Sommaire
IUne œuvre complexeAL'importance du journal et du romanBUne structure narrative complexeCDes formes narratives variéesIIDes personnages variésAÉdouard et PassavantBLes jeunes gensCLes femmesIIIUn renouveau littéraireALe refus du réalismeBLa place du lecteurCLa réception des œuvresUne œuvre complexe
L'importance du journal et du roman
Selon Gide, les deux œuvres doivent être lues successivement car elles forment un tout. D'ailleurs, peu de temps sépare la parution du roman (1925) et celle du Journal des faux-monnayeurs (la publication du JFM commence le 1er août 1926 en bonnes feuilles dans la revue de la NRF avant une publication complète par Gallimard en 1927). Ce dernier raconte, sous forme de prise de notes, la genèse du roman. Chose très rare, Gide invite les lecteurs à entrer dans le processus de création romanesque. L'illusion n'est plus, il s'agit de montrer comment le roman prend vie, quelles difficultés l'auteur a rencontrées et les choix qu'il a dû faire. Ainsi, nous apprenons par exemple que le roman devait à l'origine raconter l'histoire de deux sœurs. Cet élément a par la suite totalement disparu, seules subsistent les allusions de Gide dans le journal.
Le roman est également formé sur un procédé nommé mise en abyme qui permet d'aborder, par un jeu de miroir, le processus de création du roman à l'intérieur même de celui-ci.
Mise en abyme
Ce terme désigne une construction particulière d'un ouvrage qu'il soit littéraire ou pictural. Il faut que soit inscrit, à l'intérieur de l'œuvre, une image, un motif qui reprend l'œuvre elle-même. Au théâtre, il est courant de parler de "théâtre dans le théâtre" comme le fait Corneille dans L'Illusion comique en 1636.
La mise en abyme est présente dans Les Faux-Monnayeurs à travers le personnage d'Édouard qui est parfois considéré comme le porte-parole de Gide. Ce personnage est lui-même en train d'écrire un roman intitulé Les Faux-Monnayeurs et il s'interroge à de nombreuses reprises sur la création littéraire et sur une nouvelle esthétique. De plus, il note scrupuleusement ses observations dans un carnet, double du journal de Gide. C'est donc une double mise en abyme qui est proposée au lecteur.
Si vous voulez, ce carnet contient la critique de mon roman ; ou mieux : du roman en général. Songez à l'intérêt qu'aurait pour nous un semblable carnet tenu par Dickens, ou Balzac ; si nous avions le journal de L'Éducation sentimentale, ou des Frères Karamazov ! L'histoire de l'œuvre, de sa gestation ! Mais ce serait passionnant… plus intéressant que l'œuvre elle-même…
André Gide
Les Faux-Monnayeurs
1925
Édouard expose ses idées sur le roman tout en justifiant l'existence de son carnet et, par-là même, l'intérêt littéraire du Journal des faux-monnayeurs.
Une structure narrative complexe
Le roman est divisé en trois parties équilibrées se déroulant à Paris, à Saas-Fée puis de nouveau à Paris. Ce roman est très long et très complexe en raison des multiples intrigues et sous-intrigues. Il est ici question :
- D'une double intrigue policière avec le trafic de fausse monnaie organisé par les adolescents et d'une affaire de mœurs sur laquelle enquête le juge Profitendieu.
- D'intrigues amoureuses autour de quatre personnages qui tombent amoureux et se séparent à de nombreuses reprises : Édouard, Laura, Vincent et Bernard.
- Certains personnages sont adolescents et font leurs premiers pas dans la vie adulte ce qui place les lecteurs face à un roman d'apprentissage.
- Enfin, la persécution de Boris donne une touche macabre au roman avec la mise en scène de son suicide.
Les intrigues secondaires s'entremêlent et se mêlent aux intrigues principales, créant une toile de fond devant laquelle les personnages évoluent. Les parents ne jouent pas leur rôle, ce ne sont pas des modèles d'honnêteté ni de fidélité. La pension Vedel-Azaïs, réputée au début de l'œuvre, connaît également une véritable déchéance.
