Sommaire
IAffirmer sa puissance à partir des mers et des océansALes mers et les océans : des espaces stratégiques dans un système mondialiséBVers une militarisation des mers et des océansIILes enjeux géopolitiques d'une conquête : de la course à l'espace des années 1950 aux premiers pas de l'homme sur la LuneALes débuts de la conquête de l'espaceBL'accélération de la conquête de l'espace pendant la guerre froideCMarcher sur la LuneIIILes nouveaux enjeux et acteurs de la conquête de l'espaceAL'opposition entre Old Space et New SpaceBDe nouveaux enjeuxCDe nouveaux acteursLes espaces maritimes constituent des enjeux majeurs. Ils permettent de relier des espaces terrestres entre eux. L'espace et sa conquête sont également un enjeu majeur. En effet, l'espace permet de relier la Terre à d'autres planètes ou satellites. La conquête des espaces maritimes et de l'espace entraînent donc des rivalités scientifique, technologique, économique, militaire et idéologique entre les différentes puissances.
Dans quelle mesure la maîtrise des espaces maritimes et de l'espace est-elle un enjeu géopolitique majeur aux XXe et XXIe siècles ?
Affirmer sa puissance à partir des mers et des océans
Depuis l'Antiquité, les espaces maritimes sont le fruit d'une exploration et d'une conquête. Ils sont l'objet d'enjeux variés dont notamment l'acquisition de nouvelles richesses et la maîtrise de la circulation internationale. C'est la raison pour laquelle on observe aujourd'hui une militarisation des espaces maritimes.
Les mers et les océans : des espaces stratégiques dans un système mondialisé
Les mers et les océans constituent une source de richesses actuelle et future. Ce sont des espaces de circulation majeurs dans le cadre de la mondialisation. C'est la raison pour laquelle ce sont aujourd'hui des espaces stratégiques au cœur de nombreuses rivalités internationales.
Les espaces maritimes constituent 71 % de la surface de la planète soit 361 millions de km2. Les espaces maritimes sont riches en ressources variées, halieutiques (pêche) et énergétiques.
Les espaces maritimes permettent la pêche de 90 millions de tonnes de poissons dans le monde et représentent 22 % des réserves de pétrole et 30 % des réserves de gaz.
Les espaces maritimes sont également des espaces de circulation.
Entre 80 % et 90 % des échanges de marchandises se font par la mer.
Des routes maritimes majeures traversent les océans Atlantique, Pacifique et Indien. Elles mettent en relation les différents continents et pôles de la mondialisation grâce aux détroits ou aux canaux. Les routes maritimes permettent de réduire les distances et donc d'effectuer un gain de temps et un gain financier.
La mondialisation repose sur la mise en relation des territoires par les mers et les océans, et la mise en valeur sélective des territoires. En effet, tous les territoires n'ont pas les mêmes atouts. Les littoraux sont donc des espaces privilégiés et stratégiques.
À l'échelle mondiale, 25 ports concentrent 50 % des flux.
Les littoraux sont donc des interfaces majeures de la mondialisation.
La hiérarchie des ports mondiaux et son évolution depuis les années 1970 révèlent des mutations économiques mondiales et des grandes puissances économiques. On voit bien le basculement du cœur économique du monde, de l'Atlantique (États-Unis et Europe) vers l'Asie (Japon puis Chine et Inde).
La hiérarchie des ports mondiaux de 1970 à 2020
Rang | 1970 | 1990 | 2020 |
1 | New York (E-U) | Singapour | Shanghai (Chine) |
2 | Oakland (E-U) | Hong Kong (R-U jusqu'en 1997) | Singapour |
3 | Rotterdam (Pays-Bas) | Rotterdam (Pays-Bas) | Ningbo (Chine) |
4 | Seattle (E-U) | Kaohsiung (Taïwan) | Shenzhen (Chine) |
5 | Anvers (Belgique) | Kobe (Japon) | Guangzhou (Chine) |
6 | Belfast (R-U) | Los Angeles (E-U) | Pusan (Corée du Sud) |
7 | Bremerhaven (Allemagne) | Pusan (Corée du Sud) | Hong Kong (Chine) |
8 | Los Angeles (E-U) | Hambourg (Allemagne) | Qingdao (Chine) |
9 | Melbourne (Australie) | New York (E-U) | Tianjin (Chine) |
10 | Tilbury (R-U) | Keelung (Taïwan) | Dubaï (Émirats arabes unis) |
En vert : les États-Unis
En bleu : l'Europe
En rouge : l'Asie
En noir : les Émirats arabes unis
En violet : l'Océanie
Vers une militarisation des mers et des océans
Les mers et les océans sont aujourd'hui de plus en plus militarisés. Pour les États, la militarisation répond à trois objectifs : assurer la souveraineté des ZEE, surveiller les espaces maritimes pour le fonctionnement de l'économie mondiale et intervenir rapidement sur les lieux de crise.
