Au lendemain de l'indépendance de l'Indochine, des troubles éclatent en Algérie. Cette colonie est considérée par les Français comme partie intégrante de leur territoire.
Les combats entre les Français et le FLN sont de plus en plus violents et le recours à la torture est fréquent.
L'indépendance est accordée en 1962.
Le contexte particulier de l'Algérie
La France accorde l'indépendance à l'Indochine en juillet 1954. Pourtant la situation est différente en Algérie :
- L'Algérie, conquise à partir de 1830, est la plus vieille colonie française et une colonie de peuplement.
- L'Algérie a un statut administratif particulier. Elle est considérée comme faisant partie intégrante du territoire national et son administration dépend du ministère de l'Intérieur et non pas du ministère des Colonies. Elle est composée de trois départements.
- Une importante communauté européenne y habite : en 1954, les Pieds-Noirs sont environ 800 000 sur une population totale de 9 millions d'habitants dont la majorité sont des Arabes et des Kabyles, en grande partie des musulmans. Les Juifs représentent environ 150 000 personnes.
- L'Algérie est une société très inégalitaire. Les richesses sont accaparées par la minorité européenne. De plus, le système électoral favorise les Européens et les "autochtones" favorables à l'Algérie française.
- De nombreux Algériens souhaitent l'indépendance. Dès 1945, des émeutes éclatent mais sont durement réprimées, notamment à Sétif et à Guelma, où la répression fait plusieurs milliers de morts.
La guerre d'Algérie
À partir de 1954 commence l'escalade de la violence :
Le 1er novembre 1954, une vague d'attentats touche de nombreux Européens d'Algérie. Ce jour est appelé la "Toussaint rouge". Ces attentats sont revendiqués par le Front de libération nationale, le FLN, qui déclenche ce jour-là la guerre de libération nationale. Se développent alors des actions de guérilla et de terrorisme menées par les "fellagas" (nom donné aux combattants algériens) dans les campagnes, puis dans les villes.
Les pieds-noirs s'opposent radicalement à toute possibilité de négociation de l'indépendance alors que de plus en plus d'Algériens soutiennent le FLN.
Certains Algériens se rangent cependant du côté des Français, ce sont les harkis. De même, certains indépendantistes soutiennent un autre mouvement que le FLN, le Mouvement national algérien (MNA). De violents affrontements opposent aussi les nationalistes algériens entre eux.
La France refuse toute négociation. "L'Algérie, c'est la France, et non un pays étranger que nous protégeons", déclare François Mitterrand, alors ministre de l'Intérieur. La France n'envoie dans un premier temps que des renforts policiers, puis dépêche l'armée à partir de 1956. Celle-ci est composée essentiellement d'"appelés" (Français qui font leur service militaire) et elle intervient dans le but officiel de "maintenir l'ordre". La France ne parle pas de guerre, mais "des événements".
La torture, pratiquée par les deux camps, est passée sous silence par le gouvernement français, notamment lors de la bataille d'Alger en 1957 quand des pouvoirs spéciaux sont accordés aux parachutistes français. L'utilisation de la gégène (générateur électrique portatif détourné pour la torture) par les militaires français est alors courante.
La une du Journal d'Alger au lendemain de la Toussaint rouge
L'indépendance
L'action de De Gaulle aboutit à l'indépendance :
- De Gaulle est appelé au pouvoir en mai 1958 après une tentative de coup d'État en Algérie orchestrée par l'armée et les partisans de l'Algérie française.
- De Gaulle entreprend le processus de décolonisation, qu'il juge inévitable, et déçoit les pieds-noirs, qui s'opposent farouchement à lui (révolte des barricades en janvier 1960 à Alger) et les militaires, qui en avril 1961 tentent un coup d'État. De cette double opposition surgit bientôt l'OAS (Organisation de l'armée secrète) qui organise des attentats en Algérie et en métropole, et qui tente à plusieurs reprises d'assassiner De Gaulle.
- Les négociations aboutissent le 18 mars 1962, à la signature des accords d'Évian entre le gouvernement français et le FLN. Les accords sont ratifiés par référendum en France et en Algérie. L'Algérie devient indépendante.
- Le jour de l'indépendance, des pieds-noirs sont assassinés à Oran et les massacres des harkis commencent. Près d'un million de pieds-noirs et de juifs quittent le pays en urgence. Seuls 42 000 harkis réussissent à s'échapper en France où ils seront parqués dans des camps. Les autres sont massacrés.
- La guerre se termine dans des conditions dramatiques, elle a fait entre 600 000 et un million de victimes.