Le personnage de Laura illustre parfaitement la complexité des relations amoureuses de ce roman. Elle est tout d'abord attirée par Édouard mais il s'agit d'un amour platonique et ce dernier finit par la repousser tout en restant proche d'elle. Ensuite, elle se résigne et épouse Félix mais il s'agit d'un mariage de raison et l'amour n'est pas au rendez-vous. C'est donc avec Vincent qu'elle connaîtra l'amour passionnel mais également destructeur car il l'abandonnera alors qu'elle est enceinte. Elle finira, résignée encore une fois, par rejoindre le domicile conjugal.
Un thème est présent en filigrane dans le roman, il s'agit de la fausseté et de l'hypocrisie. Ce thème est d'ailleurs présent dès le titre du roman : Les Faux-Monnayeurs, au sens propre, renvoie au trafic de fausse monnaie organisé par la bande de Strouvilhou. Mais à ce sens premier, il faut associer un sens métaphorique lié au mensonge. En effet, c'est un des problèmes principaux auxquels se trouvent confrontés les personnages :
- Passavant est considéré comme un menteur et un manipulateur. Il est dépourvu d'honnêteté intellectuelle.
- Les personnages ont du mal à avouer leurs sentiments, c'est le cas entre Édouard et Olivier.
- Les époux ne sont pas honnêtes entre eux, les familles cachent des secrets : Bernard découvre par exemple qu'il ne sait pas qui est son père.
Parmi tous les personnages, Édouard sera le seul à se battre et à dénoncer ouvertement l'hypocrisie et les faux-semblants de ceux qui l'entourent.
Des formes narratives variées
Le roman est également complexe en raison des formes narratives employées qui sont très diverses, on parle alors de roman polyphonique.
Roman polyphonique
On parle de roman polyphonique lorsque le récit est relayé par deux ou plusieurs personnages. L'intérêt est que chacun raconte les faits à sa manière, selon son point de vue et avec ses propres mots. Cela permet au lecteur une meilleure vision des événements.
Dans le roman, de nombreux personnages racontent à un moment donné, un événement : Bernard, Olivier, Passavant, Édouard, le pasteur, Vincent, Mme Sophroniska, Douviers, Molinier, Azaïs, Lady Griffith, Armand.
Tout d'abord, contrairement aux romans réalistes, il n'y a pas de narrateur qui prend en charge la totalité du récit. Le narrateur est parfois invisible et omniscient, parfois il intervient directement (participant ainsi à la création d'une illusion romanesque comme à sa destruction). Gide joue donc avec l'instance du narrateur qu'il désacralise comme il le fait avec les personnages.
Ensuite, le lecteur est confronté à la présence du journal d'Édouard, sorte de récit enchâssé, tout comme les lettres que s'échangent les personnages. Les dialogues et monologues intérieurs sont également très présents dans le roman et très intéressants car leur superposition permet d'avoir un éclairage beaucoup plus objectif.
Plusieurs monologues intérieurs de Bernard sont livrés dans le roman. C'est notamment le cas lorsqu'il rencontre Laura pour la première fois.
D'autres formes narratives sont disséminées dans le roman : c'est le cas des commentaires, des notes théoriques prises par Édouard dans son carnet, du journal intime, de la dédicace ou encore du billet.
Des personnages variés
Édouard et Passavant
Édouard et Passavant sont deux écrivains totalement différents. Alors qu'Édouard pourrait incarner le double de Gide, le second campe le rôle d'un écrivain beaucoup plus négatif.
Édouard est un jeune homme ambitieux et passionné de littérature. Occupé à la rédaction de son prochain roman, il n'en est pas cependant à son premier essai mais sa reconnaissance est pour l'instant relative. Il s'attache à théoriser le genre romanesque, il s'interroge et analyse son travail à l'aide de son carnet. Là où la ressemblance avec Gide se termine c'est qu'Édouard ne parviendra pas à terminer son roman. Ce personnage est central car ce n'est pas seulement en tant qu'écrivain qu'il apparaît dans le roman.