La protection des ZEE et des espaces terrestres repose sur les forces maritimes et les bases navales à l'étranger.
Zone économique exclusive (ZEE)
Une zone économique exclusive (ZEE) est un espace maritime qui longe les côtes d'un État. Elle s'étend jusqu'à 200 milles marins (370 kilomètres).
Les forces maritimes reposent sur l'utilisation :
- de porte-avions ;
- de SNA ;
- de SNLE.
Porte-avions
Un porte-avions est un navire de guerre qui est une véritable base aérienne mobile navale. Il est doté d'une plateforme permettant le lancement et l'atterrissage d'avions. Il est souvent le centre d'un groupe composé d'autres navires et formé autour de lui, dénommé « groupe aéronaval ».
Sous-marin nucléaire d'attaque (SNA)
Le sous-marin nucléaire d'attaque (SNA) est un sous-marin équipé d'un moteur à propulsion nucléaire pour le rendre indétectable et équipé de missiles (non nucléaires) pour détruire des navires ou des cibles terrestres.
Sous-marin nucléaire lanceur d'engins (SNLE)
Le sous-marin nucléaire lanceur d'engins (SNLE) est un sous-marin équipé d'un moteur à propulsion nucléaire pour le rendre indétectable et doté de missiles nucléaires lancés depuis de très grandes profondeurs. C'est le meilleur moyen pour assurer la dissuasion nucléaire.
Les bases navales à l'étranger sont de véritables postes avancés dans le monde :
- Les États-Unis ont une sixième flotte en Méditerranée, Gaète, entre Rome et Naples.
- La Russie a Tartous en Syrie.
- La France a Djibouti et Abu Dhabi.
On assiste à une nouvelle géostratégie maritime mondiale :
- Le Royaume-Uni et la France sont d'anciennes puissances maritimes.
- Les États-Unis sont la première puissance militaire maritime avec 11 porte-avions, 58 SNA et 7 flottes permettant une présence sur tous les espaces maritimes du monde.
- La Chine est en plein essor avec 2 porte-avions, 4 SNLE et 9 SNA.
- La Russie tente de restaurer sa puissance, elle a accès aux mers libres de glace et possède le seul brise-glace à propulsion nucléaire du monde, mais un seul porte-avions.
- L'Inde et le Japon sont des nouvelles puissances.
Les enjeux géopolitiques d'une conquête : de la course à l'espace des années 1950 aux premiers pas de l'homme sur la Lune
La conquête de l'espace commence au début du XXe siècle. Elle est d'abord le fruit d'innovations scientifiques et techniques. Elle s'accélère pendant la guerre froide entre l'URSS et les États-Unis. L'enjeu majeur de la conquête de l'espace est la conquête de la Lune, qui est remportée par les États-Unis en 1969 malgré l'avance de l'URSS au départ.
Les débuts de la conquête de l'espace
La course à l'espace commence dans les années 1920, les premières recherches sont russes. Elle est permise par deux grandes révolutions scientifiques et techniques de la Seconde Guerre mondiale : la fusée allemande et la bombe nucléaire américaine.
Espace
L'espace est le milieu extraterrestre ou cosmos (du grec kosmos : « mise en ordre » d'où le sens de « monde », « Univers »).
Constantin Tsiolkovski, instituteur et professeur de mathématiques russe, est influencé par la lecture de l'ouvrage de Jules Verne, De la Terre à la Lune. Il publie plusieurs ouvrages scientifiques et de vulgarisation comme Plan de l'exploration spatiale en 1926. Il s'agit d'une projection dans un délai de 20 à 30 ans.
