Sommaire
IUne place plus importante dans la sociétéAUne participation plus forte à l'activité économique du paysBLes progrès de l'éducationIIDes inégalités juridiques et politiques toujours fortesAUn statut toujours inférieur à celui des hommes devant la loiBL'exclusion persistante des femmes de la vie politiqueLa Déclaration des Droits de l'homme et du citoyen du 26 août 1789 proclame l'égalité des droits et accorde aux femmes le statut de citoyennes. Toutefois, elle ne leur accorde aucun droit politique. Le Code civil de Napoléon Bonaparte confirme la domination de l'homme sur la femme, qui demeure mineure à vie. Le XIXe siècle se caractérise par des mutations qui améliorent la place de la femme dans la société. Les progrès obtenus restent cependant limités et ne transforment pas de façon significative le statut des femmes dans la société française. Certaines revendications féministes se font entendre pour obtenir de nouvelles avancées.
Quelle est la place des femmes dans la société française du XIXe siècle ?
Une place plus importante dans la société
La place des femmes dans la société progresse tout au long du XIXe siècle. De plus en plus de femmes exercent un emploi et ne restent plus seulement au foyer. Les filles profitent également des progrès de leur scolarisation, même si l'éducation qui leur est proposée n'est pas identique à celle des garçons.
Une participation plus forte à l'activité économique du pays
Le modèle de la femme au foyer reste important, mais de nombreuses femmes travaillent dans les champs ou dans les ateliers familiaux. Au cours du XIXe siècle, de plus en plus de femmes sont salariées dans les usines ou domestiques afin d'apporter un revenu supplémentaire à la famille.
Les femmes travaillent majoritairement dans le secteur agricole. À la campagne, elles participent activement aux travaux dans les exploitations familiales.
Les femmes participent aux travaux des champs, notamment aux récoltes, et elles sont sur les marchés où elles vendent les produits de la ferme.
Les femmes sont également de plus en plus nombreuses dans les usines, surtout dans le secteur textile.
© Armand Kohl via Wikimedia Commons
L'utilisation des machines à vapeur réduit la nécessité de la force physique et facilite l'embauche des femmes. De nombreuses femmes sont ainsi employées dans les mines de charbon.
De 1806 à 1856, la part des femmes dans l'industrie augmente de 18 % à 27 %.
Enfin, les femmes exercent de plus en plus d'emplois domestiques : femmes de chambre, cuisinières, gouvernantes, etc. Elles sont aussi présentes dans les commerces, notamment dans les grands magasins qui se développent au cours de la seconde moitié du XIXe siècle et exercent des emplois comme vendeuses, dactylos ou demoiselles des postes.
Dans les familles bourgeoises, les femmes ne travaillent pas. Elles restent au foyer, s'occupent de l'éducation des enfants et de la réception des invités de la famille. Certaines animent des salons et participent aux mondanités de la bourgeoisie ou de l'aristocratie.
Si le travail des femmes peut être considéré comme un progrès pour leur place au sein de la société, elles subissent cependant des conditions de travail très pénibles, avec des salaires très inférieurs à ceux des hommes. Des lois sont votées pour alléger leur travail :
- En 1892, le travail des femmes est limité à onze heures par jour et interdit de nuit.
- En 1909, le congé de maternité de huit semaines est créé.
- En 1913, les femmes enceintes obtiennent le droit à un congé.
Le travail des femmes est un bouleversement dans la société. Il crée des débats, de nombreux hommes n'y sont pas favorables. Certains condamnent le travail des femmes qu'ils accusent de concurrencer et de fragiliser les conditions de travail des hommes. Ainsi, en 1898, la Confédération générale du travail (CGT) condamne officiellement le travail des femmes autres que célibataires ou veuves.
Les progrès de l'éducation
Longtemps très en retard par rapport à celle des garçons, la scolarisation des filles progresse au cours du XIXe siècle. Une série de lois leur permet un meilleur accès à l'éducation.
Au début du XIXe siècle, l'instruction des filles est pour l'essentiel prise en charge par des institutions religieuses. Puis, au cours du XIXe siècle, de multiples lois sont votées pour garantir le droit à la scolarisation des filles comme des garçons dans des écoles publiques.
École publique
Une école publique est une école placée sous l'autorité de l'État.
Les lois de Jules Ferry de 1881-1882 rendent l'école gratuite et obligatoire pour tous les enfants, y compris pour les filles.
Environ \dfrac{2}{3} des filles sont scolarisées dans la seconde moitié du XIXe siècle.
Ces progrès restent cependant limités puisque les femmes sont orientées en priorité vers des écoles qui leur enseignent la puériculture et les travaux ménagers, pour leur apprendre avant tout à être des épouses au foyer et des mères de famille. Les écoles pour filles et les écoles pour garçons sont séparées.