Édouard est généreux, attentif, il est soucieux des autres et s'intéresse vraiment à eux. Il est amoureux de son neveu Olivier pour qui il a ressenti les effets du coup de foudre. La déclaration amoureuse n'est pas spontanée, elle témoigne de la difficulté qu'éprouvent les personnages à parler de leurs sentiments et à les avouer. Pourtant, Olivier et Édouard forment le seul couple heureux du roman.
Édouard tisse de nombreux liens avec les personnages, permettant d'assurer une cohérence au roman :
- Édouard est le demi-frère de Pauline, il est donc l'oncle de Georges, Olivier et Vincent.
- Édouard rencontre Bernard grâce à Olivier. Il deviendra son secrétaire.
- Édouard a été pensionnaire dans la pension Azaïs-Vedel où il était proche de Laura. Il entretient également des rapports privilégiés avec le vieux La Pérouse et Rachel et rencontrera ainsi Boris.
Passavant est au contraire quelqu'un de négatif. Comte, il dispose de beaucoup d'argent et d'une renommée importante ce qui lui assure une grande influence. Selon Édouard, ce n'est pas un véritable artiste car il n'est pas honnête, il fait du faux, écrivant ce qui va plaire, faisant en sorte que ses écrits trouvent leur public de lecteurs. Il ne fait aucune recherche stylistique ni esthétique. Il incarne une sorte de faussaire littéraire.
D'un point de vue humain, c'est un homme mauvais et cynique, dépourvu de véritables sentiments et ne s'intéressant pas aux autres. Au contraire, il n'hésite pas à user de son influence pour les manipuler afin d'obtenir ce qu'il désire. Il retire toute fonction éditoriale à Olivier dès lors que ce dernier rejoint Édouard. Enfin, il corrompt financièrement Vincent et a une mauvaise influence sur Olivier.
Les jeunes gens
Bernard et Olivier sont jeunes tous les deux et incarnent les héros du roman d'apprentissage. Ils doivent faire leurs premiers pas dans la vie d'adulte mais leur objectif est très différent.
Olivier est un jeune homme qui recherche avant tout le bonheur. Il apparaît d'abord dans le roman comme "l'ami le plus intime de Bernard". Il est bienveillant à son égard et le protège. C'est lui qui l'héberge lorsque Bernard fugue de chez ses parents. Lorsqu'ils sont séparés, il lui adresse des courriers, prend de ses nouvelles et n'hésite pas à lui faire partager les opportunités qui s'offrent à lui. Hormis avec Bernard, il vit un peu à l'écart des autres, il est plus réservé, plus grave et la découverte de son homosexualité lui apportera quelques réponses sur l'existence.
C'est davantage une découverte intime qui est racontée que les aventures rocambolesques d'un jeune homme. La jalousie qu'il éprouve est montrée comme le moteur de certaines décisions. Lorsqu'il part avec Passavant, c'est parce qu'il est jaloux de Bernard et Édouard. Son ambition est également un moteur le poussant dans les bras de Passavant. Ce dernier sait le manipuler et le faire rêver d'une nomination en tant que rédacteur en chef.
La réconciliation avec Édouard est suivie d'une tentative de suicide à laquelle le roman n'apporte pas de franche explication. Là encore le lecteur doit combler les blancs et en imaginer la raison. Des pistes sont évoquées mais jamais confirmées.
Bernard, l'autre jeune homme du roman, est à la recherche de la vérité. Au début du roman, il découvre un secret familial : il n'est pas le fils légitime du juge Profitendieu. S'ensuit une révolte contre sa famille qui deviendra plus tard une révolte contre la société établie. Le premier effet de sa rébellion est la fugue mais il est également à la recherche d'un sens à donner à sa vie. Il ne veut pas tomber dans les bas-fonds parisiens, il veut devenir quelqu'un. C'est cette quête d'identité qui fait de lui un héros d'apprentissage, et tout comme Olivier c'est au contact de l'Autre qu'il va découvrir qui il est. Sa relation avec Laura lui apprend à se décentrer de lui-même. Plus tard, il écoute les conseils que lui donne Édouard et change.