Robert Hutchings Goddard, ingénieur américain, invente la 1re fusée à propulsion liquide en 1926.
Fusée
La fusée est un véhicule autonome propulsé par un moteur à réaction (ce que l'on nomme aussi « lanceur »).
La 1re fusée moderne est l'œuvre de l'Allemagne nazie.
Ces avancées technologiques majeures des Allemands ont deux conséquences :
- le missile devient l'arme imparable ;
- l'espace n'est plus inaccessible.
L'accélération de la conquête de l'espace pendant la guerre froide
Les innovations militaires récentes permettent la course à l'espace. Les États-Unis et l'URSS souhaitent démontrer leur supériorité dans ce domaine. La conquête de l'espace est liée à la course à l'armement et au nucléaire.
Les chercheurs allemands ayant permis des avancées technologiques sont convoités par l'URSS et les États-Unis :
- Grâce à l'opération Paperclip (« Trombone »), les États-Unis récupèrent Wernher von Braun, ses meilleurs collaborateurs et des V2 presque complets.
- L'URSS récupère le reste et des V2 incomplets.
L'enjeu n'est pas le même selon les États :
- Les États-Unis ont déjà le monopole de l'arme nucléaire.
- L'URSS accélère ses recherches dès 1947 car elle n'a aucun moyen d'atteindre les États-Unis.
Pour rendre l'arme nucléaire efficace, il faut associer un vecteur (fusée) et une bombe. Cela s'avère encore plus nécessaire avec l'apparition de l'arme thermonucléaire (1952-1953), plus lourde et plus encombrante. Il y a donc une imbrication entre les domaines du nucléaire et du spatial :
- domaines de compétence ;
- équipes ;
- travail en réseaux ;
- défis scientifiques et technologiques.
Les États-Unis et l'URSS n'ont pas la même priorité :
- Pour les États-Unis, la priorité est l'acquisition de données cartographiques pour évaluer les capacités de l'URSS. Ils utilisent donc des satellites pour faire de l'observation.
- Pour l'URSS, il faut combler la distance entre les deux États en développant un missile intercontinental capable de transporter une bombe lourde. En 1957, le premier missile R-7 (« R » pour rocket) est créé.
Marcher sur la Lune
Marcher sur la Lune est au cœur de la conquête spatiale et de la rivalité entre les États-Unis et l'URSS. Au début, l'URSS prend de l'avance. Mais au final, ce sont les États-Unis qui parviennent à envoyer le premier homme qui va marcher sur la Lune en 1969.
Au début, l'URSS a de l'avance sur les États-Unis. L'URSS est la première sur tous les points suivants, ridiculisant les États-Unis :
- Lancement d'un satellite artificiel en 1957 : lancement du satellite Spoutnik.
- Mettre sur orbite un être vivant, le 3 novembre 1957 : mission Spoutnik 2, la chienne Laïka est mise en orbite.
- Lancer une sonde vers la Lune en 1959 : Luna 1 en janvier 1959 à 6 500 km de la Lune, Luna 2 en septembre 1959 qui s'écrase sur la Lune, Luna 3 le 4 octobre 1959 qui passe derrière la Lune.
- Envoyer des êtres vivants dans l'espace et les faire revenir, le 19 août 1960 : mission Spoutnik 5, 2 chiennes, 40 souris, 2 rats et des plantes sont envoyés dans l'espace et en reviennent.
- Faire voyager des êtres humains dans l'espace, le 8 avril 1961 : Youri Gagarine et Gherman Titov sont les premiers astronautes à aller dans l'espace.
- Première sortie dans l'espace en 1965 : mission Voskhod 2.
Le prestige spatial de l'URSS est alors à son apogée.
Toutefois, les États-Unis apprennent de leurs échecs et de leurs erreurs et se rattrapent, ce que l'on perçoit au niveau politique :
- 25 mai 1961 : discours du président Kennedy au Congrès, lancement du programme Apollo qui consiste à envoyer avant la fin de la décennie un homme sur la Lune et le faire revenir sain et sauf.
- 12 septembre 1962 : discours de Kennedy à l'université Rice à Houston, « We choose to go to the moon ». L'espace est considéré comme une nouvelle frontière.
