Sommaire
ILa tragédie grecqueIILa tragédie pasolinienneIIILa quête de la véritéIVLes personnages de Tirésias et JocasteVLe thème de la fatalitéLa tragédie grecque
Pour que les dieux s'amusent beaucoup, il importe que leur victime tombe de haut.
Jean Cocteau
La Machine infernale
1932
Cette métaphore de la machine rappelle que les hommes mortels, bien que puissants, restent les jouets ou les marionnettes des dieux. Ces derniers décident de la chute douloureuse et déshonorante de leurs victimes qui accomplissent leur destin dans ces épreuves terribles et horribles qui les souillent. Les dieux ont mis la machine en marche avant même la naissance des personnages et les condamnent à souffrir mortellement jusqu'à leur perte.
Dans Œdipe roi, le héros est au sommet du pouvoir (il est roi), il est heureux dans son mariage et a quatre enfants, de plus il est aimé par son peuple. Au cours de la tragédie, il va tout perdre.
La tragédie pasolinienne
Il y a une énigme dans ta vie. Quelle est-elle ?
Pier Paolo Pasolini
Œdipe roi
1968
L'énigme du Sphinx est différente dans le film de Pasolini de celle du mythe. Elle est plus personnelle et interroge l'identité d'Œdipe en lui faisant comprendre qu'il n'est pas celui qu'il croit être. La réponse de ce dernier est violente : il tue le Sphinx, refusant de résoudre l'énigme.
Lorsqu'Œdipe rencontre Laïos sur la route dans le film, il fait preuve d'une extrême violence à son égard, il semble animé d'une haine subite et viscérale comme s'il savait au fond de lui qui est réellement ce vieillard. Il ne se contente pas de le tuer, il le transperce avec sa lance à deux reprises et s'attaque également à ses gardes. Il ne peut ignorer le fait qu'il s'agissait d'un roi car il portait une couronne.
La quête de la vérité
Hé bien ! je reprendrai l'affaire à son début et l'éclaircirai, moi.
Sophocle
Œdipe roi
Ve siècle av. J.-C.
En promettant de retrouver le coupable, Œdipe, sans le savoir, annonce sa propre perte. C'est le procédé de l'ironie tragique. Le pronom personnel "moi", de forme forte, est mis en relief à la fin de la phrase, détaché par la virgule. Comme si l'affaire était éclairée, de façon inconsciente. La parole est tragique et révèle ici la vérité qu'Œdipe détient, formule mais n'entend pas.
Je me révèle le fils de qui je ne devais pas naître, l'époux de qui je ne devais pas l'être, le meurtrier de qui je ne devais pas tuer !
Sophocle
Œdipe roi
Ve siècle av. J.-C.
La tragédie joue sur un retournement de situation : alors que la lumière doit apporter la vérité, ici la vérité plonge Œdipe dans les ténèbres puisqu'il se crèvera les yeux suite à cette révélation. Le parallélisme des négations semble insister sur la prise de conscience, la révélation d'une histoire personnelle criminelle, "naître, être et tuer". La vérité sur ses origines, fruits de la désobéissance aux dieux, explique l'enchaînement irrévocable de cause à conséquences.
Les personnages de Tirésias et Jocaste
C'est toi ! C'est toi le criminel qui souille ce pays !
Sophocle
Œdipe roi
Ve siècle av. J.-C.
Tirésias refusait de parler car il savait qu'il ne serait pas cru. Toutefois son intervention permet à l'action de progresser puisque suite à cela, l'enquête va prendre une nouvelle direction, celle de la quête personnelle sur les origines d'Œdipe.
Pourquoi es-tu si épouvanté à l'idée d'être l'amant de ta mère, pourquoi ? Combien d'hommes n'ont pas fait, en rêve, l'amour avec leur mère ? Et vivent-ils épouvantés par ce rêve ?
Pier Paolo Pasolini
Œdipe roi
1968
Jocaste justifie ici la relation incestueuse. Mais les propos semblent avoir un sens freudien, et ressemblent à un discours de psychanalyste qui cherche à déculpabiliser, à lever l'épouvante. La citation paraît aussi porter sur l'auto-analyse de Pasolini.
Le thème de la fatalité
Le maudit entre les maudits, l'homme qui parmi les hommes est le plus abhorré des dieux.
Sophocle
Œdipe roi
Ve siècle av. J.-C.
Cette citation souligne qu'Œdipe ne peut pas échapper à son destin, les dieux ont déjà décidé pour lui. La citation souligne aussi la relation entre les hommes et les dieux qui les maudissent tous à divers degrés. Œdipe incarne le pire.
Aucune autre main n'a frappé que la mienne, la mienne !
Sophocle
Œdipe roi
Ve siècle av. J.-C.
Œdipe clame ici son libre arbitre. En clamant sa culpabilité, il semble aussi revendiquer sa pleine volonté, sa pleine indépendance et ainsi démentir sa soumission au joug des dieux. Il nie fermement et orgueilleusement : "aucune autre main n'a frappé".