Cependant, la fin de son aventure est ambiguë car Bernard retourne chez ses parents. Là encore, le roman n'apporte pas de réponse et le lecteur peut à loisir l'interpréter comme un retour aux sources, à ses racines, preuve d'une plus grande maturité ou au contraire y voir un échec, un abandon de ses valeurs.
Les femmes
Les femmes n'occupent pas une place centrale dans le roman, elles sont reléguées à l'arrière-plan, aux côtés de leurs maris. De manière symbolique, elles occupent la place que la société leur a attribuée. Un des points communs qui les unit est l'adultère. Il semblerait que pour connaître l'amour, elles soient obligées de chercher un autre homme que leur mari.
- Lilian est à ce titre la femme la plus libre du roman. Son mari se trouvant en Angleterre, elle a le champ libre et en profite. Toutefois, elle n'est pas aussi libre qu'un homme le serait car elle est obligée de mentir pour les convenances sociales. Vincent doit donc entrer en cachette chez elle. Leur histoire ne connaîtra pas une fin heureuse car ce dernier finira par la tuer.
- Marguerite Profitendieu a elle aussi pris un amant car elle s'ennuyait. De cette relation adultérine est né Bernard. Ce secret a sur elle l'effet d'un poison car à la moindre occasion, son mari lui reproche son écart, la rabaisse ou lui fait des remarques. Elle finira par quitter le domicile conjugal.
- Laura Vedel épousera Félix mais sans l'aimer. Encore déçue de l'échec de sa relation avec Édouard, elle se résigne à conclure un mariage de raison mais elle découvrira l'amour avec Vincent. Ce dernier finira par la laisser alors qu'elle est enceinte, et elle reviendra auprès de son mari.
"J'ai restreint mon bonheur ; d'année en année, j'ai dû me rabattre ; une à une, j'ai raccourci mes espérances. J'ai cédé ; j'ai toléré ; j'ai feint de ne pas comprendre, de ne pas voir." (Pauline Molinier)
André Gide
Les Faux-Monnayeurs
1925
Ici, Pauline Molinier exprime parfaitement le désespoir qu'elle cache aux yeux de tous mais qui la ronge intérieurement. Le sort des autres femmes du roman n'est guère plus enviable : elles sont soit résignées, soit emportées par la folie.
À travers les femmes, Gide critique l'institution du mariage, symbole pour lui d'hypocrisie et de fausseté. La famille n'est pas non plus épargnée et certaines finissent par se désagréger. C'est le cas de la famille Azaïs-Vedel.
Un renouveau littéraire
Le refus du réalisme
L'œuvre de Gide s'oppose frontalement à la littérature romanesque du XIXe siècle pourtant considéré comme l'âge d'or du roman. Il refuse le lyrisme personnel et intime du romantisme, la réalité écrasante des longues descriptions réalistes et l'idée du déterminisme social et héréditaire des naturalistes.
Mais c'est surtout à l'aspect réaliste des romans du XIXe siècle que va s'attaquer Gide. Tout d'abord, l'ancrage spatio-temporel est flou. Rien n'est dit de façon précise, rien n'est décrit de manière écrasante, tout est esquissé, suggéré, la ville de Paris dans laquelle se déroulent deux des trois parties de l'œuvre n'est qu'une toile de fond, car ce qui compte pour Gide, ce n'est pas de représenter la réalité telle qu'elle est vraiment, c'est de "styliser" le réel. Cette conception littéraire, Gide la formule à travers le personnage d'Édouard.
Gide poursuit l'idée d'un idéal qu'incarnerait le "roman pur". Ce roman ne serait plus basé sur les détails mais sur les idées. Il part du principe que plus les personnages, les actions, les décors sont décrits, plus ils imposent une idée figée au lecteur, plus ils s'éloignent de la réalité. La réalité doit correspondre à celle qu'imagine le lecteur.