- 1958 : création de la NASA, agence responsable de la majeure partie du programme spatial des États-Unis, lancement du programme Mercury, rôle prépondérant de Wernher von Braun en tant que directeur du centre de vol spatial et concepteur de la fusée Saturn.
Les années 1965 et 1966 sont des années charnières et marquent une série de succès pour les États-Unis :
- 10 expéditions spatiales en 20 mois et 2 000 heures de vol en orbite ;
- construction d'un nouveau port lunaire à cap Canaveral ;
- construction de fusées (Saturn) pouvant transporter une charge de 40 tonnes.
La mission Apollo 8 est un triomphe des États-Unis et une défaite soviétique majeure. Apollo 8 est lancée le 21 décembre 1968 : 2 jours plus tard, la fusée passe derrière la Lune puis, à Noël, elle est mise en orbite à 112 km au-dessus de la Lune. Le retour sur la Terre s'effectue le 27 décembre 1968.
La mission Apollo 11 a lieu en 1969. C'est lors de cette mission que les premiers hommes, Neil Armstrong et Buzz Aldrin, vont marcher sur la Lune.
« C'est un petit pas pour [un] homme, [mais] un bond de géant pour l'humanité. »
Neil Armstrong
C'est un événement d'envergure mondiale. L'alunissage est retransmis pour environ 600 millions de téléspectateurs et d'auditeurs, soit environ 20 % de la population mondiale (3,5 milliards d'habitants). C'est un événement indépassable et une victoire totale des États-Unis.
© Wikimedia Commons
Les nouveaux enjeux et acteurs de la conquête de l'espace
Aujourd'hui, on oppose l'« Old Space » au « New Space ». Si certains acteurs et enjeux n'ont pas changé, on note toutefois l'apparition de nouveaux enjeux (communications en orbite basse, exploration de Mars, etc.) et de nouveaux acteurs (nouveaux pays ou entreprises privées).
L'opposition entre Old Space et New Space
Le New Space n'a de sens qu'en opposition à l'Old Space. Le New Space s'inscrit dans la continuité de la conquête spatiale des années 1950 à 1970. L'espace est un outil de puissance et un enjeu majeur entre les grandes puissances.
Old Space | New Space |
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La conquête spatiale se caractérise toujours par une forte relation entre compétences nucléaires et compétences spatiales, entre programmes militaires et programmes civils. La conquête de l'espace poursuit les quatre mêmes objectifs :
- des objectifs scientifiques : recueil de données et exploration ;
- des objectifs technologiques : construction d'infrastructures d'exploration et de communication ;
- des objectifs économiques : exploitation de métaux rares sur la Lune ;
- des objectifs militaires : surveillance et capacité à se défendre.
Aujourd'hui, la conquête de l'espace reste une manière d'affirmer sa puissance scientifique et technologique, mais aussi médiatique et symbolique.
« La conquête spatiale renforce l'image de puissance d'un État. »
Isabelle Sourbes-Verger, géographe, spécialiste de géopolitique de l'espace et des politiques spatiales
La maîtrise de l'espace est un instrument de puissance et donc un objet de rivalité. Il y a une concurrence entre :
- les États-Unis, dont les capacités sont exceptionnelles ;
- les puissances anciennes (Russie) ;
- les nouvelles puissances (Europe, Chine, Inde).
Rejoindre le cercle très fermé des puissances spatiales est un vrai défi.
De nouveaux enjeux
Le New Space est marqué par de nouvelles conquêtes et de nouvelles utilisations. L'espace est devenu un lieu privilégié pour la communication. Après la Lune, Mars est la nouvelle frontière à franchir.
L'espace présente des atouts non négligeables par sa capacité importante de transport des informations et par la rapidité de la transmission, permettant une réception efficace et globale. Pour l'instant, l'espace représente seulement 1 % du total des communications. Mais l'orbite basse (550-1 200 km) est très prometteuse. Elle permet un débit élevé et un temps de transmission infime dans des domaines variés (transport, finance, défense, jeux vidéo, etc.). C'est donc une garantie d'accéder à Internet dans les zones les plus reculées.
La localisation sur Terre est un autre enjeu avec les systèmes de localisation : GPS (États-Unis), Galileo (Union européenne), GLONASS (Russie), Beidu (Chine).
