujettis à des lois naturelles invariables.
Auguste Comte
Cours de philosophie positive
1830 - 1842
Le passage de l'état métaphysique à l'état positif dans les sciences se caractérise par l'abandon de l'explication par des causes au profit de l'explication à l'aide de lois universelles et nécessaires. Il s'agit donc de rechercher les liens entre les différents phénomènes observés, afin d'élaborer des lois qui rendent compte de la régularité de leur apparition.
La prévisibilité des phénomènes : le démon de Laplace
Une intelligence qui, à un instant donné, connaîtrait toutes les forces dont la nature est animée et la situation respective des êtres qui la composent, […] embrasserait dans la même formule les mouvements des plus grands corps de l'univers et ceux du plus léger atome ; rien ne serait incertain pour elle, et l'avenir, comme le passé, serait présent à ses yeux.
Laplace
Essai philosophique sur les probabilités
1814
À travers cette expérience de pensée appelée "le démon de Laplace", ce philosophe illustre l'idée d'une légalité naturelle, c'est-à-dire l'idée que la nature est régie par un déterminisme strict. Or, si tous les phénomènes naturels suivent des lois nécessaires, il est possible d'imaginer qu'un être capable de connaître toutes ces lois de la nature serait alors capable de connaître tout ce qui a lieu dans le monde, et de prévoir tout ce qui s'y produira.
Relativité des modèles scientifiques : l'exemple de la lumière
Lorsque la physique classique étudiait le phénomène de la lumière, elle ne parvenait pas à trancher entre deux modèles théoriques qui rendaient compte chacun de la lumière à l'aide d'une théorie jugée valide. En effet, il est possible d'utiliser deux modèles pour expliquer la lumière :
- Le modèle corpusculaire : il part du postulat que la lumière est faite de corpuscules comme la matière est faite d'atomes. C'est un postulat, car ce n'est pas observé empiriquement : c'est une proposition qu'on admet comme vraie, et qui sert de fondement à la théorie. À partir de ce postulat, on démontre que les lois des corps physiques permettent de rendre compte du mouvement de la lumière.
- Le modèle ondulatoire : la lumière serait une onde. On peut donc en comprendre le fonctionnement en utilisant le modèle de la propagation du son.
Ces deux modèles permettaient de rendre compte du fonctionnement de la lumière, mais sans parvenir à une théorie de la lumière unifiée. Il a fallu l'apparition de la mécanique ondulatoire de Louis de Broglie, au XXe siècle, pour que l'on puisse penser dans une théorie unifiée ces deux propriétés de la lumière. "Matière" et "lumière" sont alors assimilées, respectivement comme l'aspect corpusculaire et l'aspect ondulatoire de la réalité physique.
Ce que montre cet exemple, c'est que la science ne se contente pas de découvrir la structure objective de la nature. L'explication scientifique de la nature est dans un rapport de dépendance à l'égard des théories.
Limites de la raison selon Pascal
La dernière démarche de la raison est de reconnaître qu'il y a une infinité de choses qui la dépassent.
Pascal
Pensées
1669
Si la raison constitue l'outil principal à la disposition de l'Homme pour élaborer la connaissance, l'une de ses tâches est néanmoins de reconnaître que certains domaines lui échappent. Pascal souligne ainsi que le raisonnement n'est pas tout-puissant : certains pans du réel ne peuvent pas faire l'objet d'une connaissance.