« L'école primaire peut et doit faire aux exercices du corps une part suffisante pour préparer et prédisposer en quelque sorte les garçons aux futurs travaux de l'ouvrier et du soldat, les filles aux soins du ménage et aux ouvrages de femme. »
Jules Ferry
Annexe des programmes des écoles primaires publiques
1882
Les femmes qui sont scolarisées dans le secondaire jusqu'au baccalauréat sont encore rares. Celles qui font de plus longues études sont des exceptions :
- Il faut attendre 1861 et 1863 pour voir les deux premières femmes bachelières.
- La première femme médecin est diplômée en 1875.
- La première avocate est diplômée en 1900.
En 1879, une loi oblige chaque département à créer une école pour former des institutrices. Elles sont indispensables puisque seules des institutrices peuvent enseigner aux filles.
1906
Marie Curie, première professeure à la Sorbonne
En 1906, Marie Curie est la première femme professeur à la Sorbonne.
Des inégalités juridiques et politiques toujours fortes
Malgré les progrès dont bénéficient les femmes tout au long du XIXe siècle, leurs droits demeurent très inférieurs à ceux des hommes. Les lois qui définissent leur statut au sein de la famille ou de la société les maintiennent en situation d'infériorité par rapport aux hommes. Elles sont toujours exclues de la vie politique, malgré des revendications féministes qui se multiplient.
Un statut toujours inférieur à celui des hommes devant la loi
Dans la loi, les femmes sont toujours considérées comme inférieures aux hommes. Le Code civil instauré par Napoléon Bonaparte en 1804 place très clairement les femmes en situation d'infériorité.
Sur le plan juridique, les femmes sont placées sous l'autorité de leur père puis de leur mari par le Code civil instauré par Napoléon Bonaparte en 1804.
La liste des injustices qui perdurent à l'égard des femmes est longue :
- Une femme ne peut pas étudier ni travailler sans l'accord de son mari.
- Une femme n'a pas d'autorité légale sur ses enfants.
- Une femme ne peut pas détenir de compte d'épargne avant 1881.
- Une femme ne peut pas retirer de l'argent sans l'autorisation de son mari avant 1910.
- L'adultère, qui est qualifié de délit par le Code pénal, entraîne une amende pour le mari jugé coupable, mais une peine de prison pour la femme.
- Une femme ne peut pas demander le divorce avant la fin du XIXe siècle.
Seules les veuves peuvent jouir d'une certaine indépendance, même si elles restent sous la surveillance d'un conseil de famille.
L'exclusion persistante des femmes de la vie politique
Certaines femmes ont joué un rôle important dans les combats politiques menés au cours du XIXe siècle. Pourtant, les femmes n'ont toujours pas le droit de vote malgré les revendications féministes qui se multiplient. Elles continuent d'être exclues de la sphère politique.
Des femmes ont joué un rôle important durant les périodes révolutionnaires qui ont permis de défendre les droits du peuple :
- En octobre 1789, des milliers de femmes se rendent à Versailles pour faire part au roi Louis XVI de leur colère à cause de la cherté du pain et de la disette.
- En 1791, Olympe de Gouges milite pour la reconnaissance du rôle des femmes et rédige une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne.
- Durant la révolution de 1848, de nombreuses femmes participent au combat pour l'instauration de la république.
- Sous la Commune, Louise Michel est l'une des principales figures du peuple de Paris qui se révolte contre le pouvoir en place qui menace la république.
Pourtant, les femmes ne bénéficient pas des progrès politiques obtenus par le peuple. Elles demeurent exclues du droit de vote et ne profitent d'aucune des avancées obtenues par les hommes, comme le passage du suffrage censitaire au suffrage universel masculin en 1848.
Tout au long du XIXe siècle, les femmes multiplient les revendications pour améliorer leurs droits. On parle de féminisme.
Féminisme
Le féminisme est la volonté de défendre les droits des femmes pour obtenir l'égalité des hommes et des femmes dans la société.
Les revendications prennent de l'ampleur à partir de la mise en place de la IIIe République. Les femmes demandent le droit de vote, mais aussi l'amélioration du droit à l'éducation et une évolution du Code civil pour que les femmes soient davantage considérées comme égales à leurs maris dans le mariage. La IIIe République permet la relance du débat sur le droit de vote des femmes, avec le développement des organisations féministes.
Autorisés grâce à la liberté de la presse garantie sous la IIIe République, des journaux féministes diffusent les revendications des femmes.
- En 1848, Eugénie Niboyet crée La Voix des femmes, un quotidien féministe.
- En 1897, Marguerite Durand crée le journal La Fronde, dont les articles nourrissent les revendications des femmes de l'époque, sur le droit au travail, les salaires des femmes, l'égalité des femmes avec leur mari, etc.
Les femmes n'hésitent plus à créer des associations et à manifester, en particulier pour réclamer le droit de vote.
Eugénie Niboyet crée en 1848 le Club des femmes, qui organise des débats sur les droits des femmes.
Les suffragettes commencent à organiser des actions publiques pour réclamer un suffrage universel. En France, Hubertine Auclert, une journaliste, milite pour la révision du Code civil et le droit de vote des femmes. Elle est membre de l'Association pour le droit des femmes, créée en 1870 et qui devient en 1882 la Ligue française pour le droit des femmes.