Aller sur Mars est un objectif qui date des années 1960. Des sondes américaines ont été envoyées vers Mars dès la seconde moitié des années 1960, entre 1964 et 1969. La première, la sonde Viking 1, y a atterri en 1976. Il y a une accélération du mouvement depuis la fin des années 1990.
Les défis sont considérables.
La distance est un des principaux défis : elle varie entre 56 millions et 401 millions de kilomètres et le voyage dure 6 mois.
Certains défis résident dans des difficultés techniques importantes. L'atterrissage nécessite une décélération atteignant 11 fois la gravité terrestre, qui est supportable pour un robot, mais quasi mortelle pour les hommes. La fusée doit être capable de redécoller de Mars. La quantité de carburant doit permettre un aller-retour : les scientifiques s'orientent vers la solution d'en créer sur place. L'exposition des hommes aux radiations solaires et aux rayons cosmiques, supérieurs à la moyenne, seront certainement une source de maladies.
Actuellement, on prévoit d'envoyer une mission humaine sur Mars en 2033. Mais pour l'astrophysicien Francis Rocard, cela n'aura pas lieu avant 2050.
« C'est avant tout une ambition politique, symbolique. […] Non, si les Américains veulent y aller, c'est d'abord pour rester en tête […]. Ils souhaitent montrer qu'ils peuvent le faire, surtout si c'est difficile. Mais cette ambition permet aussi à de nombreux acteurs [l'industrie spatiale] de justifier leur existence »
Francis Rocard
Le Un Hebdo
2021
De nouveaux acteurs
Le New Space est aussi une réorganisation de la hiérarchie des puissances spatiales et le développement d'acteurs privés. Si les États-Unis sont toujours la première puissance spatiale, de nouvelles puissances s'affirment. Surtout, l'arrivée d'acteurs privés met fin au monopole des États, on va vers une privatisation du secteur spatial ou de nouvelles coopérations.
Les États-Unis conservent un leadership spatial mondial et ont pris conscience que l'espace est un enjeu majeur de leur sécurité nationale et de leur défense. Cela a abouti à la création d'un commandement militaire de l'espace en août 2019. Par ailleurs, une mini-révolution est en train de se produire par l'intermédiaire du Space Act de 2015 qui pose clairement une « exploration et exploitation commerciale des ressources spatiales », c'est-à-dire une privatisation de l'espace.
Les États-Unis détiennent 25 % des satellites du monde et 50 % des satellites militaires.
Les États européens bénéficient des avancées françaises et britanniques (1er satellite français en 1965 et britannique en 1971). Il y a par ailleurs une volonté d'indépendance stratégique par la création en 1975 de l'Agence spatiale européenne (ESA) qui regroupe 22 États. Cela a permis la création d'Arianespace.
La Russie reste une puissance spatiale avec son agence Roscosmos. Elle possède une expérience spatiale importante et des lanceurs Soyouz de qualité. Par ailleurs, un projet de coopération sino-russe a été signé au printemps 2021. C'est un accord prévoyant la construction conjointe d'une future station lunaire. Aucun délai de faisabilité n'a été fixé, mais c'est à l'évidence une alternative pour les États qui veulent se lancer dans l'aventure lunaire sans passer par les États-Unis.
La Chine et l'Inde sont les puissances spatiales montantes du XXIe siècle. La Chine, comme dans tous les domaines d'affirmation de la puissance, a investi massivement depuis deux décennies et remporté de nombreuses victoires.
La présence d'acteurs privés n'est pas nouvelle, mais elle est croissante comme le montrent l'arrivée de nouvelles sociétés et le succès de certaines.
Entre 2000 et 2015, les investissements des FTN du numérique ont été massifs : à hauteur de 13 milliards de dollars dans 80 start-up américaines du domaine spatial.
Le marché est devenu concurrentiel en l'espace de dix années.
L'émergence du New Space est une révolution majeure par la naissance du low cost spatial qui engendre un bouleversement de la hiérarchie des sociétés de lancement et de nouvelles formes de relations entre les États et les acteurs privés. SpaceX signe la fin de la dépendance, depuis 2011, des États-Unis envers la Russie pour les lancements.