La connaissance des idées
Platon
Platon
La République
IVe siècle av. J.-C.
Platon
Phédon
IVe siècle av. J.-C.
Pour Platon, une entité réelle est celle qui demeure la même dans le temps. Elle constitue l'essence ou l'idée des choses. Platon oppose à cette notion les apparences sensibles, qui changent sans cesse et ne permettent d'accéder qu'à un réel immédiat. Dans sa quête de connaissance, l'homme ne doit donc pas confondre apparences sensibles et entités réelles. Il doit se détourner des apparences sensibles et se limiter à ce qui peut être saisi par la raison : les idées.
La loi des trois états
Auguste Comte
Auguste Comte
Cours de philosophie positive
1830 - 1842
Auguste Comte schématise les progrès de la raison dans ce qu'il nomme la loi des trois états. Selon cette loi, la connaissance théorique passe par trois états successifs : l'état théologique, où l'explication de chaque phénomène se trouve dans la volonté divine ; l'état métaphysique, où la nature est la cause de tout phénomène ; et enfin l'état positif ou scientifique. Dans ce dernier état, on ne cherche plus les causes des phénomènes, mais on tente d'identifier les lois qui les régissent. La question posée n'est plus pourquoi tel phénomène se produit, mais comment il se produit (on s'attache donc à la régularité des conditions de son apparition).
Le caractère fondamental de la philosophie positive est de regarder tous les phénomènes comme assujettis à des lois naturelles invariables.
Auguste Comte
Cours de philosophie positive [Première et Deuxième leçons], Paris, éd. Nathan, coll. "Les Intégrales de Philo" (1989)
1830 - 1842
La conception de la science de Duhem
Pierre Duhem
Pierre Duhem
La Théorie physique. Son objet, sa structure
1906
Si les lois de la nature sont une création de la raison, il n'est plus possible d'affirmer que la raison explique le réel objectivement, c'est-à-dire tel qu'il est réellement. Pierre Duhem soutient ainsi que la théorie physique n'est pas une explication mais un système de propositions mathématiques qui permet d'établir un ensemble de lois pour rendre compte d'un phénomène.
Les limites de la raison
Blaise Pascal
Blaise Pascal
Pensées
1669
Selon Pascal, un des devoirs de la raison est de connaître et d'accepter ses limites, certains champs du réel échappant au raisonnement, comme la foi religieuse. Mais pour lui, l'esprit n'est pas le seul moyen d'accéder à la vérité. L'homme a la faculté de dépasser les limites de la raison et de connaître les choses par l'intuition, ce que Pascal appelle "le cœur". C'est notamment par le cœur que l'homme peut sentir les premiers principes, ceux sur lesquels s'appuie la raison elle-même dans ses démonstrations.
Les faits sociaux
Émile Durkheim
Émile Durkheim
Les Règles de la méthode sociologique
1895
Pour Émile Durkheim, un fait social s'explique toujours par un autre fait social. Ainsi, pour comprendre un comportement social, il faut le voir comme étant le résultat d'un conditionnement socio-culturel.
La cause déterminante d'un fait social doit être recherchée parmi les faits sociaux antécédents et non parmi les états de la conscience individuelle.
Émile Durkheim
Les Règles de la méthode sociologique, Paris, éd. Payot, coll. "Petite Bibliothèque Payot" (2009)
1895
Pour Durkheim, la sociologie est une "physique sociale". Pour expliquer un fait social, il faut donc remonter aux causes de sa production. Souvent, les faits sociaux suivent le principe du déterminisme. Il décrit ainsi les faits sociaux comme des "manières d'agir, de penser et de sentir extérieures à l'individu, et qui sont douées d'un pouvoir de coercition en vertu duquel ils s'imposent à lui".
Ainsi, l'homme ne choisit pas, il subit. Les faits sociaux se produisent indépendamment de sa volonté.
La falsifiabilité
Karl Popper
Karl Popper
La Logique de la découverte scientifique
1934
Karl Popper fait de la "falsifiabilité" le critère de distinction entre science véritable et constructions intellectuelles. Il avance que le propre d'une théorie scientifique est d'être falsifiable.
Avant lui, la pensée dominante est le positivisme logique. Les philosophes disqualifient alors la métaphysique, à laquelle ils assimilent une théorie scientifique qu'on ne peut pas vérifier, ce qui n'a pas de sens puisque la science doit rendre compte de l'expérience.
Popper est du même avis qu'eux, mais il pense que les théories scientifiques ne doivent pas simplement être confirmées par l'expérience ou "vérifiées". La recherche scientifique est faite d'essais et d'erreurs, de "conjonctures et réfutations". Il n'y a que des théories fausses et vraies de façon provisoire (du moins jusqu'à un certain point : Einstein ne contredit pas Newton, mais le "rectifie"). Ce qui importe, c'est qu'une théorie soit réfutable par l'expérience. Si on ne peut au moins imaginer une expérience qui la réfute, ce n'est pas une théorie scientifique.
Des idées audacieuses, des anticipations injustifiées et des spéculations constituent notre seul moyen d'interpréter la nature, notre seul outil, notre seul instrument pour la saisir. Nous devons nous risquer à les utiliser pour remporter le prix. Ceux parmi nous qui refusent d'exposer leurs idées au risque de la réfutation ne prennent pas part au jeu scientifique.
Karl Popper
La Logique de la découverte scientifique, (Logik der Forschung. Zur Erkenntnistheorie der modernen Naturwissenschaft), trad. Nicole Thyssen-Rutten, Philippe Devaux, Paris, éd. Payot (1973)
1934
La raison kantienne
Emmanuel Kant
Emmanuel Kant
Critique de la raison pure
1781
La raison est au cœur de la philosophie kantienne.
Kant affirme qu'il y a trois grandes attitudes de la raison :
- Le dogmatisme
- Le scepticisme
- Le criticisme
Le dogmatisme consiste à rejeter le doute et la critique. On croit fermement en ses idées. La raison est sûre d'elle-même.
Avec le scepticisme vient le doute sur les capacités humaines à connaître le monde.
Le criticisme est une prise de distance sur les idées et pensées.
Pour Kant, la raison désigne tout ce qui, dans la pensée, ne vient pas de l'expérience. Elle peut être :
- Théorique si elle concerne la connaissance.
- Pratique si elle relève de la moralité.
Kant place la raison au sommet de la hiérarchie des facultés. Il affirme toutefois que les idées de la raison (l'âme, Dieu, la morale) ne peuvent pas être expérimentées. Ainsi, l'homme peut faire l'expérience du monde qui l'entoure, car il l'observe. Mais ces observations ne lui permettent pas de comprendre le monde dans sa totalité, d'en faire l'expérience totale. Ce que l'homme appelle "monde" est trop vaste et trop complexe pour qu'il puisse en faire l'expérience réelle. L'homme ne peut savoir si le monde a un début ou une fin, ou si au contraire il est infini dans le temps, ou dans l'espace.
Toutefois, même si sa raison a des limites, l'homme aspire à une connaissance infinie, absolue.