De plus, au lieu de se focaliser sur les actes, les actions des personnages, sur les événements et ce qu'ils ont produit, Gide préfère se concentrer sur les motivations profondes qui ont conduit les personnages à faire tel choix. Les actions ne sont donc plus au premier plan, ce sont les éléments qui ont permis à cette action d'être accomplie qui retiennent toute l'attention. Il s'agit bien d'un roman complexe basé sur des idées.
Édouard s'interroge également sur cette notion. Il oppose ainsi le "roman pur" au "roman à thèse" et au "roman d'idées". Les deux derniers ont une connotation négative dans la bouche d'Édouard car ils sont jugés trop abstraits, dépourvus d'émotions contrairement au "roman pur" qui contient de nombreux éléments portant sur l'amour, l'amitié, la famille, la fidélité, l'honnêteté et le mensonge.
La place du lecteur
Le lecteur a une place importante dans l'œuvre de Gide qui considère que ce dernier doit être actif et participer à la construction du sens du roman. C'est pourquoi il l'associe à son travail d'écriture par le biais du Journal. C'est aussi pourquoi le roman n'est pas une œuvre reposante qui se lit facilement. La notion d'effort est liée à la réception de cet ouvrage. Il incombe au lecteur la charge de plusieurs actions :
- Remettre les événements dans l'ordre chronologique : les chapitres se succèdent sans suivre forcément la chronologie des faits. Le lecteur doit donc être attentif afin de reconstituer celle-ci, à laquelle viennent se superposer les deux temporalités du journal d'Édouard (l'écriture puis la lecture).
- Imaginer les lieux, les personnages les paysages : en effet, Gide refusant tout réalisme, ces éléments sont seulement esquissés afin de laisser le champ ouvert au lecteur qui doit donc faire preuve d'imagination et créer son propre univers. Le roman est donc individualisé, propre à chaque lecteur.
- Analyser les paroles et les pensées des personnages afin de trouver la vérité : celle-ci n'est pas apportée par un narrateur omniscient, le lecteur doit donc lire entre les lignes et combler les blancs afin de découvrir ce qui ne peut être que sa vision de la réalité.
Au final, Gide ne veut pas d'un lecteur qui subit mais qui agit et se pose des questions. Le roman doit en effet être la source de questionnements et non apporter des réponses fermes et définitives.
Ce n'est point tant en apportant la solution de certains problèmes, que je puis rendre un réel service au lecteur ; mais bien en le forçant à réfléchir lui-même sur ces problèmes dont je n'admets guère qu'il puisse y avoir d'autre solution que particulière et personnelle.
André Gide
Journal des faux-monnayeurs
1927
Gide a donc confiance en son lecteur qu'il pense capable de lire, comprendre et participer à la réception de l'ouvrage. C'est en quelque sorte à lui de terminer le roman que Gide a commencé, en y apportant sa propre expérience.
La réception des œuvres
Gide se doutait que son ouvrage ne recevrait pas un accueil très positif. Par contre, il croit en l'avenir et il est assuré du succès que lui réserve la postérité.
Lors de la parution de son roman, André Gide est en voyage au Congo, il ne compte pas répondre à ses détracteurs. Les principales attaques prononcées à l'encontre du roman s'organisent autour de trois points :
- L'aspect technique du roman est trop complexe : il est qualifié de "touffu". Les nombreuses digressions d'Édouard à propos de l'esthétique romanesque ne plaisent pas.
- L'aspect abstrait et froid du roman : alors que les lecteurs doivent s'impliquer et participer à la construction du roman, pour certains d'entre eux, cela semble impossible à faire car trop peu d'éléments permettent d'intéresser le lecteur et déclencher son imagination.
- L'immoralité des personnages : cela avait déjà été dénoncé dans les romans antérieurs de Gide, l'homosexualité de certains de ses personnages pose problème. Le livre sera même mis à l'index par le Vatican.
Face à ces critiques, Gide est donc plutôt compréhensif, il sait que la modernité de son roman finira par être comprise.
Aujourd'hui, le roman a été réédité à de nombreuses reprises et ce dans le monde entier. Le Journal des faux-monnayeurs, quant à lui, a eu une reconnaissance plus modeste. Ce sont généralement des littéraires dont le roman a attisé la curiosité.